Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Exeter
Père : Marcus Nispel
Date de naissance : 2015
Majorité : 07 août 2015
Type : Sortie vidéo
(Editeur : Seven7)
Nationalité : USA
Taille : 1h31
Poids : NC
Genre : Horreur
Livret de famille : Stephen Lang (Père Conway), Brett Dier (Brad), Brittany Curran (Reign), Gage Golightly (Amber), Kevin Chapman (Greer), Kelly Blatz (Patrick), Nick Nordella (Drew), Michael Ormsby (Rory), Nick Nicotera (Brian)…
Signes particuliers : On s’est même posé la question de savoir s’il ne s’agissait pas d’un homonyme du vrai Marcus Nispel mais non, c’était bien lui.
LE CINÉASTE MARCUS NISPEL EST DEMANDÉ À L’ACCUEIL…
LA CRITIQUE
Résumé : Lors d’une soirée, six adolescents trouvent un vieux disque vinyle et décident de le jouer à l’envers, dans l’espoir de découvrir un message subliminal. Un esprit diabolique fait alors son apparition et crée de nombreux dégâts en voguant d’un corps à un autre. Mais il semblerait que l’esprit veuille faire parvenir un message aux adolescents, pour les prévenir d’un danger beaucoup plus proche…L’INTRO :
Il s’était fait un peu discret ces temps-ci l’ami Marcus Nispel. En même temps, il y avait de quoi vu le reboot calamiteux de Conan qu’il nous avait servi en 2011 et dont on ne s’est pas vraiment remis. Bref, sorti par la petite porte, le cinéaste revient par la fenêtre avec Exeter, rebaptisé Projet 666 en France et également connu sous le titre de Blackmask. Un film produit par l’inénarrable et omniprésent Jason Blum, qui parallèlement à ses nombreux projets avec de jeunes cinéastes débutants ou presque, aime s’offrir de temps à autre, quelques collaborations avec des noms un peu plus ronflants. Après Barry Levinson ou Rob Zombie, c’est au tour donc de ce cher Nispel de bosser sous l’égide du pape de l’épouvante à bas coût. Au passage, le réalisateur oublie un peu les grosses fresques pseudo-épiques et revient à ce pourquoi il n’a jamais été foncièrement mauvais dans le fond : le cinéma de genre. Plus précisément, le cinéma de possession cette fois-ci, avec tout le bazar qui va avec. Un prêtre qui cache des trucs, un ancien pensionnat psychiatrique pour malades mentaux où il s’est passé des trucs « chelou », un fantôme qui vient chercher des noises à une bande de post-ados débiles venus y faire la fête sous exta et alcool. On nage en plein dans un océan de clichés mais après tout, pourquoi pas, tant que c’est efficace et qu’on y trouve notre compte…L’AVIS :
Le problème, c’est justement qu’on n’y trouve pas du tout notre compte. Le problème, c’est que l’on est vite épris d’une envie de chanter « SOS d’un terrien en détresse » en hommage à un Macus Nispel que l’on a complètement perdu, sur ce coup là. Sérieusement, qu’est-ce qu’il t’est arrivé mon p’tit bonhomme, tu vas pas bien en ce moment ? T’as des ennuis ? Tu veux en parler ? Injustement critiqué jusque-là pour son travail sur certains reboot de classiques de l’horreur qui, au demeurant, étaient soit plutôt bien troussés (Massacre à la Tronçonneuse) soit même carrément bandants (Vendredi 13), Marcus Nispel signe cette fois une bisserie qui lorgne furieusement vers la zéderie à peine digne de postuler à un emploi sur le marché du DTV. A ce rythme là, l’ancien clippeur pourrait bien n’avoir plus aucune carrière à défendre.Gros mix gigantesque et nanardeux de plein de films et de plein de registres, qu’il reboutique dans un resucé géant piochant dans tout ce qui marche en ce moment (Grave Encounters en premier lieu) mais aussi dans l’almanach du genre avec L’Exorciste ou Evil Dead, ou encore dans le cinéma de possession, d’exorcisme, de fantômes, de zombie, dans le slasher et le surnaturel en général… Projet 666 est un gros n’importe quoi tellement shooté aux acides bon marché, qu’il ne tient pas du tout sur ses jambes toutes flagada et déambule le cerveau cramé par la saloperie qu’il essaie de nous vendre. En gros, un pseudo revival de l’épouvante efficace dosé au fun, à l’humour noir et aux montées de flippe. Sauf que Projet 666 n’est jamais tendu comme un string, jamais assez second degré pour qu’on ne le prenne pas au sérieux, jamais terrifiant car trop mauvais pour cela… Script construit à la truelle par un maçon du dimanche payé au black (en réalité le scénariste responsable du désastre Texas Chainsaw Massacre 3D), technique d’une pauvreté à faire passer le Malawi pour un Etat se vautrant dans l’opulence, aucun sens de la progression narrative, aucun ménagement dans l’écriture, les mêmes plans de coupe à répétition, Projet 666 avance à mille à l’heure, ne se pose aucune question niveau plausibilité ou cohérence, multiplie les faux raccords et les couches de nullité, et trace tout droit, tant pis si c’est dans un mur. Pas de bol, c’était bien un mur, le machin en béton juste devant lui. Le dernier méfait de Nispel s’y écrase avec perte et fracas (surtout fracas, perte s’était déjà tiré de panique depuis un moment) et l’on ne peut que constater les dégâts : il n’y a strictement rien à sauver dans cette entreprise en mille morceaux.Visant le jump-scare à gogo sans se préoccuper un minimum de son histoire, Projet 666 est une sorte de vomi horrifique, à deux doigts de la parodie s’il n’était pas aussi sérieux dans sa démarche qui pourtant essaie de nous faire gober qu’elle ne l’est pas. Toute la maîtrise habituelle du cinéma de Nispel avait déjà sérieusement morflé avec Conan, elle a définitivement pris la tangente avec Projet 666, sans doute l’un des top navet de l’année, côté DTV. Comme quoi, dès fois, revenir à des œuvres plus humbles n’est pas forcément la solution pour se sortir de l’impasse. Nispel creuse sa tombe et s’enterre tout seul, comme un grand (enfin non, un peu aidé par Jason Blum quand même). Maintenant, va falloir trouver un moyen d’oublier le film. Déjà, on va commencer par se laver les yeux à l’acétone, on verra pour le reste après.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux