Nom : Postia pappi Jaakobille
Père : Klaus Härö
Date de naissance : 2015
Majorité : 09 mars 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : Finlande
Taille : 1h14 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Kaarina Hazard (Leila), Heikki Nousiainen (Jacob), Jukka Keinonen (facteur), Esko Roine (chef de la prison)
Signes particuliers : Petit conte dramatique par la forme, grand film poétique par le coeur.
LE PRÊTRE DU RÉCONFORT
LA CRITIQUE
Résumé : Condamnée à perpétuité pour meurtre, Leila est mystérieusement libérée après seulement douze ans. Envoyée auprès d’un vieux prêtre aveugle et isolé pour être sa nouvelle assistante, elle devra répondre à l’abondant courrier qu’il reçoit chaque jour. Indifférente à tout cela, Leila va tenter de profiter de la cécité de son hôte…
Klaus Härö n’est pas vraiment ce que l’on pourrait appeler une figure tutélaire du cinéma finlandais. Même si le cinéaste s’active depuis plus de vingt ans à travers des courts et des longs-métrages, le bonhomme n’a pas encore un nom à forte résonnance internationale. Et pourtant, trois de ses films ont déjà été sélectionnés pour représenter la Finlande aux Oscars ou aux Golden Globes. Parmi ces trois films en question, il y a ce Lettres au Père Jacob, petite douceur dont la production a débuté en 2009 et qui ne nous parvient qu’aujourd’hui. Lettres au Père Jacob, c’est l’histoire d’une naissance déjà fantastique, au moins autant que ne le sera le résultat sous la caméra du talentueux cinéaste. Comme il l’explique à qui veut bien l’entendre ce quatrième effort provient d’un scénario qu’Härö a reçu un jour dans une enveloppe, accompagné d’un nom et d’un numéro de téléphone. Ce ne sera que quelques temps plus tard, alors qu’il était alité, qu’il se décidera à en parcourir ses pages. Et là, le coup de cœur. Un coup de cœur personnel pour ce script mystérieux, et aujourd’hui, un coup de cœur pour nous devant cette merveille venue du Nord.L’AVIS :
Lettres au Père Jacob est de ces petites œuvres délicates que l’on se verrait bien volontiers ranger dans la catégorie des modestes friandises aussi délicieuses au palais que merveilleuses au regard. Accompagné de seulement quatre comédiens qu’il met en scène dans une sorte de nouvelle cinématographique à la fois courte et concise, du moins juste ce qu’il faut pour ne pas se perdre en digressions malvenues torturant maladroitement la pureté de son récit (1h14 en tout et pour tout), Klaus Härö signe un conte bucolique traversé d’émotions, d’intelligence et d’une chatoyante subtilité. Sur fond d’une histoire de rencontre magnanime et de rédemption difficile touchée par la grâce, Lettres au Père Jacob nous emporte dans un tourbillon profondément émouvant, qui ne nécessite aucune péripétie rocambolesque ou aucun nœud dramatique palpitant, pour faire naître une intensité de chaque instant. Deux personnages centraux qui essaient de s’apprivoiser, des échanges d’abord compliqués, et puis un cheminement d’une immense humanité, pétri dans la justesse, dans la drôlerie entremêlée à la mélancolie, et enfin dans une atmosphère solaire qui embrase l’écran tel une allumette soufflée sur un feu de paille. Pure comme de l’eau de roche, l’histoire au cœur de Lettres au Père Jacob attendrit d’abord, bouleverse ensuite, avant de nous laisser sur le souvenir d’un songe sublime, paisible, éclairé par une sagesse admirable et une atmosphère de douce quiétude. Et c’est au terme d’une belle balade enchanteresse, que l’on peut laisser divaguer cette pépite venue de nulle part, qui nous aura offert une parenthèse d’une rare magnificence, non seulement de fond, mais aussi de forme, entre sa splendide photographie et son sens du cadrages toujours centré sur l’important. Une parenthèse que l’on aura immédiatement envie de partager avec son prochain. Follement lumineux, Lettres au Père Jacob est un coup décoché en plein cœur, à la fois récit initiatique et crépusculaire, porteur d’une belle réflexion sur notre place et notre valeur dans le monde, dans nos moments forts comme dans nos moments faibles. Somptueux.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux