[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Red Sparrow
Père : Francis Lawrence
Date de naissance : 2018
Majorité : 04 avril 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h21 / Poids : NC
Genre : Thriller, Espionnage
Livret de famille : Jennifer Lawrence, Joel Edgerton, Matthias Schoenaerts, Jeremy Irons, Charlotte Rampling, Ciaran Hinds…
Signes particuliers : Un pur film d’espionnage dans la grande tradition du genre.
JENNIFER LAWRENCE EN ESPIONNE
LA CRITIQUE DE RED SPARROW
Résumé : Une jeune ballerine, dont la carrière est brisée nette après une chute, est recrutée contre sa volonté par les services secrets russes. Entraînée à utiliser ses charmes et son corps comme des armes, elle découvre l’ampleur de son nouveau pouvoir et devient rapidement l’un de leurs meilleurs agents. Sa première cible est un agent infiltré de la CIA en Russie. Entre manipulation et séduction, un jeu dangereux s’installe entre eux.
Avec Red Sparrow, thriller d’espionnage qui nous entraîne dans les sombres couloirs d’une Russie qui n’en a pas complètement fini avec la guerre froide contre leurs ennemis américains, le réalisateur Francis Lawrence retrouve sa muse Jennifer Lawrence, trois ans après la fin de la saga Hunger Games. Espions, taupes et agents doubles fricotent dans ce film aux ambitieuses 2h15, qui déploie une vaste toile d’araignée visant à piéger le spectateur dans une intrigue captivante. Matthias Schoenaerts, Jeremy Irons, Joel Edgerton, Charlotte Rampling ou encore Ciaran Hinds complètent la distribution, derrière une Jennifer Lawrence qui va jouer de ses charmes comme jamais pour incarner une ballerine du Bolchoï dont la carrière s’est brisée net après un accident sur scène. Recrutée de force par les services secrets russes pour devenir un « moineau », elle va apprendre à utiliser son corps comme une arme avant d’être expédiée vers une première mission complexe dont le but est de démasquer une taupe infiltrée dans les arcanes du Kremlin en se rapprochant d’un agent de la CIA.
Solidement codifié et mené avec un grand sérieux et une complexité scénaristique digne du genre, Red Sparrow capitalise sur sa filiation avec les purs films d’espionnage à l’ancienne et sur un scénario dense avec des rebondissements réguliers calés de manière métronomique pour générer un suspens aiguisé et maîtrisé. Emmené par une excellente Jennifer Lawrence qui met beaucoup de cœur (et de corps) à l’ouvrage à défaut de livrer la meilleure performance de sa carrière, tous ces éléments réunis conduisent le film vers une efficacité certaine, qui lui permet de passer outre quelques longueurs indéniables et des petites complications narratives qui font que l’on ne comprend pas toutes les subtilités d’une intrigue emberlificotée, tout en saisissant néanmoins l’idée générale. Dans tous les cas, Red Sparrow multiplie les fausses directions et les ressorts manipulateurs pour brouiller les pistes et surprendre sans cesse un spectateur agrippé à un film à suspens conduit avec application par l’honnête faiseur qu’est Francis Lawrence, lequel n’hésite pas à travailler son image en jouant avec des couleurs froides pour conférer une ambiance austère à une aventure teintée de tragédie, cousue de manière assez classique mais minutieuse dans son orchestration.
Politiquement très partisan, l’idéal libertaire américain y affrontant l’horreur d’une Russie très dictatoriale (Poutine appréciera), Red Sparrow est assez manichéen dans son approche -cela dit pas plus que le Spielbergien Pont des Espions– mais au-delà de sa représentation bipolaire où deux visions du monde s’affrontent, il est avant tout un bon thriller sous tension, fait d’aventures, de manipulations, de trahisons, de pressions et de violence, le tout couronné d’un parfum de sensualité romanesque. Tout n’est pas toujours très crédible ou finement amené (à l’image de la relation entre les personnages ou de certains effets théâtraux) mais à défaut d’être virtuose et ultra-sophistiqué façon La Taupe et autres, Red Sparrow fait le boulot et maintient le bon cap en suivant le fil de ses coutures très apparentes, sans chercher l’action à outrance pour répondre à la mode, lui privilégiant plutôt une volonté de jouer avec les interactions opaques et la paranoïa du monde sournois des espions.
BANDE ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
Je trouve cette critique très juste et vraiment digne d’intérêt. Merci, car j’avais quelques difficultés à comprendre les enjeux du film, et je vois d’ailleurs que certains éléments qui m’avaient gêné ont soulevé des interrogations chez d’autres. Je reste pourtant quelque peu surprise par le fait que vous qualifiez l’intrigue de « manichéenne ». Ce terme désignant, pour moi, l’opposition explicite du bien et du mal, il n’est certes pas difficile de trouver des « méchants », je ne sais cependant pas si l’on peut qualifier Dominika de « gentille », car son attitude manipulatrice reste assez éloigné des héros habituels !