Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Marie-Octobre
Père : Julien Duvivier
Date de naissance : 1958
Majorité : 07 décembre 2016
Type : Sortie Blu-ray
Nationalité : France
Taille : 1h30 / Poids : NC
Genre : Drame, Suspens
Livret de famille : Danielle Darrieux, Paul Guers, Bernard Blier, Paul Meurisse, Lino Ventura, Serge Reggiani, Paul Frankeur, Robert Dalban, Noël Roquevert…
Signes particuliers : Un chef-d’oeuvre à (re)découvrir en Blu-ray, version restaurée haute définition.
QUI EST LE COUPABLE ?
LA CRITIQUE DE MARIE-OCTOBRE
Résumé : Durant l’Occupation, un homme a trahi un réseau, provoquant l’éxécution du chef. Un groupe de personnes est réuni pour démasquer le traître.Une pièce, quelques personnages réunis, un mystère à élucider, et 90 minutes de suspens tiré au cordeau. Voilà sur quoi repose Marie-Octobre, énième chef-d’œuvre du formidable metteur en scène qu’était Julien Duvivier. En 1959, alors que la Nouvelle Vague débutait son émergence en réaction contre le cinéma de papa des anciens auteurs hexagonaux, Duvivier prouvait qu’il n’avait pas sa place au placard des vieux artisans démodés, même si certains verront dans le film, un stratagème narratif qui ne parvient jamais à trouver la puissance d’un Douze Hommes en Colère, sorti deux ans plus tôt outre-Atlantique. Marie-Octobre, c’est un groupe d’anciens résistants réunis pour un dîner. Mais pas un dîner sur le ton des chaleureuses retrouvailles, quinze ans après la guerre. Le véritable but de ce rassemblement est de faire éclater une vérité passée sous silence et récemment apprise. L’un d’eux a été un traître, qui a balancé le réseau à la Gestapo et précipité la chute du groupe. Ce soir-là, Castille, leur chef, est mort. Qui est le coupable ? Paul Meurisse ? Bernard Blier ? Ou peut-être Lino Ventura ? A moins que ce ne soit Paul Frankeur… ou encore Robert Dalban… Et pourquoi pas Serge Reggiani ou Noël Roquevert ? Voire même Danielle Darrieux, l’instigatrice de ce dîner ? Au fur et à mesure que le conflit éclate, les suspicions vont bon train, les langues se délient. Tout le monde pourrait être ce « traître » activement recherché.Sur la foi d’une mise en scène ingénieuse qui s’amuse du spectateur et des théories qu’il tente en vain d’élaborer, sur la foi d’un scénario habile signé Jacques Robert, sur la foi des dialogues aiguisés d’Henri Jeanson et enfin, sur la foi du jeu d’une distribution étincelante, Julien Duvivier propose un huis clos au suspens étouffant, un film qui captive de bout en bout, dans lequel on se retrouve impuissant et incapable de décrocher de la toile d’araignée piégeuse qu’il installe avec brio. Conduit selon la règle des trois unités, de temps, de lieu et d’action, Marie-Octobre est un régal, qu’il est toujours bon de redécouvrir. Car même si le suspens est éventé passée la première vision, on se prêtera toujours à faire ensuite attention, aux moindres détails que Duvivier a pu glisser pour nous aiguiller vers la bonne direction. Ou pas. Certains tomberont juste dans leur déduction, d’autres se tromperont, et Marie-Octobre de fonctionner grâce à son ingéniosité et son efficacité redoutable.Pour parfaire cette édition visuellement magnifique (le travail de restauration orchestré par Pathé est somptueux et offre une nouvelle jeunesse au classique de Duvivier), un documentaire passionnant complète la galette HD. Bien qu’un poil trop court (17 minutes), on en append beaucoup sur la genèse du film et ses à-côtés. Nourri d’interventions et d’entretiens d’époque, il soutient idéalement la découverte -ou redécouverte- de ce chef-d’oeuvre du cinéma français. Enfin, la très originale bande-annonce d’origine complète ces suppléments, malheureusement peu nombreux.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
Duvivier ou pas Duvivier, voilà encore un classique largement surcôté. Comme la plupart des films qui réunissent un casting de rêve autour d’une table, ce film tourne un peu à vide : chaque acteur a sa toute petite partition, chacun joue en solo et rare sont ceux qui arrivent à incarner vraiment leur personnage, personne ne se coupe jamais la parole, tout le monde est très poli, il n’y a en fait quasiment aucune dynamique, et c’est le côté le plus impressionnant du film : pourquoi réunir tant de merveilleux acteurs pour ne rien en faire ? Le drame supplémentaire, c’est que la mise en scène est inodore au possible, à ce titre on se retrouve presque dans du théâtre filmé. Ce huis-clos repose donc entièrement sur son scénario, et malgré une idée de départ très alléchante et quelques situations intéressantes, l’ensemble se révèle tout de même très plat, sans parler de la fin un peu grostesque avec une fausse piste complètement idiote et aussitôt démentie, suivie d’un dénouement hystérique d’assez mauvais goût. Au final, ce n’est pas déplaisant, mais ça laisse un très gros sentiment d’inachevé, et c’est d’autant plus dommage que le personnage de Marie-Octobre, à cause du sur-nombre de personnages, n’a pas l’impact qu’il aurait dû avoir. C’est un film très artificiel et complètement inoffensif, le comble pour un sujet aussi fort…