Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Sacco & Vanzetti
Pères : Guiliano Montaldo
Date de naissance : 1971
Majorité : 10 décembre 2014
Type : Sortie en DVD, Blu-ray
Nationalité : Italie, France
Taille : 2h04 / Poids : NC
Genre : Drame, Biopic
Livret de famille : Gian Maria Volonté (Bartolomeo Vanzetti), Riccardo Cucciolla (Nicola Sacco), Cyril Cusak (Frederick Katzmann), Rosanna Fratello (Rosa), Geoffrey Keen (Juge Thayer), Milo O’Shea (Moore)…
Signes particuliers : Un chef du cinéma italien inoubliable vient de paraître pour la première en Blu-ray dans une version restaurée.
HERE’S TO YOU NICOLA AND BART… THE AGONY IS YOUR TRIUMPH
LA CRITIQUE
Résumé : Massachusettes, avril 1920. Deux employés d’une manufacture de chaussures perdent la vie suite à un braquage qui tourne mal. La police met rapidement la main sur deux suspects : Nicola Sacco, cordonnier, et Bartolomeo Vanzetti, marchand de poissons, tous deux Italiens anarchistes. Le procès a lieu quelques mois plus tard et la sentence tombe : les deux hommes sont condamnés à mort. Ils font néanmoins appel, espérant que le manque de preuves et les approximations des témoins feront basculer la prochaine sentence en leur faveur… L’INTRO :
C’est un chef d’œuvre du cinéma italien des années 70 qui sort pour la première fois en Blu-Ray sous le label Carlotta, à partir d’une copie entièrement restaurée. Sacco et Vanzetti de Guiliano Montaldo retrace l’affaire judiciaire du même nom (celui des deux victimes concernées) qui défraya la chronique américaine et mondiale des années 1920. Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti étaient deux anarchistes italiens émigrés dans le Massachussetts. Victimes de leurs convictions dans un climat politique suffocant sur fond de peur du communisme, ils seront exécutés en 1927 pour une série de braquages sans que leur implication n’ait pu être clairement prouvée, alors érigés en bouc émissaire d’une période troublée ayant besoin d’un ennemi à désigner. Sacco et Vanzetti appartient à ces classiques du septième art que l’on découvre ou redécouvre avec une émotion toujours aussi forte.L’AVIS :
Plus qu’un biopic historique minutieux sur une affaire judiciaire tragique devenue aussi célèbre qu’emblématique des grands procès à controverse de l’histoire moderne (aux côtés de l’Affaire Dreyfus et quelques autres), Sacco et Vanzetti est avant tout un film engagé, fermement ancré au sein d’un courant du cinéma italien des années 70, celui du « réalisme politique ». Si Montaldo livre un portrait fidèle et très documenté, retraçant pas à pas l’histoire de ces deux hommes portés en symbole de la lutte pour ses convictions à travers le récit poignant d’un simulacre de justice, Sacco et Vanzetti a cette intelligence des grands films de s’ouvrir sur autre chose, plutôt que de tourner vainement autour de sa seule chronique. En l’occurrence, le film de Montaldo ne cherche pas faire la démonstration d’une culpabilité supposée ou d’une erreur judiciaire criante, mais plutôt de se muer en fable magnifique et universelle contre l’intolérance, contre le totalitarisme, contre l’aveuglement, contre les dangers de la corrélation entre justice et pouvoir politique. Autant de thématiques importantes dans une Italie des années 70 marquées elle-aussi par une forte instabilité étatique.
Sacco et Vanzetti nous plonge littéralement dans le calvaire vécu par ses « héros » attachants. Deux hommes condamnés pour leurs convictions politiques dans une Amérique en proie à un climat chancelant, à la paranoïa face à la montée du « virus communiste » et de la « peur rouge ». Bouleversant, puissant, porté à bout de bras par son exceptionnel duo de comédiens (Riccardo Cucciola récompensé à Cannes en 1971 et Gian maria Volonte) et guidé par un Montaldo qui aura touché la grâce cinématographique avec une mise en scène alliant lyrisme tragique et pureté diégétique frissonnante, Sacco et Vanzetti est une œuvre forte, inoubliable, au moins autant que le thème magistral d’Ennio Morricone adjoint à la voix de Joan Baez pour la désormais fameuse balade Here’s to you, Nicola and Bart, chanson d’une tristesse à tirer les larmes et magnifiant l’agonie de deux pauvres âmes écrasées par la machine de l’injustice, qui les aura broyés dans l’histoire du moment. Sublime.
LE TEST BLU-RAY
Pour sa première édition en Blu-ray, Sacco et Vanzetti se dévoile dans un nouveau master restauré haute définition, de toute beauté. Le chef d’œuvre de Guiliano Montaldo fait peau neuve et arbore une image sublime, qui a le mérite à la fois de donner de l’éclat à l’image tout en conservant le grain si singulier cher à la photo du film. On est dans une quasi-perfection technique, seulement atténuée par le travail sur le son qui ne suit pas totalement celui entrepris sur l’image. Rien de honteux cela dit, avec de solides pistes DTS-HD Audio 1.0 mais un mixage qui aurait pu être davantage peaufiné.
Ce n’est pas une nouveauté mais Carlotta Films a toujours su soigner ses éditions phares. Et celle de Sacco et Vanzetti en est une. Deux bonus de prestige viendront donc compléter le met, déjà de choix, qu’est le film. D’abord, Triomphe de l’Agonie, un entretien exceptionnel de 32 minutes avec le réalisateur Giuliano Montaldo, qui revient sur la genèse, le tournage et la réception du film. Le cinéaste y explique la corrélation entre le récit historique qu’il narre et la situation de l’Italie de l’époque où le film a été réalisé. Enrichi d’images d’archives et d’extraits pertinents du film, l’entretien est aussi passionnant sur le fond que fort en anecdotes (on y apprend par exemple que le producteur souhaitait Yves Montand en lieu et place du primé Riccardo Cucciola afin de satisfaire les coproducteurs français). On se délecte en tout cas de l’analyse de Montaldo, de la bienveillance avec laquelle il parle de ses comédiens… Second entretien non moins exceptionnel, une interview de 20 minutes avec le maître italien Ennio Morricone qui revient sur sa composition entrée dans la légende ou sa collaboration avec Joan Baez, interprète du thème sublime Here’s to You.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux