Contrairement à ce que l’on pourrait penser, même un mauvais script de piteuse série B prédestinée à finir dans les bacs promo à 2€ chez Auchan, c’est long à écrire. Alors imaginez pour un bon film. Il faut souvent des mois et de nombreuses versions pour parfaire un scénario abouti, pour avoir la bonne structure, pour bien caractériser ses personnages, trouver les bons enchaînements, écrire les bons dialogues. Et malgré ça, on peut très bien avoir un script entre le béton et l’or massif, il pourra toujours y avoir des petites améliorations. Un producteur émettra un commentaire, l’aspect financier obligera à changer un passage, le réalisateur retouchera l’ensemble à sa guise… Puis il y a les comédiens qui vont s’en emparer à leur manière. Ça s’appelle le jeu d’acteur. Et parfois les grands génies ont cette faculté de sortir l’improvisation qui change tout, d’imaginer sur l’instant la ligne de dialogue ou le geste qui manquait, d’inventer dans le feu de l’action le détail qui restera. C’est ainsi que malgré le talent de bien des scénaristes, des répliques ultra-cultes vont naître de manière complètement fortuite à même le plateau. Alors non amis scénaristes, vous ne servez pas à rien, mais c’est vrai qu’on vous vole parfois un peu la vedette…
Taxi Driver. Si l’on devait retenir une seule chose, genre si on voulait faire deviner le titre du film à quelqu’un, on n’irait pas par quatre chemins, il suffirait de dire : « You’re talkin’ to me ? ». C’est probablement l’une des répliques les plus célèbres de l’histoire du cinéma, reprise mainte et mainte fois en hommage/citation/référence dans des dizaines de films. Et bien si la scène où De Niro se parle à lui-même devant son miroir était bien dans le script, cette réplique cultissime a totalement été improvisée par le comédien. En effet, Scorsese lui avait juste demandé de dire ce qu’il voulait. En même temps, De Niro et génie, c’est pas un synonyme ?
Titanic. Qui ne se souvient pas du mythique « Je suis le Roi du monde » crié par Leonardo DiCaprio depuis la proue avant du bateau ? Une scène légendaire. Encore une fois, une improvisation. Et oui, James Cameron n’avait pas écrit cette réplique culte. C’est DiCaprio, porté par l’instant, qui l’a inventée dans le feu de l’action.
Full Metal Jacket. L’une des (voire la) scènes les plus cultes du film, c’est à n’en pas douter ce monumental monologue du sergent-instructeur Hartman accueillant ses nouvelles recrues. Un moment de diatribe épique qui a, en grande partie, été improvisé. Et pour cause, le sergent-instructeur Hartman était joué par Ronald Lee Ermey, un ancien véritable instructeur dans les Marines qui est devenu acteur après sa carrière militaire. Une impro qui participa sans doute à sa nomination au Golden Globe du Meilleur Acteur dans un Second Rôle. Allez pour le plaisir…
Die Hard : Parmi les marques de fabrique de la saga, il y a ce running gag verbal de John McClane que rtout fan attend à chaque opus de la franchise, le fameux « Yippee-ki-yay motherfucker ». Et bien lui aussi est le fruit d’une totale impro de Bruce Willis ! L’acteur raconte : « C’était improvisé. Alan Rickman jouait si bien le mauvais garçon qu’il me provoquait sans cesse. Et puis, pendant une prise, c’est sorti tout seul. »
Les Dents de la Mer. Le classique de Steven Spielberg regorge de scènes cultes. Côté dialogue, c’est le fameux « Il va falloir un plus gros bateau » qui est resté dans les annales et qui est souvent cité par-ci par-là tant la phrase est devenue légendaire. Encore une improvisation de son auteur, l’acteur Roy Scheider !
L’Empire Contre-Attaque. Vous vous souvenez de ce passage romantico-mythique où Han Solo parle avec la Princesse Leia avant d’être réfrigéré, cette dernière lâchant son très attendu « Je t’aime » ? Le malicieux « Je sais » que répond Han Solo est aussi une improvisation d’Harrison Ford qui était censé répondre un classique « Moi aussi » mais qui y est allé au feeling en accord avec le caractère sûr de lui et facétieux de son personnage.
Voilà pour quelques exemples parmi des dizaines que l’on aurait pu citer comme le cultissime « Heeeeeeeere’s Johnny » de Jack Nicholson dans Shining quand il passe la tête à travers la porte, ou le bruit le plus agaçant du monde dans Dumb et Dumber (merci Jim Carrey et sa folie !). Et hors dialogues, on pourrait aussi évoquer cette scène où Heath Ledger en Joker emprisonné applaudit Jim Gordon dans The Dark Knight, image devenu un classique du GIF. Ou encore le glaçant petit bruit de langue que fait Anthony Hopkins alias Hannibal Lecter face à Jodie Foster dans Le Silence des Agneaux. Impro encore. Idem dans Indiana Jones : La Dernière Croisade, quand Sean Connery gifle son fils Harrison Ford. Improvisé et inattendu ! Et que dire du monologue de Marlon Brando dans Apocalypse Now !
Bref, le cinéma est une infinie histoire d’improvisation géniale à l’image de l’hallucinant « humming » de Matthew McConaughey dans Le Loup de Wall Street. Totalement improvisé et devenu culte. D’autres impro célèbres vous viennent en tête ? Faites nous partager !
Par Nicolas Rieux