Nom : My Life Directed by Nicolas Winding Refn
Mère : Liv Corfixen
Date de naissance : 2014
Majorité : 27 avril 2016
Type : Sortie DVD & VOD
(Editeur : Wild Side)
Nationalité : Danemark
Taille : 1h00 / Poids : NC
Genre : Documentaire
Livret de famille : Liv Corfixen, Nicolas Winding Refn, Ryan Gosling…
Signes particuliers : Une plongée dans l’intimité du couple Nicolas Winding Refn/Liv Corfixen, au cœur de la tempête pendant le tournage de Only God Forgives.
ONLY WIFE FORGIVES
LA CRITIQUE
Résumé : Réalisé par son épouse Liv Corfixen , le film suit Nicolas Winding Refn de la production du film « Only God Forgives », au cours de laquelle il a amené sa famille avec lui pendant 6 mois à Bangkok, jusqu’à la présentation du film au Festival de Cannes. De son rapport très spécial avec Alejandro Jodorowsky à sa forte amitié avec Ryan Gosling, My Life Directed by Nicolas Winding Refn nous plonge au cœur du processus créatif et de la vie privée d’un des plus grands réalisateurs du XXIeme siècle.L’INTRO :
Génie pour les uns, réalisateur surestimé pour les autres, Nicolas Winding Refn est en tout cas un cinéaste majeur qui compte aujourd’hui dans le paysage du cinéma. Un cinéaste à l’œuvre surtout formidable, parfois exigeante, et qui témoigne d’un amour profond pour le septième art, quasiment une religion chez le danois derrière le choc de la trilogie Pusher, derrière le furieux Bronson, derrière l’hypnotique Valhalla Rising ou les esthétisés Drive et Only God Forgives. Tant d’efforts pour produire une œuvre aussi dense et fascinante, ne pouvaient que cacher quelque-chose. Ce quelque-chose, c’est l’âme d’un habité par son travail, parfois torturé, sans cesse dans la remise en question et l’incertitude. Nicolas Winding Refn est de ces artistes complexes dont on rêverait d’approcher l’extrême intimité créatrice. C’est désormais chose possible grâce au documentaire My Life Directed by Nicolas Winding Refn, moyen-métrage d’environ une heure, tourné par sa femme Liv Corfixen, au cœur de la tourmente Only God Forgives.L’AVIS :
« Etre la femme de Nicolas Winding Refn n’est pas facile tous les jours. » explique Liv Corfixen. Et on veut bien la croire. Comme être la femme d’un Quentin Tarantino par exemple, ou d’autres. Fin 2011, le metteur en scène nordique traverse une crise existentielle. Il vient de connaître le succès international avec Drive et développe son film d’après, celui-là même qui s’avère toujours casse-gueule pour bien des cinéastes car l’attente au tournant décuple la pression. Janvier 2012, Refn et sa famille s’installe à Bangkok pour le tournage de Only God Forgives, une fois de plus avec Ryan Gosling. Il est tout jeune papa d’un second enfant, son nouveau long-métrage l’angoisse, son couple (séparé pendant dix mois lors du tournage de Drive) traverse une passe difficile. C’est à ce moment là que Liv Corfixen allume sa caméra, pour capturer non seulement ce que c’est que de vivre avec un conjoint aussi brillant, mais aussi pour capter un artiste au travail, perdu entre sa motivation, ses certitudes, ses doutes et ses moments de déprime. Le résultat est tout bonnement passionnant.My Life Directed by Nicolas Winding Refn est un document testamentaire follement intéressant pour deux raisons majeures. D’abord, car rarement on aura eu l’occasion de plonger au plus près d’un artiste en plein travail, dans une intimité loin des sempiternels making-of factuels. Ensuite, car rarement on aura eu l’occasion d’entrevoir ce que peut-être le quotidien d’une compagne de cinéaste, cette épaule présente dans les moments difficiles, sacrifiant parfois tout pour le bien de celui avec qui elle partage une vie atypique. Parmi les précédents, on retiendra Aux Cœur des ténèbres : l’apocalypse d’un metteur en scène autour du cauchemar de Coppola sur Apocalypse Now, dont certaines séquences avaient été réalisées en secret par son épouse, Eleanor. Mais My Life Directed by Nicolas Winding Refn est davantage recentré non pas sur un tournage homérique mais sur un homme face à son film, face à sa femme, face à sa famille, face à lui-même.Le tournage de Only God Forgives aura peut-être été le plus difficile de toute la carrière de Nicolas Winding Refn, non pas pour son déroulé à problèmes, mais davantage pour la relation personnelle qu’il entretenait avec lui et l’état dans lequel il se trouvait à ce moment précis de sa carrière et de sa vie. Libre et sans aucune censure, Liv Corfixen a pu tout saisir sous l’objectif de sa caméra. Saisir un Refn terrifié par la peur de l’échec, un Refn lunatique, tour à tour enjoué ou au bord du précipice moral, rejetant son film tout entier car n’y croyant pas lui-même, persuadé qu’il fait fausse route et qu’il se dirige tout droit avec un désastre commercial et artistique. Plus anxieux que jamais, Refn incarne à travers ces images de vie à la valeur exceptionnelles, toute l’idée souvent évoquée de « l’angoisse de l’artiste« . Un portrait qui permet à cette sorte de pré-thérapie de couple qu’est My Life Directed by Nicolas Winding Refn, de ne jamais sombrer dans l’exercice nombriliste et trop personnel pour intéresser, au contraire. Le film de Liv Corfixen se métamorphose très vite en trésor précieux pour les cinéphiles, dévoilant une facette de l’art jusqu’ici souvent cachée dans l’ombre de l’intimité. Ou comment un artiste traverse le processus d’élaboration d’un nouveau travail, les phases qui l’animent, comment une épouse peut faire face à ce « calvaire » face auquel elle peut parfois être impuissante.De l’arrivée à Bangkok aux préparatifs du film, des disputes intimes aux scènes de vie avec un Ryan Gosling hilarant, en passant par le tournage, par des anecdotes cocasses ou des moments difficiles vécus par un Refn prêt à baisser les bras, My Life Directed by Nicolas Winding Refn est une formidable immersion dans les coulisses du cinéma. Un petit régal tantôt drôle ou dramatique, auquel on ne reprochera finalement qu’une chose, d’être trop court car on en aurait voulu plus, à la fois car la plongée et croustillante, et à la fois pour mieux faire ressortir le propos général.
LA BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux