Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Le Monocle Noir
Père : Georges Lautner
Date de naissance : 1961
Majorité : 04 février 2015
Type : Sortie DVD/Blu-ray
Nationalité : France
Taille : 1h28 / Poids : NC
Genre : Comédie, Espionnage
Livret de famille : Paul Meurisse (Dromand/Le Monocle), Elga Andersen (Martha), Marcel Dalio (Mayerfitsky), Olivier Despax (Frédéric de la Pérouse), Robert Dalban (Poussin), Edward Meeks (Sidney), Pierre Richard (Bergourian), Renée Saint-Cyr (Mme Hui), Bertrand Blier (Tournmire), Jacques Dufilho (le guide)…
Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : L’oeil du Monocle
Père : Georges Lautner
Date de naissance : 1962
Majorité : 04 février 2015
Type : Sortie DVD/Blu-ray
Nationalité : France
Taille : 1h45 / Poids : NC
Genre : Comédie, Espionnage
Livret de famille : Paul Meurisse (Dromand/Le Monocle), Robert Dalban (Poussin), Elga Andersen (Martha), Paul Mercey (Schlumpf), Charles Millot (Matlov), Raymond Meunier (Dugoinneau), Henri Cogan (Archiloque), Richard Larke (Cyring), Maurice Biraud (Martigue), Gaia Germani (Diana)…
Signes particuliers : Avant Les Tontons Flingueurs ou Les Barbouzes, il y avait Le Monocle. Deux joyaux de la comédie d’espionnage à la française qui sortent aujourd’hui dans de somptueuses versions restaurées.L’INTRO :
Lorsqu’il entreprend d’adapter au cinéma le roman de Rémy, Le Monocle Noir, Georges Lautner n’est pas encore le cinéaste populaire que l’on connaît aujourd’hui, à la carrière truffée de films cultes comme Les Tontons Flingueurs ou Les Barbouzes. Jeune metteur en scène d’à peine 35 ans dont la filmographie prend sa source trois ans plus tôt, il a tout de même trouvé le moyen d’enchaîner déjà quatre longs-métrages et sa toute relative expérience lui a conféré assurance et détermination. Suffisamment en tout cas pour s’affirmer avec sa cinquième réalisation, Le Monocle Noir, sans doute son premier grand film. De son aveu, le cinéaste détestait le roman du Colonel Rémy, ancien héros de guerre devenu romancier, qu’il jugeait sombre et sinistre. Fidèle au style qu’il aimera tant embrasser par la suite, Lautner souhaitait trahir le matériau d’origine pour emmener son adaptation sur les sentiers de la comédie d’espionnage, loin du sérieux rigide et militariste de l’auteur. Persuasif, il transmettra sa vision et ses convictions à des producteurs qui lui laisseront les coudées franches pour mener à bien cette mission qui va poser les bases d’un genre, et d’un pan du cinéma français des années 60. Avec l’aide du scénariste Jacques Robert, dont la plume aura signé des classiques tels que Marie-Octobre, 125 Rue Montmartre ou Le Gorille vous salue bien, Georges Lautner va donner ses lettres de noblesse au genre, qu’il saura magnifier durant une décennie bénie. Le public s’étant montré réceptif et le succès ayant été au rendez-vous, le cinéaste enchaînera avec deux autres opus, formant ainsi une trilogie délicieuse emmenée par l’excellent Paul Meurisse. L’œil du Monocle, un an plus tard en 1962, puis Le Monocle Rit Jaune en 1964. Soixante après ce triptyque culte et alors que certains de ses épisodes sont restés très longtemps inédits en DVD, la Fondation Pathé vient de procéder à la restauration des deux premiers volets de la série. Le Monocle Noir et L’œil du Monocle font peau neuve.Le Monocle, alias le Commandant Théobald Dromard, agent du Deuxième Bureau, patriote et meilleur espion du Gouvernement français, c’est d’abord un visage, une démarche, une allure, un style, une façon de parler, une personnalité. C’est surtout Paul Meurisse, l’illustre acteur français déployant dans ce rôle étincelant de richesse pour un comédien, toute l’étendue de son talent naturellement comique et hautement charismatique. Le Monocle, c’est le flegme à la française, qui tranche avec celui de nos voisins britanniques et leur James Bond. C’est aussi des mimiques, une gestuelle, un amusant raffinement en toute circonstance, un sens de la romance élégante, de la préciosité et du bon goût, de la perspicacité et du devoir. Enfin, Le Monocle, c’est aussi un univers faits d’espions-rapaces, de petites guerres entre meilleurs ennemis et c’est un fidèle compagnon de route, le sergent Poussin, incarné par Robert Dalban.
LE MONOCLE NOIR : LA CRITIQUE
Résumé : Le marquis de Villemaur a décidé d’inviter d’étranges individus dans sa demeure, afin de leur faire rencontrer un rescapé du IIIe Reich. Ainsi, il réunit un Italien fasciste, Heinrich, un Allemand et Dromard, un Français ex-commandant aveugle qui porte un monocle noir.
D’un revers d’une main fraîche et pleine de mordant, le jeune George Lautner met au rencard tout un cinéma de papa traditionnel et embourgeoisé et s’ancre dans le mouvement révolutionnaire de la Nouvelle Vague française. Étonnant pour un cinéaste qui va pourtant afficher par la suite des valeurs loin de celles des expérimentalistes Godard, Truffaut et autre Chabrol. Pourtant, à sa manière, dans un cinéma populaire et avec une comédie délicieusement plaisante, George Lautner bouleverse les conventions, les codes narratifs et stylistiques. Préfigurant les futurs Barbouzes et Les Tontons Flingueurs dans l’esprit, même s’ils seront plus classiques et calibrés, Le Monocle Noir est en revanche, bien plus inspiré en terme de mise en scène, Lautner se livrant à un incroyable exercice de style imaginatif et novateur pour l’époque.Sur un rythme palpitant en constant mouvement, le cinéaste se place au carrefour du film noir et de la comédie vaudevillesque, avec un humour qui lui sera propre et un style qui emprunte aux polars noirs américains des années 40-50. Mais Lautner apporte à ce cocktail, la petite touche qui va faire la différence. Virtuose, sa caméra saisit des angles et prend des postures qui vont apporter une originalité et une modernité à toute épreuve, à l’image du A Bout de Souffle de Godard, de deux ans son aîné. Dès les premières images et le surprenant monologue face caméra de Bernard Blier s’adressant au spectateur pour l’informer de ce qu’il va voir, Lautner surprend, déstabilise et implique le spectateur dans la folle histoire à laquelle il va assister, en rompant avec des codes d’un cinéma plan-plan qui s’était détaché de son public. Le metteur en scène s’inspire au passage de ce que faisait Sacha Guitry depuis des années, aimant ouvrir ses films en conversant avec son auditoire. Un film où les anciens, Blier, Meurisse et Jacques Marin, Dufilho, Blanchar, délectent avec leurs répliques bien senties. Un vrai chef d’œuvre d’humour haletant.Les décennies passées, Le Monocle Noir n’est pas le plus connu des Lautner, souvent masqué par le statut culte de ses triomphes à venir. Et pourtant, de la à dire que c’est son meilleur film, il n’y a qu’un pas qu’il ne serait pas injuste de franchir.
L’OEIL DU MONOCLE : LA CRITIQUE
Résumé : 1942, au large de Bonifacio. La Wehrmacht a fait immerger de l’or et des documents classés secret défense. Les espions du monde entier convoîtent ce trésor. Les services secrets français font alors appel à leur meilleur agent, Dromart, alias « Le Monocle ».
L’AVIS :
Un an après le succès commercial du Monocle Noir, Georges Lautner et sa troupe récidivent avec L’œil du Monocle. Le principe reste le même, une situation alléchante attirant les rapaces, des espions qui rappliquent de tous les pays et un jeu à suspens drolatique où l’on se tire dans les pattes, où l’on noue des alliances, où l’on se trahit et où chaque camp essaie de tirer avantage de l’affaire.
Niché dans la grande époque du policier humoristique et des films d’espionnages comiques, L’œil du Monocle amuse dès son carton d’introduction affichant une ritournelle classique tournée en dérision avec un sens malin du second degré. « Toute ressemblance entre les personnages de ce film et des personnes ayant réellement existé serait vraiment due à la fatalité » affiche, farceur, le film. Quelle meilleure entame aurait pu t-on souhaiter pour se plonger dans cette nouvelle folle bataille mettant aux prises les anglais, les russes, les allemands et les français sur fond de trésor d’Hitler convoité par tous les gouvernements post-deuxième guerre mondiale ? Les routes se croisent et s’entrecroisent, les coups de pistolets crissent, les mensonges se dessinent, les alliances s’activent, les trahisons perfides se mettent en branle, et c’est un nouveau ballet dynamique et plein d’humour qui nous comble.
Délicieusement rieur avec ses personnages subtilement croqués, ses dialogues savoureux et ses situations élaborées avec un génie comique ravissant, L’œil du Monocle est un nouveau régal jouissif où s’amoncellent les scènes irrésistibles portées par un Meurisse qui s’adonne pleinement à un humour décalé doublé d’un grand sens de l’autodérision (la séquence de la danse au restaurant, celle du dîner à la bonne franquette). Un soupçon de romance, des fusillades éclatantes, une petite touche de polar et beaucoup de drôlerie plus tard, ce second chapitre des aventures du Monocle régale.
– Très curieuse cette morphologie non ?
– Comment ?
– Une salle gueule quoi.
– Ah oui.
Comment résister à ça ? Ce serait peine perdue. Il ne reste donc qu’à profiter.
LE TEST BLU-RAY
Une fois n’est pas coutume, Pathé a fait un travail de restauration exceptionnel avec une image d’une netteté admirable, respectueuse tant de la mise en scène géniale que de la riche photographie signée Maurice Fellous. Le jeu des clairs-obscurs est sublimé par un nettoyage impeccable rendant toute la richesse du travail de Lautner, caché derrière des œuvres populaires mais travaillées. Du vrai travail d’orfèvre appuyé par un son mono-DTS très correctement amélioré. Pas de bonus si ce n’est la bande-annonce, mais pour les cinéphiles, ces éditions sont déjà des bonus à elles-seules !
EXTRAIT :
Par Nicolas Rieux