Amis cinéphiles, voilà un rendez-vous à ne pas manquer ! Le 28 février prochain (à 22h30), OCS Géants proposera un fabuleux documentaire baptisé Los Angeles : Cité du Film Noir. Réalisé par Clara et Julia Kuperberg et avec la participation de quelques auteurs emblématiques du genre, James Ellroy, Eddie Muller et Alain Silver, Los Angeles : Cité du Film Noir est une invitation à plonger dans l’univers de l’un des courants cinématographiques parmi les plus passionnants du cinéma de l’âge d’or d’Hollywood, abordé par le prisme de la ville qui aura abrité ses plus grands chefs d’œuvre. Car qu’on se le tienne pour dit, il n’y aurait probablement pas eu de films noirs sans Los Angeles et l’imaginaire de Los Angeles au cinéma ne serait pas celui que l’on connaît sans les films noirs, qui ont fait de la Cité des Anges, tout un symbole des plus grandes figures tourmentées par le septième art.(The Big Combo)
C’est par une interview de James Ellroy que les deux réalisatrices nous introduisent dans cette virée historico-cinéphilique pénétrant dans l’univers du film noir et de sa ville emblématique. Il ne pouvait pas y avoir de meilleure invitation à suivre, que celle de l’auteur de L.A Confidential ou du Dahlia Noir, lui qui n’a eu de cesse de rendre hommage au genre à travers son œuvre. En Quatrième Vitesse, La Dame de Shanghai, Mort à L’Arrivée, La Griffe du Passé, Assurance sur la Mort, Le Grand Sommeil, Un Si Doux Visage, Péché Mortel, Impact, Sunset Boulevard, Laura, le cinéma de Jules Dassin, d’Arthur Lubin, de Joseph Lewis… Au gré des extraits de ces classiques que l’on prend plaisir à voir, à revoir, à découvrir ou à redécouvrir disséqués et replacés dans leur contexte général, Los Angeles : Cité du Film Noir analyse la grande époque du genre (1946-1958) par le prisme d’une ville incarnée et incarnant son univers en délimitant ses frontières. Pourquoi Los Angeles ? Cette question initiale est le début d’une balade dans le genre, le début d’un portrait dessinant son histoire, étudiant ses codes, ses thématiques, ses ressorts, ses archétypes, son essence d’anti-conte, proposant un regard sur le revers de la médaille du rêve américain, explorant « l’autre face ». Femmes fatales, héros en échec, tiraillements moraux, ambitions, gangrène politique… Autant d’éléments qui ont façonné le film noir en lui conférant ses lettres de noblesse.
Los Angeles : Cité du Film Noir pose et se pose des questions pertinentes, auxquelles il essaie de répondre par une analyse intelligente et passionnante, à commencer par la provenance du genre, l’explication de son apparition à cet instant T, dans un contexte d’après-guerre alors que le cinéma venait de participer à l’effort patriotique avec des œuvres essentiellement positives. Le film noir est alors apparu comme le besoin d’un changement radical, peut-être la conséquence d’une grande dépression finalement exorcisée et traitée de façon tardive à cause de la parenthèse « guerre mondiale » qui s’est interposée au moment où ce cinéma-là aurait dû jaillir. Ce que l’on retiendra surtout, c’est cette subtile analyse des bienfaits du courant sur le public et la société américaine, voire au-delà, avec cette thématique centrale et universelle de l’échec. Le film noir aura été le premier à se frotter à l’échec possible d’un héros au cinéma, qu’il soit à cause d’une femme, d’un passé ou de démons personnels. Et quelque part, quoi e plus déculpabilisant pour le public quand l’échec est vécu par une figure dominante comme un Lancaster, un Mitchum, un Robert Ryan ou un Bogart.(Le Facteur sonne toujours deux fois)
Bref, Los Angeles : Cité du Film Noir est un documentaire à savourer, au centre d’une rétrospective proposée par la chaîne. Au programme : La Griffe du Passé & La Féline de Jacques Tourneur, Feux Croisés de Edward Dmytryk, La Dame du Lac de Robert Montgomery, Le Facteur sonne toujours deux fois de Tay Garnett, Voyage sans Retour de John Farrow, Nous avons gagné ce soir de Robert Wise et l’œuvre définitive, Le Faucon Maltais de John Huston. 8 films, 8 chefs d’œuvre, vous pouvez nous croire sur parole, il n’y en a pas un qui ne vale pas le coup dans ce beau cycle.