1958. Le futur Lolita de Stanley Kubrick entre en pré-production et l’on s’active pour dénicher l’actrice idéale qui incarnera la jeune fille séduisant un professeur plus âgé, imaginée par Vladimir Nabokov dans son roman éponyme. Le rôle sera tout d’abord proposé à la jeune Sandra Dee, 17 ans, mais sa mère, qui régissait ses intérêts, ne voyait pas d’un très bon œil d’associer sa fille à ce projet controversé. Quelques semaines plus tard, c’est à Beverly Aadland que revînt la proposition. A l’époque, la comédienne, fiancée d’Errol Flynn, s’imaginait bien interpréter le personnage avec son compagnon face à elle (dans le rôle du professeur d’âge mûr qui reviendra ultérieurement à James Mason). Malheureusement, Errol Flynn décéda au même moment et l’idée de cette association tomba à l’eau. Beverly Aadland déclarera plus tard que sans la mort de son mari, ils auraient très certainement accepté de faire le film ensemble, estimant qu’ils avaient tous deux le physique idéal pour jouer les personnages (d’autant que la jeune femme avait 15 ans au moment de sa rencontre avec Flynn, liaison qui provoqua un véritable scandale à l’époque). Finalement, en 1960, c’est Sue Lyon qui rafla la mise après plusieurs essais.
Ce que l’on sait moins, c’est qu’initialement, la production voulait… Brigitte Bardot ! La française avait tapé dans l’œil des producteurs qui voyaient en elle, la comédienne parfaite pour incarner la sulfureuse Lolita à l’irrésistible charme érotisant. Surtout que l’impertinent Et Dieu créa la femme de Roger Vadim venait de faire grand bruit aux États-Unis. « BB » a donc failli jouer pour l’immense Stanley Kubrick. Ce qui a bloqué ? Nabokov tout simplement. L’auteur trouvait que Bardot était extrêmement loin de sa « créature » et qu’elle ne correspondait pas du tout à la manière dont il l’avait imaginée. Trop libérée, trop sexualisée, pas assez « innocente » et angélique. Affaire pliée, Bardot ne jouera jamais pour le grand Stanley.
Par Nicolas Rieux