Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Taken 3
Père : Olivier Megaton
Date de naissance : 2014
Majorité : 21 janvier 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h43 / Poids : 48 M$
Genre : Action, Thriller
Livret de famille : Liam Neeson (Bryan Mills), Forest Whitaker (Dotzler), Famke Janssen (Leonore), Maggie Grace (Kim), Dougray Scott (Stuart), Leland Orser (Sam), Sam Spruell (Malankov), Don Harvey (Garcia)…
Signes particuliers : La fin de la saga. Et de nos maux de tête.
TÉ-KON 3
LA CRITIQUE
Résumé : L’ex-agent spécial Bryan Mills voit son retour à une vie tranquille bouleversé lorsqu’il est accusé à tort du meurtre de son ex-femme, chez lui, à Los Angeles. En fuite et traqué par l’inspecteur Dotzler, Mills va devoir employer ses compétences particulières une dernière fois pour trouver le véritable coupable, prouver son innocence et protéger la seule personne qui compte désormais pour lui – sa fille.L’INTRO :
« C’est ici que tout s’achève » déclame la tagline française de Taken 3. « C’est pas plus mal » aurait-on envie de rajouter juste en-dessous, façon alinéa qui précise les faits, non sans ironie. Le problème dans l’histoire, c’est que si la saga d’action emmenée par l’inoxydable Liam Neeson prend fin, la carrière d’Olivier Megaton, elle, est partie pour durer encore un moment. Pour notre plus grand malheur. On prend les mêmes et on recommence donc, du moins par rapport au deuxième opus, le salutaire Pierre Morel étant trop occupé ailleurs. Luc Besson au scénario et à la production, son tâcheron de service Olivier Megaton à la mise en scène, Liam Neeson en superstar qui défonce du méchant et Maggie Grace, Famke Janssen et Leland Orser qui l’entoure. Seule nouveauté, l’excellent Forest Whitaker qui rejoint la crépusculaire affaire, on se demande encore pourquoi.L’AVIS :
Vous voulez de l’action ? Vous allez en avoir. Vous en voulez jusqu’à satiété ? Vous allez être servi. Vous voulez tout ça dans une banale assiette de cantine sans chichis sans blabla ? Pas de problème. Et bonne nouvelle, Taken 3 n’est pas aussi mauvais que son prédécesseur Taken 2. En même temps, il aurait été difficile de faire pire. Malheureusement, bien qu’il se roule un peu moins dans la fange, ce dernier acte de la trilogie participe un peu plus à sa manière, d’enterrer la saga si bien lancée par Pierre Morel en 2008. On aura beau eu dire (et lire) à l’époque bien des méchancetés, reste que le premier volet aura été rétroactivement réhabilité grâce à ses rudes successeurs/fossoyeurs qui s’échinent à conserver son efficacité mais qui ont été débarrassés du savoir-faire de son auteur en matière de fun régressif bien torché. Hideux de part en part, Taken 2 touchait le fond de la nullité vomitive. Taken 3 remonte le niveau d’un cran. On a moins envie de rendre son déjeuner mais quand même, un petit smecta pour aider à digérer ne serait pas de refus.Shooté avec des moufles polaires à doigt unique qui devaient empêcher Olivier Megaton de pouvoir faire joujou avec les boutons de sa caméra, Taken 3 est un film sadomasochiste qui aime s’auto-flageller en rajoutant des couches de non-sens sur son aspect général déjà pas très beau à voir. A commencer par un montage supervisé par un chef monteur gravement atteint de la maladie de Parkinson et contraint de cliquer sur la touche « cut » de sa table de montage à intervalles réguliers, soit toutes les 3/10eme de seconde environ. Ce qui nous donne un résultat chaotique à faire passer la situation politique du Nigéria pour un modèle de stabilité. On pourrait évoquer une distribution en roues libres qui cabotine comme elle peut pour donner un peu de cœur à l’entreprise mais ça serait se priver du meilleur : la musique signée Nathaniel Méchaly. Horreur sonore à en saigner des oreilles, le score a vite fait d’achever un spectateur condamné à ne pas pouvoir appuyer sur la touche « silence » de sa télécommande. Seconde couche sur le gâteau, les chansons choisies qui fleure bon la mauvaise pop de supermarché. Reste la solution boules Quiès, idéale et performante, qui de toute façon n’impactera pas la compréhension d’un film au script rédigé en vacances entre deux balades touristiques, sans doute aux toilettes d’un restaurant après un dîner un brin trop copieux. Car côté scénario, Taken 3 s’envole dans les hautes sphères de la bêtise à la recherche du dieu de l’ânerie. Le pire, c’est qu’il s’efforce d’aller jouer sur les terres de Fast & Furious (la collision entre une Porsche et un avion, grand moment) en oubliant que la franchise voisine est bâtie sur un grotesque assumé qui fait toute sa force jubilatoire. Ce détail en moins, Taken 3 réussit juste à passer pour le benêt de la classe.
Bref, comme le disait Renny Harlin, on dit donc « au revoir, à jamais » à la saga Taken qui nous laisse sur un dernier acte de bravoure suicidaire, efficace et regardable pour se marrer un bon coup devant les bastonnades d’un Neeson en mode Jason Statham, moins indigent et stupide que le cadet de la famille, mais tout de même sacrément laborieux, royalement crétin (en plus de prendre le spectateur pour un débile congénital) et digne d’un DTV de luxe accumulant les clichés, les improbabilités et les petites touches de surréalismes jetées avec cynisme… ou idiotie, au choix. Rendez-vous sûrement très prochainement pour retrouver Liam je-fronce-les-sourcils-car-pas-content Neeson dans de nouvelles aventures qui dépotent. On demandera juste une chose, sans Olivier Megaton par pitié. Merci. Car entre ses deux sequels de Taken, son Le Transporteur 3, Colombiana ou La Sirène Rouge, on a perdu espoir de le voir signer un jour, un bon film.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux