Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Passengers
Père : Morten Tyldum
Date de naissance : 2016
Majorité : 28 décembre 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h53 / Poids : 110 M$
Genre : SF
Livret de famille : Jennifer Lawrence, Chris Pratt, Michael Sheen, Laurence Fishburne, Andy Garcia…
Signes particuliers : Un solide divertissement plein de bonnes idées à moitié assumées.
SEUL, PIÉGÉ AVEC JENNIFER LAWRENCE, Y’A PIRE !
LA CRITIQUE DE PASSENGERS
Résumé : Alors que 5000 passagers endormis pour longtemps voyagent dans l’espace vers une nouvelle planète, deux d’entre eux sont accidentellement tirés de leur sommeil artificiel 90 ans trop tôt. Jim et Aurora doivent désormais accepter l’idée de passer le reste de leur existence à bord du vaisseau spatial. Alors qu’ils éprouvent peu à peu une indéniable attirance, ils découvrent que le vaisseau court un grave danger. La vie des milliers de passagers endormis est entre leurs mains… Deux ans après son remarqué Imitation Game, salué par le public comme par la critique, multi-nommé aux Oscars et lauréat pour son scénario, le réalisateur norvégien Morten Tyldum se voit confier son premier blockbuster hollywoodien avec le film de science-fiction Passengers, porté par le duo ultra-bankable Jennifer Lawrence et Chris Pratt. Un couple glamour et talentueux, qui va tenter de mettre en orbite un film rangé dans un genre qui a toujours connu de grosses difficultés au cinéma. On espérait que le savoir-faire de Tyldum ferait des merveilles, lui que l’on a connu si mordant dans sa carrière européenne, à l’image de son excellent Headhunters en 2011. Alors qu’un vaisseau traverse la galaxie en direction d’une lointaine planète que vont coloniser les 5000 âmes à bord, deux passagers sont brusquement réveillés de leur état d’hibernation, 90 ans trop tôt. Ils vont devoir accepter l’idée de passer leur existence, piégés dans l’immense engin fonçant à travers les étoiles, avec une mort certaine avant même d’atteindre leur destination. Un cauchemar… ou pas. Passer le reste de sa vie seul, enfermé avec Jennifer Lawrence… Une certaine idée du bonheur, non ?Éjecté de toute belle exposition avec sa sortie coincée entre Noël et le Jour de l’An, période d’ordinaire peu propice au succès, Passengers débarque en salles en n’ayant pas été montré à la presse. Un signe qui généralement en dit long. Heureusement, il reste toujours la fameuse « exception à la règle ». Toute la première moitié de Passengers est une réussite inattendue. Morten Tyldum exploite à merveille son concept tournant autour de la solitude effrayante, et ne manque pas d’inspiration narrative et d’idées visuelles pour mettre en forme le script de John Spaihts (Doctor Strange), lequel introduit une noirceur dramatique bienvenue, à un récit élevé par ses thématiques et ses enjeux proches du dilemme cornélien et de la tragédie romanesque. Si la probabilité de l’histoire souffre parfois des nombreux raccourcis empruntés pour tenir la sacro-sainte durée de deux heures (et si quelques détails agacent comme l’improbable défilé de Haute couture auquel se livre la belle Lawrence durant tout le film), l’affaire reste agréable et suffisamment passionnante pour nous tenir accrochés à son intrigue visuellement matérialisée dans un bel univers science-fictionnel. Jusqu’à ce qu’il entre dans l’action, à l’amorce de son dernier tiers, Passengers est une bonne surprise qui navigue plutôt habilement entre le drame, la romance et l’aventure mâtinée de quelques pointes d’humour noir. Une bonne surprise donc, toutefois entachée d’un dernier acte bien plus maladroit et conventionnel, abandonnant l’intelligence et l’originalité dont le film savait faire preuve, pour s’embourber dans un rocambolesque assez fade, pour ne pas dire raté. Et finalement de se dire que l’effort de Mortem Tyldum était bien meilleur dans le drame scrutant ses deux âmes plongées dans une éternité infernale, que dans l’aventure catastrophe, partie dans laquelle il dérape, à l’image de son duo de stars basculant soudainement de la justesse vers le cabotinage outrancier. Ce sera là le regret majeur face à cette grosse production hollywoodienne qui s’éloignait un peu des clichés traditionnels pour proposer une intrigue aux enjeux fascinants, que l’on se gardera bien de dévoiler pour préserver le suspens intact. En somme, dommage que le drame aux rebondissements intéressants ait été rattrapé par un besoin de spectaculaire qui lui est nuisible. Mais en dehors d’une B.O. très mauvaise (signée pourtant Imagine Dragons), d’une 3D qui brille par son inutilité et d’un ensemble sentant parfois le « crétinage » préfabriqué, Passengers s’avère être un divertissement solide, capable du meilleur comme du moins bon. On préfèrera en retenir le meilleur, même si l’on aurait bien aimé le voir exploité tout du long, avec cette audace qu’il esquisse au départ, mais qu’il n’assume pas jusqu’au bout.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux