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Steven Spielberg ne s’en est jamais caché, il a profonde admiration pour le cinéma français et ses acteurs. Il suffit de jeter un œil à sa filmographie pour s’en rendre compte : François Truffaut, Nathalie Baye, Matthieu Kassovitz, Yvan Attal, Gad Elmaleh, Mathieu Amalric, Michael Lonsdale, Niels Arestrup ou plus récemment Omar Sy, l’empereur d’Hollywood a souvent employé des comédiens et comédiennes hexagonaux dans ses longs-métrages. Une seule lui résiste depuis longtemps : Juliette Binoche. Elle est un rêve pour Spielberg, qui l’admire profondément. Trois fois le cinéaste a tenté sa chance. Pour trois échecs. Binoche vient s’ajouter à sa liste « de refus made in France » déjà garnie de Jacques Dutronc (Spielberg rêvait d’en faire le méchant du premier Indiana Jones mais Dutronc refusait d’apprendre l’anglais) et de Lino Ventura (il était son premier choix pour Rencontres du Troisième Type mais l’acteur avait refusé net d’où la venue de François Truffaut).
La face de Jurassic Park aurait pu être bien différente. Initialement, Spielberg et la production avait envisagé Harrison Ford dans le rôle d’Alan Grant (finalement campé par Sam Neil) suite aux refus de Richard Dreyfus et Kurt Russell qui exigeaient des cachets trop élevés. Mais Ford ne se voyait pas rempiler sur une nouvelle franchise estampillée Spielberg si peu de temps après Indiana Jones. Face à lui ou celui qui le remplacerait, le réalisateur rêvait d’une seule personne : Juliette Binoche. La comédienne française devait tenir le rôle du Docteur Ellie Sattler, qui reviendra au final à Laura Dern. Malheureusement, à ce moment-là, Binoche avait déjà dit oui à Krzysztof Kieslowki pour jouer dans son Trois Couleurs : Bleu. Comme elle dira ultérieurement, elle ne revient jamais sur sa parole quand elle l’a donnée. Et puis le scénario de Kieslowski l’attirait davantage. C’était déjà la seconde fois que Binoche disait non à Spielberg. La première fois remontait à quelques années auparavant pour Indiana Jones et La Dernière Croisade (1989). Alors que Spielberg l’avait sollicité en personne pour lui témoigner au passage son admiration et son désir de travailler avec elle, Binoche répondît s’être déjà engagée oralement auprès de Leos Carax pour Les Amants du Pont-Neuf. Et comme elle ne revient jamais sur une parole donnée… Il y aura une troisième requête pour La Liste de Schindler (1993). Pas rancunier, Spielberg retente sa chance dans la foulée de l’échec Jurassic Park. Pour une fois, Binoche était libre et engagée sur rien. Sauf que… elle était enceinte. Et le rôle qui lui était dévolu était relativement « exigeant » d’un point de vue émotionnel dira t-on (elle y était violée, battue et tuée). Est-ce qu’il y aura une quatrième opportunité ? Affaire à suivre…
