Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Far from the Madding Crowd
Père : Thomas Vinterberg
Date de naissance : 2015
Majorité : 03 juin 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA, Angleterre
Taille : 1h59 / Poids : Budget NC
Genre : Drame, Romance
Livret de famille : Carey Mulligan (Bathsheba Everdene), Matthias Schoenaerts (Gabriel Oak), Michael Sheen (William Boldwood), Tom Sturridge (Troy), Juno Temple (Fanny), Jessica Barden (Liddy)…
Signes particuliers : Le danois Thomas Vintenberg s’offre un casting trois étoiles pour adapter le célèbre classique de la littérature signé Thomas Hardy et paru en 1874. C’est la troisième adaptation au cinéma de « Loin de la Foule Déchaînée », la plus célèbre restant celle de John Schlesinger avec Julie Christie et Terence Stamp (1967).
AUTANT EN EMPORTE VINTERBERG
LA CRITIQUE
Résumé : Dans la campagne anglaise de l’époque victorienne, une jeune héritière, Bathsheba Everdeene doit diriger la ferme léguée par son oncle. Femme belle et libre, elle veut s’assumer seule et sans mari, ce qui n’est pas au goût de tous à commencer par ses ouvriers. Bathsheba ne se mariera qu’une fois amoureuse. Qu’à cela ne tienne, elle se fait courtiser par trois hommes, le berger Gabriel Oake, le riche voisin Mr Boldwood et le Sergent Troy. L’INTRO :
Le talentueux Thomas Vinterberg à la baguette, le formidable roman de Thomas Hardy (1974) comme sujet et deux comédiens brillants devant la caméra avec la frêle Carey Mulligan et la néo-star belge Matthias Shoenaerts, Loin de la Foule Déchainée partait sur une route que l’on avait hâte d’emprunter avec lui pour découvrir quelle vision le trublion danois allait apposer sur cette œuvre basée sur un classique de la littérature britannique.L’AVIS :
Mais où est passé le Thomas Vinterberg contestataire, créatif et visionnaire de Festen ? L’artiste singulier et rebelle, auteur du fascinant et iconoclaste It’s All About Love ou du bouleversant et questionneur La Chasse ? D’un enragé frondeur, fer de lance du dogme danois aux côtés de Lars von Trier, Vinterberg serait-il devenu un faiseur de cinéma de papa suranné, englué dans un classicisme formel à faire pâlir les adeptes de l’idéologie d’un septième art radical ? Comme si un jeune activiste partisan d’un idéal anarchique devenait, passé la quarantaine, un vieux PDG de droite ayant oublié ses années engagées (rappelez-vous l’histoire du film The Edukators), Thomas Vinterberg prend avec Loin de la Foule Déchaîné, un virage à 180° qui surprend autant qu’il déçoit, signant une sorte d’œuvre romanesque en appelant à des classiques poétiques tels que Autant en Emporte le Vent, le Docteur Jivago, Tess ou 1900, mais où la fainéantise remplace le lyrisme mélodramatique, où l’ennui s’impose devant le souffle épique alors que l’agacement fait ombrage à l’émotion et que la lourdeur masque la subtilité telle une éclipse recouvrant la face du talent de son auteur basculant dans les ténèbres.Noyé par son sujet baignant dans un académisme roulé dans la naphtaline, Thomas Vinterberg signe un mélo indigeste qui ferait passer une meringue à la chantilly pour un dessert light recommandé en cas de régime. D’un ennui à mourir, tournant autour de ses enjeux sans jamais s’en saisir avec caractère, le metteur en scène danois surprend par sa sagesse et la pauvreté de son œuvre, certes formellement belle, mais dont l’élégante sophistication ne suffit pas à masquer la piètre qualité. Rares sont les plans ou séquences brillantes qui viennent nous tirer de notre léthargie, furtifs sont les sursauts de génie rappelant la grandeur de celui qui est aux commandes, et que dire des acteurs formidables qui se bousculent devant la caméra, mais qui malheureusement pas toujours bien dirigés, finissent par jouer avec excès de bonne volonté. On retiendra de ce naufrage titanesque, un Matthias Schoenaerts qui essaie, notamment au détour de la petite poignée de scènes qu’il partage avec un formidable Michael Sheen. Trois moments de grâce dans un ratage sans limite où l’on est rapidement lassé des atermoiements sentimentaux de cette femme faussement forte (calquée sur un modèle allégé de Scarlett O’Hara) alors que le film jalonne son parcours dramatique d’une bardée de scènes franchement ridicules, souvent sur-appuyées au marqueur rouge.Thomas Vinterberg confessait avoir voulu s’essayer à d’autres choses, avoir voulu se diriger vers d’autres voies pour tenter l’expérience d’un cinéma où on ne l’attendait pas forcément. Avec cette nouvelle lecture du célèbre roman de Thomas Hardy qui aura bien du mal à faire oublier celle de John Schlesinger en 1967 (avec Julie Christie et Terence Stamp), le cinéaste est confronté à un échec dont il porte l’essentiel de la responsabilité à trop avoir voulu rester dans les sentiers balisés d’un cinéma naturaliste sans emprise, consensuel et sans vision personnelle. Un cinéma propre sur lui, incapable de faire naître une quelconque tension, incapable d’imposer souffle ou romanesque fiévreux malgré sa bande originale envoûtante (c’est maigre), incapable de cristalliser avec efficience et intelligence, le parfum de tragédie en présence. Techniquement très beau, Loin de la Foule Déchaînée est surtout très désincarné, mollement langoureux et au final, fade.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux