Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Arrival
Père : Denis Villeneuve
Date de naissance : 2016
Majorité : 07 décembre 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h56 / Poids : 50 M$
Genre : SF
Livret de famille : Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker…
Signes particuliers : Présenté en avant-première au Comic Con de Paris, le nouveau chef d’œuvre de Denis Villeneuve.
RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE
LA CRITIQUE DE PREMIER CONTACT
Résumé : Le monde a été envahi par des extraterrestres. Le gouvernement américain embauche alors un linguiste afin qu’il déchiffre leur langage et découvre leurs intentions.
C’est probablement l’un des cinéastes les plus brillants du moment. Du genre que l’on se régale à suivre tant sa filmographie regorge de trésors placés sous un éclectisme fascinant. Denis Villeneuve est toujours là où on ne l’attend pas, et ses longs-métrages s’enchaînent avec une certaine conception kubrickienne du cinéma, où comment s’atteler sans cesse à des projets tous très différents les uns des autres. Ses premières œuvres (Un 32 Août sur Terre ou Maelström) ne ressemblent en rien à Incendies, son premier grand chef-d’œuvre. De même, Incendies ne ressemblait en rien à ses premières incursions hollywoodiennes (Enemy et Prisoners), pas plus que Sicario n’avait à voir avec ces dernières. Denis Villeneuve aime à changer de registre en permanence et l’on a hâte de voir ce que le canadien va faire de la patate chaude Blade Runner 2049, projet casse-gueule par excellence. En attendant, il se frotte d’ores et déjà à la science-fiction avec Premier Contact, alias Arrival en version originale.Oui, Denis Villeneuve est l’un des plus grands génies du cinéma actuel et il prouve une fois de plus l’immense étendue de son talent avec Premier Contact, faux blockbuster de science-fiction qui réussit l’exploit de sacrifier le spectacle à l’intelligence, sans pour autant basculer dans le film d’auteur intensément ennuyeux. Prodigieux. Porté par une distribution impeccable (formidables Amy Adams et Jeremy Renner), Premier Contact reprend à son compte un sujet pourtant ultra-éculé au cinéma, en l’occurrence l’arrivée d’aliens débarquant sans crier gare dans le ciel de notre planète bleue. Comment réagirions-nous ? Comment communiquerions-nous avec ces lointains visiteurs ? Quelles seraient les premières mesures prises ? Quelles seraient les premières problématiques qui découleraient de ce « premier contact » avec une autre civilisation ? De Contact à Independence Day, de 2001, L’Odyssée de l’espace à E.T. en passant par Stargate, Rencontre du Troisième Type, La Guerre des Mondes ou le récent documenteur The Visit – Une Rencontre extraterrestre, la SF s’est toujours régalée à imaginer ce qu’il se passerait en cas de rencontre extraterrestre, avec des approches très différentes, fantaisistes et ultra-spectaculaires ou plus sérieuses, dramatiques voire scientifiques. On pensait aujourd’hui, qu’il allait être difficile de se réinventer sur un sujet aussi saigné par le passé. A tort. Denis Villeneuve y parvient, et brillamment, livrant au passage un nouveau chef-d’œuvre du genre, à ranger aux côtés des plus grandes œuvres.Dans sa première moitié, Premier Contact est passionnant par ce qu’il raconte et par la manière dont il pose son univers avec un sérieux scientifique dès plus admirable. Dans la seconde, il se hisse vers le génie par la façon dont il bouleverse certaines conceptions insaisissables voire métaphysiques, notamment notre façon humaine d’appréhender le temps et l’espace. Premier Contact nous pousse à oublier totalement notre manière d’appréhender le temps, passé, présent et futur, et tente de nous impliquer au maximum dans une expérience au-delà de tout. Du jamais vu au cinéma.Modèle de narration, modèle de mise en scène, perpétuellement créatif et intelligent sur la forme comme sur le fond, Premier Contact a beau partager quelques ressemblances issues de l’imaginaire collectif (on ne peut s’empêcher de songer vaguement autant à 2001 qu’à La Guerre des Mondes version Spielberg), il n’empêche que son mérite, outre ses qualités visuelles et la beauté de sa réalisation et de son montage, s’inscrit surtout dans le sentiment de nouveauté qu’il affirme à chaque instant. Avec Premier Contact, Denis Villeneuve réussit l’impensable. Il ne réussit pas seulement à rafraîchir un récit pourtant archi-rebattu, il réussit à bouleverser certains codes et principes de narrations. Il réussit même à incarner certaines idées pourtant quasi « in-incarnables ». Plus fort, il réussit à mettre en images des conceptions qui bouleversent complètement notre rapport au monde. Comme quand il redéfinit et bouleverse ce rapport au temps, cette manière d’appréhender sa linéarité. Certains y verront des incohérences. Erreur. Premier Contact exige tout simplement d’oublier ce que l’on connaît en tant qu’être humain, pour percevoir les choses autrement, selon une autre approche, un autre angle. Sidérant, il bascule alors du côté de ces œuvres que l’on a besoin de revoir plusieurs fois pour en saisir l’infinie richesse cachée derrière une intrigue pourtant simple. La marque de fabrique de Denis Villeneuve. Partir du simple pour développer du complexe. Partir du spectaculaire pour développer de la réflexion.Avec son humanisme émouvant et sa profondeur sondant la nature humaine, Premier Contact tord le cou à des années de SF moderne visant essentiellement l’entertainement distrayant, pour privilégier l’intime et l’abandon total à des questionnements plus dominants. Comme souvent, Denis Villeneuve navigue entre les lignes de plusieurs genres. Ici, le canadien explore la science-fiction, mais glisse derrière elle, vers le drame, vers le mélodrame, vers le thriller géopolitique… Partant d’une situation exceptionnelle, le metteur en scène déploie un film fort, nourri autant par un extraordinaire saisissant, que par un ordinaire poignant. Mais ce qui frappe le plus, c’est l’agencement de toutes ces intentions, dans un long-métrage aux prises multiples. Car si Premier Contact peut se voir classiquement, du début vers la fin, sa construction gagne en complexité au fil des minutes, alors qu’il se réinvente et se reformule progressivement. Et au final, on se rend compte, déboussolé, qu’il peut également s’appréhender dans l’autre sens, de la fin vers le début, pour une toute nouvelle lecture aussi fascinante que la première. En prêtant attention, on comprend que Villeneuve glisse des indices ça et là, tout au long de son film, indices qui ne sont ni plus ni moins, que le reflet de l’essence même de son film et des clés pour sa compréhension. A l’instar de l’évocation du concept grammatical du palindrome (un mot se lisant à l’identique dans les deux sens) au détour d’un simple prénom. Aucune importance à priori, juste un dialogue sans intérêt, mais non. Cette évocation est avant tout un indice lancé aux spectateurs attentifs. Car Premier Contact est un palindrome cinématographique, chose que l’on ne comprendra que plus tard, probablement comme mille autres choses imperceptibles dans cette œuvre de génie, dont la prodigieuse substance richissime se digère lentement, mais passionnément. Et tout ça sans jamais être prétentieux, sans jamais être assommant. Chapeau.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
Ce film est d’une très grande intelligence . Je suis tombée tellement amoureuse de ce chef d’oeuvre que je n’ai pu m’empêcher de le visionner et revisionner. Bravo et palme d’or à Denis Villeneuve ainsi qu’aux interprètes de grand talent , Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker.
Bravo !