La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : Shazam!
Père : David F. Sandberg
Date de naissance : 2018
Majorité : août 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h12 / Poids : 90 M$
Genre : Super-héros
Livret de famille : Zachary Levi, Asher Angel, Mark Strong, Djimon Hounsou, Jack Dylan Grazer, Grace Fulton, Jovan Armand, Ian Chen…
Signes particuliers : Une bonne surprise vraiment inattendue.
PLUS FORT QUE L’APPLI
LA CRITIQUE DE SHAZAM!
Synopsis : On a tous un super-héros qui sommeille au fond de soi… il faut juste un peu de magie pour le réveiller. Pour Billy Batson, gamin débrouillard de 14 ans placé dans une famille d’accueil, il suffit de crier « Shazam ! » pour se transformer en super-héros. Ado dans un corps d’adulte sculpté à la perfection, Shazam s’éclate avec ses tout nouveaux superpouvoirs. Est-il capable de voler ? De voir à travers n’importe quel type de matière ? De faire jaillir la foudre de ses mains ? Et de sauter son examen de sciences sociales ? Shazam repousse les limites de ses facultés avec l’insouciance d’un enfant. Mais il lui faudra maîtriser rapidement ses pouvoirs pour combattre les forces des ténèbres du Dr Thaddeus Sivana…
A l’origine, il s’appelait Captain Marvel. Puis il a été racheté par DC Comics qui a changé son nom pour en faire Shazam. Voilà pour le micro point d’histoire. Passons en 2019. Pendant que Marvel cartonne au cinéma, engrange des super-dollars et continue d’étendre son Cinematic Universe jusqu’à en donner le vertige, le concurrent DC tente encore d’élaborer le sien avec la maladresse d’un apprenti qui tâtonne. Et « ironie quand tu nous tiens« , alors que l’ogre Marvel vient justement de lancer avec succès sa Captain Marvel, DC sort… Shazam!. Un super-héros pas super-vendeur, qui débarque à l’heure où il serait franchement temps de commencer à montrer un embryon de stratégie dans le sillage du carton monstrueux du sympathique nanar bodybuildé qu’était Aquaman. Fruit d’une longue genèse qui a vu passer de nombreux scénaristes, acteurs et réalisateurs, Shazam! atterrit dans un contexte étonnant. Alors que les super-bonhommes en collants ont la côte comme jamais auprès du public, on a presque l’impression que pas grand-monde ne s’intéresse au film du talentueux David F. Sandberg (Dans le Noir) emmené par Zachary Levi. Comme s’il était précédé d’une étrange indifférence là où le moindre ersatz d’Avengers provoque l’hystérie. A juste titre ?
Honnêtement, on ne demandait pas grand-chose à ce Shazam!, qui paraît complètement déconnecté des grands super-héros en vogue. Loin d’être un personnage fort et ultra-attendu style Superman, Iron Man ou Captain America, Shazam! avait une seule mission pour s’extraire du bourbier de sa sous-médiatisation, se montrer le plus fun possible pour compenser et faire fonctionner le bouche à oreille. N’ayant pas le poids d’une attente fébrile à supporter sur ses épaules, le fun aurait amplement suffi pour porter le film de Sandberg vers le rivage de l’acceptable. Bonne nouvelle, le fun répond présent. Et ironie du sort, la magie de Shazam! a fonctionné précisément sur l’un des plus gros défauts des films DC ! Depuis un bon moment, on reproche au studio et à son DCU de manquer d’une vision globale cohérente, qu’elle soit narrative, esthétique ou thématique. Et depuis quelques temps, DC profite avec chance de cette tare involontaire de ne pas réussir à créer quelque chose de cohérent, au point de commencer à en faire une force improbable. Les films s’enchaînent et se dispersent dans tous sens, sans que se monte un univers identitaire marqué. Mais le contrecoup est qu’à force de ne pas se ressembler, ils ont chacun une identité différente les uns par rapport aux autres, qui donne une originalité bordélique mais constante là où Marvel semble couler la grande majorité de ses productions dans le même moule préfabriqué. Après un Wonder Woman efficace et féministe puis un Aquaman au charme nawako-grotesque délirant, place à un Shazam! qui verse davantage dans la pure comédie, à la lisière de l’auto-parodie du genre. Visiblement, DC commence à piger l’un des principes des Marvel et commence à copier un peu, n’hésitant pas à s’inspirer de l’esprit de Thor Ragnarok ou des Gardiens de la Galaxie pour l’alliage de fun et de ton très porté sur le second degré. Une chose est sûre, du début à la fin, on se marre pas mal devant cette joyeuse cocasserie qui utilise généreusement les codes du genre pour plaisanter avec lui. L’histoire de ce gamin qui se retrouve dans un corps d’adulte surpuissant du jour au lendemain, c’est comme la rencontre entre Big et Superman, le tout avec un zeste d’esprit eighties, du genre les Goonies.
Super spectacle frais, enlevé et très réjouissant, simple dans l’approche mais efficace dans le résultat, Shazam! n’est pas exempt de défauts comme d’énormes facilités ou incohérences de scénario, de grosses longueurs dans son dernier tiers (2h12 selon la police, 2h40 selon les manifestants), quelques entorses aux comics qui déplairont peut-être aux puristes, ou encore un méchant un peu sacrifié sur l’autel de la marrade. Justement, sur ce dernier point, parce que Sandberg est parti dans une option résolument « comédie d’action légère », son film pourra perdre parfois en pur éclat super-héroïque. Mais qu’importe, ce qu’il perd d’un côté, il le regagne de l’autre. Shazam! parvient à maîtriser sa grande aventure initiatique et se montre sacrément généreux et divertissant, en plus d’être plaisant pour son essence qui sort un peu des sentiers battus du film de super-héros traditionnel. Le capital sympathie des comédiens est le petit plus qui aide.
Et puisque l’on parle des comédiens, c’est l’occasion de glisser un mot sur le cas Zachary Levi. Un acteur pas méga-vendeur pour incarner un super-héros pas méga-vendeur. Vous êtes sûr de vous les gars chez DC ? Sauf que le pari audacieux d’un film sans grosses stars (Mark Strong se retrouve presque à être la caution « célébrité » de l’affaire) s’avère finalement payant. Avec sa tête endimanchée d’acteur de seconde zone des années 60 (ce qui collait parfaitement pour Chuck et surtout Mrs Maisel), on avait de fort doute sur la capacité de Levi à jouer les super-héros. Sauf que Shazam! n’est pas un super-héros classique et que le film vise justement l’improbable et le grotesque comique. Dès lors, l’expressivité forcée, ringarde et parfois un peu benêt du comédien devient finalement l’atout parfait pour incarner la dichotomie hilarante de ce gamin dans un corps d’adulte. Délicieusement old school dans l’âme mais en revanche très propre techniquement, Shazam! est un petit plaisir coupable auquel on ne se s’attendait franchement pas. Un film très drôle, très efficace, très rythmé, parfois émouvant et globalement original. On passe franchement un bon moment devant pareil délire à la modestie rafraîchissante qui est autant un pur film de super-héros qu’un pur anti-film de super-héros. Sûrement sa force finalement, cette capacité à jongler et à évoluer loin de ce que l’on a coutume de voir en rafale chaque année. Ah, et cela dit comme chez Marvel, restez bien jusqu’à la fin pour les deux scènes post-générique, la première qui tease et la deuxième qui fait rire.
LE BLU-RAY DE SHAZAM !
Il est très loin le temps où les éditions DVD pondues par Warner laissaient franchement à désirer avec des plâtrées pixellisées de la taille de l’Arc de Triomphe. Depuis l’avènement du Blu-ray et de la Haute Définition, le distributeur s’est mis à la page question technique et édite généralement des galettes HD très propres. Celle de Shazam ne fait pas exception. Image d’une netteté impeccable avec zéro faille ou fléchissement, son Dolby Atmos-True HD en VF et Dolby Atmos Digital+ en VO (pour les mieux équipés) ou Dolby Digital 5.1 pour les autres, le Blu-ray envoie le bois aussi bien visuellement qu’acoustiquement pour notre plus grand plaisir.
Et pour les amateurs de suppléments ? Warner n’a pas lésiné sur les bonus avec profusion de modules divers et variés pour accompagner le film. Des modules essentiellement orienté promotion pour la plupart avec du classique à la pelle et quelques petites surprises que l’on aime bien : making of, scènes alternatives, bêtisier (toujours sympathique un bêtisier), un module axé sur Zachary Levy en immersion sur le plateau, les auditions des comédiens (ça aussi on aime en général), des scènes coupées (1-2 seulement attirent l’attention), un sujet sur les origines de Shazam et enfin, un comics animé exclusif qui ravira les fans. Bref, de quoi faire, ou regarder plutôt, et prolonger la soirée découverte ou redécouverte du film.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux