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OBLIVION (critique – SF)

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OBLIVION-afficheMondo-mètre :
note 7
Carte d’identité :
Nom : Oblivion
Père : Joseph Kosinski
Livret de famille : Tom Cruise (Jack Harper), Olga Kurylenko (Julia), Andrea Riseborough (Victoria), Morgan Freeman (Malcolm), Nikolaj Coster-Waldau (Sikes), Melissa Leo (Sally), Zoe Bell (Kara)…
Date de naissance : 2013
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 2h06 -120 millions $

Signes particuliers (+) : Un visuel et des effets à couper le souffle, intégrés dans un univers passionnant et une histoire haletante redorant le blason de la SF à grand spectacle récente. Intense et palpitant, Oblivion est aussi virtuose qu’efficace.

Signes particuliers (-) : Quelques maladresses dans un script parfois complexifié sans nécessité et révélant quelques micro-incohérences. Un final pas à la hauteur du reste du métrage et certains points négligés limitant le film au niveau de l’ampleur et de l’émotion, ce qui aurait pu l’élever au rang de classique.

 

L’ÉTENDARD SF EST LEVÉ…

Résumé : 2077. Après une guerre ravageuse ayant mis aux prises humains et envahisseurs extraterrestres, la Terre n’est plus qu’un amas de ruines désolé suite à la destruction de la lune et irradiée à cause du recours massif de la bombe nucléaire. Les humains se sont réfugiés dans une construction spatiale, le Têt, en prévision de leur débarquement sur Titan, une lune de Saturne. Sur l’ex planète bleue, il ne reste plus que Jack Harper et Victoria. Ce binôme humain est en charge de la surveillance et des réparations des drones qui patrouillent pour éradiquer les derniers « chacals » encore présents à la surface, ces extraterrestres belliqueux qui essaient encore de saboter les installations gigantesques approvisionnant le Têt en énergie à partir de l’eau des océans. Mais à deux semaines de la fin de leur mission, toute leur vie vole en éclat quand un vaisseau se crashe dans leur zone protégée de la contamination radioactive alors que Jack fait de plus en plus de rêves étranges…

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On était très curieux de voir ce qu’allait faire le néo-cinéaste Joseph Kosinski et surtout ce qu’il était capable de démontrer par la suite après avoir vécu comme première expérience cinématographique, la direction d’un projet très casse-gueule comme le remake de Tron. En 2010, le studio Disney s’était lancé dans une entreprise folle, refaire et moderniser un de ses propres classiques, le film culte de Steven Lisberger sorti en 1982. Un projet à l’époque avant-gardiste avec son univers futuro-informatique. Modernisation oblige et pour rester fidèle à ce qu’avait été son aîné, Tron : Legacy se devait d’être un film essentiellement visuel, bourré d’effets ulra-modernes d’autant qu’il devait également prendre en compte l’évolution des technologies qui constituait à la base son sujet. Kosinski, qui jusque-là avait une grosse expérience dans l’infographie et la réalisation de pubs pour des jeux vidéo, s’en était finalement pas si mal sorti. Sa réadaptation était à l’image du premier daté d’il y a 20 ans : un somptueux film esthétisé à l’univers visuel et au design remarquable avec un fond finalement assez limité. Pour son second long-métrage, il se retrouve à la tête cette fois d’un très gros blockbuster, encore une fois ancré dans un univers futuriste, puisqu’il touche à la pure SF à grand spectacle proposant un univers riche ayant une forte base littéraire.  En réalité, c’est plutôt du côté du roman graphique que Oblivion, ambitieuse production à 120 millions de dollars emmenée par la méga star Tom Cruise, lorgne puisque le film est l’adaptation d’un roman graphique co-créé par Kosinski lui-même et Arvid Nelson. L’avantage, c’est que le cinéaste maîtrise à la perfection un univers dont il est l’instigateur, ce qui le positionne le mieux pour en gérer l’adaptation sur grand écran.

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Avide de bons films solides mariant le grand spectacle et le talent, Tom Cruise, qui de plus en plus impressionne par sa longévité et la qualité des métrages auxquels il participe, prend part à l’aventure, entouré d’un casting tout aussi sérieux. Olga Kurylenko en est peut-être le seul maillon plus « faible » puisque la mannequin, tout aussi belle soit-elle, ne brille toujours pas par la qualité de ses prestations cinématographiques. La « comédienne » remplace l’initialement annoncée Jessica Chastain qui a dû abandonner l’affaire pour Zero Dark Thirty et grille la priorité à tout un tas d’actrices sur les rangs (de Olivia Wilde à Noomi Rapace en passant par Mary Elizabeth Winstead). Egalement au générique, la ravissante et étonnante Andrea Riseborough, dont on vous avez parlé récemment dans la chronique de Shadow Dancer (et elle, elle pique la vedette à Diane Kruger ou la catastrophique Kate Beckinsale) mais aussi l’éternel Morgan Freeman, l’oscarisée Melissa Leo (Frozen River) ou Nikolaj Coster-Waldau (Jamie Lanister de Game of Thrones ou l’excellent thriller nordique Headhunters).

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Oblivion est donc un gros projet de science fiction extrêmement attendu par les fans du genre et pour cause. La bande-annonce n’avait fait qu’attiser la flamme des déçus par un registre à la peine ces temps-ci et qui semble retrouver un souffle intéressant depuis peu. D’abord travaillé par William Monahan, le scénariste du scorsesien Les Infiltrés avant d’échouer entre les mains du tandem Michael Arndt (Toy Story 3, Little Miss Sunshine) et Karl Gadjusek (la série Dead Like Me et le miteux Effraction de J. Shumacher), le tout sous la supervision de Kosinski bien entendu, Oblivion a été porté par les instigateurs du reboot de la La Planète des Singes, ce qui était plutôt une bonne nouvelle.

Oblivion - Riseborough

Et la bonne nouvelle se vérifie maintenant en salles. Oblivion redonne ses lettres de noblesse à la belle science fiction avec son script et son univers très dense, caché derrière une fausse complexité qui brosse dans le sens du poil le grand spectacle haletant et palpitant sans toutefois trop prendre le spectateur pour plus neuneu qu’il n’est. Kosinski s’appuie d’abord sur ce qu’il sait faire le mieux, matérialiser en images un univers au design somptueux, riche en créativité, crédible et spectaculaire. Mais surtout, la gueule qu’a son film est de toute beauté. Oblivion se paie des effets spéciaux magnifiques intégrés dans un univers foisonnant et travaillé et une histoire bien troussée, qui fonctionne sur une base et des rebondissements assez simples mais bien placés dans un scénario orchestré de main de maître par un talentueux cinéaste qui fait vraiment du très beau boulot. Kosinski est un amateur de grande et belle SF exaltante et passionnante et ça se sent. Son Oblivion est un film haletant qui réussit à merveille le délicat mariage du divertissement spectacle et du film intense et captivant. Pour cela, il ne lésine jamais sur une profonde minutie et une attention de chaque instant aux moindres détails qui constitue la toile de fond de sa formidable quête de vérité d’un personnage, doublée de romance, d’action dantesque et de combat pour la liberté dans un monde post-apocalyptique superbement imagé. Le spectacle prend forme et vit dès les premières minutes immédiatement convaincantes et réussit à tenir dans la durée sans jamais que le spectaculairement facile ne prenne le pas sur la pure SF de tradition avec tous les éléments constitutifs du genre dans notamment sa grande et historique littérature.

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Oblivion n’est pas un film parfait et se laisse à de brefs moments à quelques facilités qui lui dénie la perfection. Kosinski commet quelques maladresses (le final est assez commun et rappelle certains films avant lui, les ultimes minutes sont de trop et en rajoutent inutilement dans le théâtral), s’embourbe un peu en essayant de donner de la dimension artistique à sa réal et son montage, complexifiant parfois inutilement son récit en faisant compliqué là où il aurait préférable de faire simple (l’écoute de la boîte noire par exemple en montage alterné rend un résultat un peu confus) et n’évite pas les petites incohérences régulières. Mais ces défauts s’oublient vite et s’effacent dans une œuvre finalement très positive et excitante qui nous permet de passer deux belles heures généreuses nous attirant dans sa dimension science-fictionnelle sans résistance de notre part. On est en effet vite séduit par la plastique et le production design d’un film à couper le souffle, par son déroulement équilibré dans l’alternance entre temps d’action et temps pour construire l’univers, par la virtuosité d’un Kosinski qui se révèle après un film-concept mettant tellement l’accent sur le visuel qu’il lui laissait peu de marge de manœuvre pour révéler son talent, par les effets spéciaux inspirés (y compris dans les merveilleuses images de cette Terre ravagée) mais et surtout, par la malice d’un script redoutable, parfois prévisible certes, mais finement ficelé pour quand même nous happer sans peine et nous faire vibrer dans sa conduite et dans l’intelligent placement de ses rebondissements.

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Ébouriffant sans être trop superflu, Oblivion conjugue donc la maîtrise technique de son auteur et le revival d’une SF à l’ancienne pour un film qui passe pas loin de s’inscrire dans la lignée des grands classiques du genre. Assez diversifié dans l’écriture de son histoire pour ne jamais tourner en rond sur ces deux heures, il comble parfaitement le manque d’originalité général de son pitch et surtout l’inégalité de ses intrigues (la partie romance est clairement plus faible que le reste et aurait mérité d’être plus travaillée au niveau de ses enjeux pour gagner en émotion et en intensité). Mais c’est suffisamment efficace, sincère et respectueux du genre pour que l’on se prenne au jeu de cette fresque épique qui, sans combler toutes les attentes à cause de sa façon de placer la barre si haut qu’il nous fait entrevoir le summum sans l’atteindre totalement, nous fait passer un déjà très beau moment de cinéma.

Bande-annonce :

2 thoughts on “OBLIVION (critique – SF)

    1. Oui et non. Ce problème est vrai pour les films moyens. pour faire de la vue, soit on fait un bon film, soit on pousse la com à fond. Le budget com est surdimensionné lorsqu’un film manque de qualité. Ça remplace le bouche-à-oreille naturel qui se crée pour un bon film.

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