Naomi Watts s’est imposée à Hollywood mais ce ne fut pas une partie de plaisir, loin de là. On connaît la chanson, la jungle hollywoodienne est impitoyable pour les nouveaux venus qui viennent y tenter leur chance en rêvant de percer.
Dans les années 90, la comédienne anglo-australienne a pas mal galéré pour s’en sortir, jonglant avec les petits rôles. Mais malgré toute la bonne volonté qu’elle y mettait, sa carrière ne semblait pas vouloir décoller. Au point qu’elle a failli baisser les bras. En 1999, Naomi Watts décroche un rôle dans une future série télévisée réalisée par David Lynch : Mulholland Drive. En effet, le cinéaste avait originellement conçu ce qui deviendra l’un de ses films cultes, comme une série pour ABC. Le tournage du pilote a lieu en février 1999 et Naomi Watts est enfin confiante sur son avenir. La routourne va peut-être enfin tourner comme dirait Ribéry. Et si cette fois c’était la bonne ? Pas de bol, tout va se casser la gueule en quelques mois.
Le montage terminé, Lynch présente le résultat à ses producteurs… qui détestent. Le pilote est trop long et trop lent, le scénario est trop compliqué et pas linéaires, les actrices sont jugées trop vieilles pour leur rôle et plusieurs autres détails futiles entérinent leur jugement. Le pilote ne sera pas diffusé. La série Mulholland Drive tombe à l’eau. David Lynch retourne à ses autres projets et pour Naomi Watts, c’est la désillusion avec l’obligation de repartir dans ses galères d’argent et de recherche de boulot. Jusqu’en 2000. Pierre Edelman, producteur chez StudioCanal, rencontre Lynch et le convainc de lui montrer ce fameux pilote dont il ne voulait plus entendre parler (pour essayer de satisfaire ses producteurs d’ABC, il avait massacré son travail originel à contrecoeur). Edelman est intéressé et propose à David Lynch de transformer ce pilote de série en un long-métrage de cinéma. Après avoir récupéré les droits auprès de ABC moyennant finance, StudioCanal produit le film et Naomi Watts est rappelée pour tourner 50 minutes de scènes additionnelles en octobre 2000. Sauf que sa situation s’est gâtée entretemps.
Dans le rouge à la banque, Naomi Watts tourne ses scènes mais dans la foulée, elle est expulsée de son appartement et perd sa mutuelle santé. C’est là qu’elle décide de dire stop et de rentrer en Angleterre. Adieu le rêve hollywoodien, elle aura essayé mais s’y sera brûlée les ailes. Alors que sa décision est prise, la comédienne va être rattrapée de la main in extrémis par une amie : Nicole Kidman. Elles s’étaient rencontrées adolescentes à Sydney lors d’un casting pour une pub et étaient devenues très proches. Puis Kidman a percé à Hollywood. mais la star n’a jamais oublié son amie. Nicole Kidman va parvenir à convaincre Naomi Watts d’attendre au moins que Mulholland Drive sorte en salles, sait-on jamais. Watts acceptera le deal. Bon choix. Mulholland Drive va être un gros succès critique, Prix de la mise en scène à Cannes, Oscar du Meilleur Réalisateur aux Etats-Unis, César du Meilleur Film Etranger et on en passe. La carrière de Naomi Watts va enfin décoller. Après Lynch, les plus grands l’appelleront. Elle connaîtra le succès avec le film d’épouvante Le Cercle puis tournera surtout pour Iñárritu (21 Grammes), James Ivory (Le Divorce), on la verra autant chez David O’Russell qu’en tête d’affiche chez Peter Jackson (King Kong) ou encore du côté de Cronenberg ou Haneke. Moralité : il ne faut jamais baisser les bras.