Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Gamgi (aka The Flu)
Père : Kim Sung-su
Livret de famille : Hyuk Jang (Ji-goo Kang), Soo Ae (In-hye), Park Min-ha (Kim Mi-reu), Yoo Hae-jin (Bae Kyeong-eob), Cha In-Pyo (le Président)…
Date de naissance : 2014
Majorité : 09 avril 2014 (en DVD/Blu-ray)
Nationalité : Corée du Sud
Taille : 1h57
Poids : Budget de 10 millions de wons (plus de 6,5 M€)
Signes particuliers (+) : A la fois film catastrophe alarmiste, thriller saisissant, drame effrayant, film d’action haletant et presque film de genre angoissant, Pandémie est une énième réussite made in Corée. Le film de Kim Sung-su cristallise toutes les qualités (et les défauts aussi, certes) du cinéma coréen dans un intense blockbuster pop corn, intelligent et de pertinent dans les situations, enjeux et thématiques qu’il convoque. Du bon cinoche stressant et spectaculaire, flirtant sur une néo-angoisse moderne.
Signes particuliers (-) : Le canevas narratif de Pandémie est calqué sur le moule des blockbusters types, avec toutes les habituelles petites facilités. C’est la qualité de l’ensemble qui gomme ces clichés structurels.
ALERTE! EN CORÉE…
LA CRITIQUE
Résumé : Près d’une grande métropole, la police découvre, entassés dans un container, des dizaines de corps putréfiés, victimes d’un mal mystérieux. Au même moment, un passeur de clandestins, atteint d’un virus inconnu, décède à l’hôpital. Quelques heures plus tard, les urgences de la ville croulent sous l’afflux de malades. Le chaos s’installe. Afin d’enrayer la propagation du virus, les autorités imposent une mise en quarantaine.Tous les habitants sont confinés en zone de sécurité. La tension monte. Certains vont risquer leur vie pour sauver leurs proches, d’autres vont risquer celle des autres pour sauver la leur. Pendant ce temps, un survivant du container court dans la ville…
L’INTRO :
Gros succès en Corée du Sud, Pandémie est un blockbuster catastrophe alarmiste surfant sur les terreurs de contagion mondiale récemment mises en exergue avec la panique autour de la propagation du virus de la grippe dite H1N1. Le cinéma a toujours aimé jouer la carte de la maladie mystérieuse se répandant comme une traînée de poudre, plongeant un pays ou le monde entier dans le chaos. Mais en dehors de quelques hits plus « classiques » comme le célèbre Alerte! de Wolfgang Petersen, le registre aura souvent été l’apanage du cinéma post-apocalyptique ou d’horreur via les films d’infectés glissant vers le sous-genre zombiesque. Les derniers cas de pandémie en Asie n’auront fait que gonfler l’intérêt du cinéma-spectacle pour ce créneau catastrophe résonnant comme une néo-angoisse moderne. Depuis, le Contagion de Soderbergh ou son modeste et bisseux « homologue » australien Contagious de Tony Tilse sont passés par là. Le coréen Kim Sung-su (Musa, La Princesse du Désert) s’empare alors du sujet pour une grosse production effrayante décrivant l’apparition d’une nouvelle variante mortelle et foudroyante de la grippe menant à une pandémie incontrôlée ravageant une ville surpeuplée non loin de Séoul et immédiatement placée en quarantaine. Et parce que c’est coréen et que l’on connaît la valeur de l’industrie cinématographique locale, on ne pouvait qu’être intéressés…
L’AVIS :
Grosse production catastrophe au budget conséquent, Pandémie se donne les moyens les plus fous pour mettre en image ce scénario redouté confrontant l’humanité à l’incontrôlable propagation de la mort avec tout ce qu’une telle situation terrifiante entraînerait de panique, de chaos, de mobilisation de crise, de difficulté de gestion des populations apeurées, d’urgence de réactivité des autorités compétentes et pire, de gestion politique et sanitaire des cas infectés. Si Pandémie part d’un phénomène réaliste appelant un véritable fléau tragique comme point de départ, Kim Sung-su s’écarte de la mise en image clinique façon Soderbergh pour livrer un intense moment de cinéma pop corn qui n’en oublie pas pour autant d’essayer d’élever sa facture de divertissement haletant en pointant du doigt des situations critiques aux enjeux passionnants. Stressant, haletant et saisissant, pas loin du cinéma de genre qu’il contemple de loin sans jamais s’y adonner pour préserver un minimum son angle crédible même s’il pousse loin son concept, Pandémie est autant un film d’action catastrophe ambitieux à la réalisation soignée, qu’un drame intelligent dans sa façon de décrypter les enjeux (humains et globaux) et les problématiques inhérentes à la situation qu’il convoque.
Dynamique de bout en bout, Pandémie n’évitera pas quelques clichés manichéens propres au cinéma d’entertainement, notamment dans sa schématique générale avec l’introduction d’un héros sans peur et sans reproche, d’un bad guy égoïste stéréotypé, d’une romance mièvre ou d’un enfant cristallisant l’émotion par le désespoir des protagonistes, mais l’ensemble témoigne une fois de plus de la qualité du cinéma local pour impressionner avec efficacité, sérieux et bonne tenue. Solide tant dans son interprétation que dans la gestion de sa narration ou sa mise en scène, Pandémie est un petit must spectaculaire, parfaite alternative au cinéma américain de plus en plus abandonné au copier-coller sans saveur.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux