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LIFE OF CHUCK de Mike Flanagan : critique et test Blu-ray

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Nom : Life of Chuck
Père : Mike Flanagan
Date de naissance : 16 octobre 2025
Type : sortie Blu-ray / DVD
Nationalité : USA
Taille : 1h51 / Poids : NC
Genre : Drame, SF

Livret de Famille : Tom HiddlestonMark HamillChiwetel Ejiofor, Karen Gillan, Jacob Tremblay, Matthew Lillard, Carl Lumbly, Mia Sara…

Signes particuliers : Un classique instantané !

Synopsis : La vie extraordinaire d’un homme ordinaire racontée en trois chapitres. Merci Chuck !

MIKE FLANAGAN SUBLIME STEPHEN KING

NOTRE AVIS SUR LIFE OF CHUCK

Même s’il a parfois égratigné son indéniable talent dans des productions indignes de celui-ci (le médiocre Ouija 2), Mike Flanagan conserve tout de même une belle côte auprès des cinéphiles et chacun de ses nouveaux projets est attendu avec une impatience stimulée. A plus forte raison quand le cinéaste s’attelle à l’adaptation d’une nouvelle méconnue de Stephen King, l’une de ses plus poétiques, l’une de ses plus difficiles à adapter aussi. Primé à Toronto, Life of Chuck raconte la vie extraordinaire d’un mystérieux inconnu dénommé Chuck Krantz, que la société tient à remercier chaleureusement pour ses « 39 superbes années ». Après Jessie ou Doctor Sleep et en attendant La Tour Sombre, Flanagan poursuit son exploration du riche imaginaire de Stephen King en se frottant à une nouvelle complexe et de surcroît éloignée de l’épouvante dont l’auteur est l’un des chantres littéraires. Le résultat emporte tout sur son passage…
Life of Chuck est un long métrage aussi étrange que magnifique, de ces œuvres dont on tombe éperdument amoureux sans trop saisir pourquoi elles nous fascinent autant sur l’instant. Comme une énigme cinématographique qui renferme bien des secrets que l’on a instantanément envie de percer en la regardant encore et encore, car un seul visionnage ne sera jamais suffisant pour en admirer tous les éclats et les reflets. Mike Flanagan nous happe dans une fresque en trois chapitres imaginée comme un vaste puzzle autour de ce mystérieux Chuck Krantz que personne ne connaît mais que l’on célèbre à la hauteur de ce qu’il semble mériter. Trois chapitres en ordre décroissant, trois époques, trois styles, trois tons, trois univers. Il y a d’abord le film apocalyptique hypnotisant et intensément angoissant où l’on assiste à la fin du monde qui s’effondre sous les yeux désabusés de quelques personnages mélancoliques et résignés. Puis on passe à une célébration de la vie autour d’un moment de grâce musical et dansé. Un long passage festif et grisant où le cœur se retrouve en rythme avec les mouvements de batterie et la chorégraphie spectaculaire d’un instant hors du temps, dans une rue. Et enfin, on pénètre en profondeur dans la fable dramatique avec le parcours initiatique d’une enfance baignée de tragédie et de lumière. D’un bout à l’autre, Life of Chuck change de visage, virevolte entre les genres, avec une seule et même ligne de continuité. Alors que l’on sent le poids d’un monde qui collapse, Mike Flanagan célèbre la beauté de la vie dans un conte existentiel d’une splendeur exceptionnelle. Il se dégage constamment une forme de merveilleux dans la tristesse de cette réflexion méditative sur l’existence, sur le monde qui court à sa perte, sur la peur de l’oubli, sur l’angoisse de la solitude. Tour à tour à la fois effrayant et doux, Life of Chuck est un chef d’œuvre philosophique invoquant ces grandes pièces de cinéma où l’on rit, où l’on pleure, où l’on tremble, où l’on admire, où l’on pense, où l’on est fasciné par plus grand que soi.
Mike Flanagan retravaille légèrement le roman court de Stephen King tout en en gardant l’essence et la construction, pour en tirer une œuvre époustouflante, un grand voyage à interprétations multiples où l’on se fait aspirer par quelque chose qui nous domine. Tout convergeait pour en faire un film d’une tristesse insondable, mais le cinéaste sèche les larmes par l’éloge. La vie peut être courte ou longue, stoppée brutalement ou étirée jusqu’au dernier souffle, elle est rythmée par des moments de magie, des élans qui font battre les cœurs et enivrent les âmes. Poétique, Life of Chuck puise son cœur dans l’illustration d’un célèbre poème existentiel de Walt Whitman, Chanson de moi-même, qui revient inlassablement comme un mantra philosophique. « Le passé et le présent se fanent – je les ai remplis, je les ai vidés. Et m’apprête à remplir mon prochain repli de l’avenir […] Suis-je en contradiction avec moi-même ? Alors c’est parfait, je me contredis. Je suis vaste, je contiens des multitudes. » Toute la complexité du monde, et de nous-mêmes dans ce monde, réside là. Nous ne sommes pas un simple résumé de nos vies, nous sommes des multitudes. Dans son cheminement, Life of Chuck part de l’infiniment grand pour se réduire subtilement à l’infiniment petit. Nous, dans ce vaste monde.

De Walt Whitman à la théorie du calendrier cosmique, Life of Chuck aurait pu déraper et sombrer dans le chaos d’une œuvre intello pompeuse. Il n’en sera jamais rien. Mike Flanagan livre un film animé d’une vitalité incroyable, comme une ballade lumineuse qui délivre une façon de voir le monde autrement, tout en savourant de grands moments de cinéma éclatants. Car au-delà d’un fond d’une richesse mirifique, formellement, il y a plus de cinéma dans chaque seconde du film que dans une année de blockbusters hollywoodiens réunis. Life of Chuck parle souvent des étoiles, « la plus belle équation de l’univers » dixit un personnage. Comme une constellation majestueuse, elles s’alignent toutes ici pour faire d’un simple film, un moment hors du temps. D’un auteur de génie qui a livré une nouvelle parmi ses plus grands écrits à un cinéaste qui l’a parfaitement comprise et restituée en passant par des comédiens au sommet de leur art, de Chiwetel Ejiofor à Jacob Tremblay, de Mark Hamill à Carl Lumbly en passant par un immense Tom Hiddleston. Bouleversante allégorie où le passé, le présent et le futur se mélangent dans une grande musique infinie, Life of Chuck emporte tout sur son passage. Quelle œuvre ! Quel chef-d’œuvre !

LE BLU-RAY DE LIFE OF CHUCK

Pour le distributeur Nour Films, Life of Chuck a été comme un petit cadeau tombé du ciel. Un joli succès en salles, des critiques élogieuses, des spectateurs conquis. Le film de Mike Flanagan aura été une belle aventure. Nour Films passe maintenant en mode « éditeur » et rend la pareille à sa pépite qui l’a comblé et lui offrant une sortie vidéo plus que digne. Si la mode chez certains distributeurs est de réserver aux petits films une simple sortie DVD (voire pas de sortie du coup comme Sony pour The Last Showgirl), Nour Films met les petits plats dans les grands avec une bien belle édition Blu-ray qui ravira les fans du film.

On avait hâte de pouvoir se replonger dans le vaste univers de Life of Chuck avec une question, la magie du cinéma allait-elle se recréer chez soi. La réponse est oui, et plutôt deux fois qu’une. L’enchantement vécu en juin se prolonge aujourd’hui grâce à une édition techniquement impeccable. Côté « image », cette édition Blu-ray est respectueuse des différents tons qui s’enchaînent dans le film, équilibrée et précise dans les moments plus sombres, scintillante et lumineuse dans les moments plus éclairés. Les couleurs sont tour à tour éclatantes ou profondes, la saturation bien travaillée, et à aucun moment on n’a senti la moindre faiblesse visuelle. Le travail d’étalonnage est parfait et l’image est d’une beauté étourdissante. Côté « son », le Blu-ray propose un Dolby TrueHD 5.1 remarquablement échantillonné et spatialisé. L’expérience est totale pour les mieux équipés et toute la richesse (et la finesse) sonore du film perdure avec cette galette réjouissante.

Au menu des suppléments, on retrouve tout ce qu’il faut pour percer les inombrables trésors et énigmes du film. A commencer par les très attendus commentaires audio du réalisateur Mike Flanagan (en VOST). En somme, tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le film sans jamais oser le demander. Si dans bien des cas cette option audio est ignorée par beaucoup, elle est extrêmement précieuse concernant Life of Chuck, film qui appelle mille et unes questions une fois le générique de fin défilant et auxquelles le cinéaste va pouvoir répondre. Egalement au menu, des entretiens avec Tom Hiddleston (13 min.), Chiwetel Ejiofor (10 min.) et Mark Hammil (8 min.). Et pour finir, un super making of de 16 minutes généreux en images de tournage et laissant la part belle à la fameuse séquence de danse avec Tom Hiddleston. Les deux bandes annonces du film complètent tout cela. On est comblés.

 

 

Par Nicolas Rieux

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