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SOUL de Pete Docter : la critique du film

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Carte d’identité :

Nom : Soul
Père : Pete Docter, Kemp Powers
Date de naissance : 2019
Majorité : 25 décembre 2020
Type : sortie sur Disney+
Nationalité : USA
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Animation

Livret de Famille : Avec les voix de Omar Sy, Camille Cottin, Ramzy Bedia…

Signes particuliers : Un Pixar en mode mineur.

 

 

LA VIE, LA MORT, ET VICE-VERSA

NOTRE AVIS SUR SOUL

Synopsis : Passionné de jazz et professeur de musique dans un collège, Joe Gardner a enfin l’opportunité de réaliser son rêve : jouer dans le meilleur club de jazz de New York. Mais un malencontreux faux pas le précipite dans le « Grand Avant » – un endroit fantastique où les nouvelles âmes acquièrent leur personnalité, leur caractère et leur spécificité avant d’être envoyées sur Terre. Bien décidé à retrouver sa vie, Joe fait équipe avec 22, une âme espiègle et pleine d’esprit, qui n’a jamais saisi l’intérêt de vivre une vie humaine. En essayant désespérément de montrer à 22 à quel point l’existence est formidable, Joe pourrait bien découvrir les réponses aux questions les plus importantes sur le sens de la vie.

La fin d’année 2020 aurait dû être marquée par l’arrivée du « nouveau Pixar » dans les salles. Mais la pandémie a fait les ravages que l’on connaît sur l’exploitation « cinéma » et Soul a été l’un des premiers gros blockbusters à filer du côté des plateformes, Disney+ en l’occurrence, pour laquelle il est devenu une vitrine et un produit d’appel aux abonnements en masse. Plus que le nouveau Pixar, Soul était surtout le nouveau Pete Docter, l‘artiste phare du studio. Fort des succès de Monstres et Cie, Là-Haut et Vice-Versa, le cinéaste est une valeur plus-que-sûre de la firme à la lampe de bureau et chacun de ses nouveaux efforts est forcément un événement. Avec Soul, Pete Docter nous envoie dans une dimension entre l’ici-bas et l’au-delà. Un musicien de jazz provisoirement reconverti en prof des écoles, décroche son premier contrat de rêve dans un groupe qu’il admire. Sa vie va enfin changer. Malheureusement, un accident l’envoie dans l’antichambre de l’au-delà. Avec l’aide d’une âme sans corps, il va tout faire pour réintégrer le sien, tout en poursuivant une quête sur le sens de l’existence.

Très simplement, Soul est à la vie et la mort ce que Vice-Versa a été aux émotions. Le film s’applique à matérialiser et à mettre en images tous les concepts de la vie, la mort, l’âme, le corps, ce qui nous pousse à vivre et à évoluer dans ce bas-monde, imaginant ainsi un univers symbolique illustrant des concepts que l’on connaît tous. Le défi était très ambitieux pour deux raisons. La première, car il en appelait à pas mal de notions existentialo-spiritualo-philosophiques. La seconde, car il réclamait de créer un vaste imaginaire plastique pour mettre en scène des idées et réflexions abstraites. Pixar et Pete Docter avaient brillamment réussi ce pari sur Vice-Versa… nettement moins avec Soul malheureusement.

La mise en images des idées tout d’abord. L’intangibilité du sujet peine à trouver une expression simplifiée et Soul apparaît souvent assez fumeux dans son approche, comme s’il avait vu trop grand avant de réaliser l’impossibilité de son défi. A tel point que l’on en vient à cesser de vouloir se laisser entraîner dans les méandres intellectualisés de ce monde imagé pour ne s’attarder que sur l’intrigue première, efficace certes, mais fonctionnelle et maladroite dans son élaboration. Si l’histoire est suffisamment calibrée pour fonctionner et si le rythme est mené de sorte que l’on ne s’ennuie jamais vraiment, l’humour et l’émotion eux ont plus de mal à exister. En cause une écriture finalement assez pauvre, pas très inspirée. En fait, Soul manque d’idées, de trouvailles et fait parfois l’effet d’une œuvre passe-plat, déroulant son programme sans génie, sans jamais transcender quoique ce soit.

Le formalisme ensuite. Le film de Pete Docter a quelques idées. Dire qu’elles sont heureuses, c’est un autre débat. On saluera l’audace d’avoir mélangé 2D et 3D, d’avoir tenté des choses déstabilisantes dans un film d’animation moderne. Mais si certains verront une forme de poésie dans la traduction visuelle de cet univers céleste, pas mal de choses trahissent une inspiration et une direction artistique discutable voire en semi-panne.

Fable questionnant l’existence avec un désir d’universalité, Soul semble manquer d’une âme. Ironique vu son sujet. Il semble lui manquer précisément une cohérence globale et une vision d’ensemble sur ce qu’il raconte. Le film n’est attachant que par intermittence mais il paraît souvent inabouti, mal maîtrisé, hésitant à aller au bout des choses car freiné par le trop-plein de grandeur de son sujet sur lequel est poussivement imbriquée une aventure crapoteuse. Enfin, on pourra aussi s’interroger sur le public auquel s’adresse Soul. Clairement, les enfants sont mis hors-course par la complexité théorique de l’entreprise (là où Vice-Versa arrivait à s’adresser à tous malgré une complexité théorique similaire). La marque de fabrique des meilleurs Pixar a toujours été de faire fonctionner les films sur deux niveaux de lecture. Ici, on voit mal comment les plus jeunes pourront adhérer à l’histoire car elle n’a pas la « simplexité » (barbarisme évoqué à l’époque par le producteur de Là-Haut pour définir le travail de Pixar) des meilleures œuvres du studio.

Par Nicolas Rieux

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