Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Les Héritiers
Père : M.C. Mention-Schaar
Date de naissance : 2013
Majorité : 1er avril 2015
Type : Sortie DVD & Blu-ray
(édité chez TF1 Vidéo)
Nationalité : France
Taille : 1h45/ Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Ariane Ascaride (Mme Gueguen), Ahmed Dramé (Malik), Noémie Merlant (Mélanie), Geneviève Mnich (Yvette), Stéphane Bak (Max), Wendy Nieto (Jamila), Aïmen Derriachi (Saïd), Mohamed Seddiki (Olivier/Brahim), Naomi Amarger (Julie), Alicia Dadoun (Camélia)…
Signes particuliers : Un film édifiant et bouleversant, à montrer dans toutes les écoles.
LES JEUNES HÉRITIERS DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉ
LA CRITIQUE
Résumé : D’après une histoire vraie. Lycée Léon Blum de Créteil, une prof décide de faire passer un concours national d’Histoire à sa classe de seconde la plus faible. Cette rencontre va les transformer. L’INTRO :
Inspiré d’une histoire vraie aussi étonnante que profondément touchante, Les Héritiers, troisième long-métrage de la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar (Ma Première Fois, Bowling), vient s’inscrire dans la lignée des œuvres sociales les plus brillantes sur le milieu scolaire français, dont l’un des meilleurs représentants était jusqu’ici l’excellent Entre les Murs de Laurent Cantet. La cinéaste s’est penchée sur le vécu d’une classe de seconde du Lycée Léon Blum de Créteil, réputée difficile. Personne ne donnait cher de ses pensionnaires. Personne en dehors de leur professeure d’histoire, qui a décidé de fédérer ses élèves autour d’un projet de travail collectif, dans le cadre d’un concours national sur la déportation et la résistance au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Un épisode qui transforma à jamais ces adolescents et pour preuve, l’ébauche du scénario a été apporté à la metteur en scène par Ahmed Drame, aujourd’hui comédien (Les Petits Princes) mais avant, ancien élève de cette classe ayant vécu l’aventure incroyable narrée par le film.L’AVIS :
Récit pédagogico-social qui ne s’enferme pas dans la seule peinture des banlieues difficiles mais qui a cette intelligence rare de s’ouvrir sur tellement plus, Les Héritiers appartient à cette catégorie de films que l’on souhaiterait voir être montrés dans toutes les écoles de France et de Navarre. Un hommage poignant à l’abnégation des membres valeureux du corps enseignant, un hommage fort au combat permanent contre le racisme, un hommage à la mixité, à la transmission du savoir, au devoir de mémoire, aux valeurs fondamentales d’entraide, d’unité, de compassion, de fraternité, de respect de l’autre… Autour de ces jeunes « héritiers » de l’histoire, nouveaux détenteurs du passé de l’humanité qui se transmet de génération en génération, Marie-Castille Mention-Schaar signe un film bouleversant, intelligent, édifiant et surtout ludique, évoluant gracieusement entre drame, humour et portrait de société à la fois subtil et clairvoyant. Un film presque initiatique sur un processus pédagogique transformateur, animé d’une vitalité remuante qui en ferait presque un feel good movie d’un nouveau genre. Car malgré un sujet lourd à l’image de l’intervention-témoignage de Léon Zyguel, ancien déporté et survivant d’Auschwitz, et le tableau féroce d’un lycée catégorisé « en difficulté » aux tensions nombreuses, Les Héritiers trouve son chemin vers la lumière, devenant une œuvre énergique et galvanisante, dont la douce naïveté et la confection un peu démonstrative, n’est que le reflet bouleversant de ses folle intentions humanistes porteuses d’espoir. On est foudroyé sur place par cette fable citoyenne digne et jamais démagogue, illuminé par ses jeunes comédiens professionnels ou non, dirigés par une émouvante Ariane Ascaride. On adore.
LES SUPPLÉMENTS
Les suppléments ajoutés en complément au film ne sont pas seulement intéressants, ils sont importants. Au moins autant que le film lui-même. A commencer par le passionnant making of de 25 minutes consacré au tournage et à l’histoire vraie qui a inspiré Les Héritiers. On pénètre dans ces coulisses en compagnie d’Anne Anglès, la véritable professeur d’histoire de cette classe de seconde du Lycée Léon Blum dont le film raconte l’aventure humaine et pédagogique, et qui exerce toujours aujourd’hui. Par l’intermédiaire d’une banale rentrée des classes, ce making of nous permet de faire brièvement connaissance avec ce professeur emblème de l’intelligence d’un métier mené avec sagacité. Entre interviews des différents protagonistes et nombreuses images du tournage, ce making of aux allures de mini-documentaire, nous permettra de reconstituer le fil du projet et sa confection sur de nombreux points, atypique. Ariane Ascaride, la cinéaste Marie-Castille Marion-Schaar et une bonne partie des jeunes acteurs interviendront tout au long de cette plongée derrière le film. A commencer par sa genèse, sous l’impulsion d’Ahmed Dramé, qui du haut de ses 19 ans, est venu chercher la cinéaste pour lui proposer de raconter l’histoire vécue par sa classe. Les images du tournage ne manqueront pas d’étonner, montrant vraiment à quel le tournage fut haut en couleur, à l’image de la classe elle-même. La metteur en scène comme Ascaride, expliquent avoir eu 23 ados à gérer et le pugilat ambiant à l’écran se retrouve parfois sur le plateau où cette joyeuse bande dissipée devait être pas tenu de main de… maître. Il sera drôle de voir la réalisatrice devoir les recadrer comme de véritables élèves. On retiendra également le passage de la venue de Léon Zyguel sur le plateau, pour sa scène marquante où il revient devant cette classe reconstituée, sur l’horreur et les affres de la déportation. Avant que les apprentis comédiens reviennent sur comment cette scène a été tournée et surtout vécue. Un temps fort de ce making of.
Seconde partie de ces suppléments, seize minutes de scènes coupées. Nombreuses étaient intéressantes. De fait, on regrettera de pas avoir la justifications des choix de la cinéaste pour ces coupes, même si elle paraîtra rapidement évidente. Beaucoup concernaient des scènes en dehors de l’histoire, étoffant l’intimité des personnages ou sortant du huis clos scolaire. On comprend d’elles, que le film a accumulé des heures de rushes et que sa ligne directrice s’est finalement construite sur la table de montage, pour prendre sa forme définitive focalisée non plus sur les personnages, mais sur l’aventure humaine. Enfin, il n’était pas possible de ne pas mettre en lumière la fameuse intervention bouleversante évoquée ci-dessus avec Léon Zyguel, venu sur le plateau pour rencontrer les jeunes comédiens du film et confier son expérience des camps devant cette assistance médusée. Quelques minutes marquantes et inoubliables dans le film, mais que l’on retrouve en quasi-intégralité dans ces bonus (32 minutes). Un échange précieux doublé d’un moment de mémoire unique, tourné en une seule prise et sans aucun langage cinématographique, la cinéaste ayant préféré posé ses caméras pour laisser l’homme s’exprimer naturellement, en prenant soin de capter les réactions et les questions de cet auditoire. Ou quand le chemin du film croise la réalité. Et au passage, un hommage à Zyguel, disparu en janvier dernier.
Bande-annonce :