A l’occasion de la sortie du film Le Grand Jeu, première réalisation du scénariste Aaron Sorkin, nous avons pu rencontrer l’actrice Jessica Chastain pour le compte de l’émission Mardi Cinéma L’hebdo (France 2).
Synopsis : La prodigieuse histoire vraie d’une jeune femme surdouée devenue la reine d’un gigantesque empire du jeu clandestin à Hollywood ! En 2004, la jeune Molly Bloom débarque à Los Angeles. Simple assistante, elle épaule son patron qui réunit toutes les semaines des joueurs de poker autour de parties clandestines. Virée sans ménagement, elle décide de monter son propre cercle : la mise d’entrée sera de 250 000 $ ! Très vite, les stars hollywoodiennes, les millionnaires et les grands sportifs accourent. Le succès est immédiat et vertigineux. Acculée par les agents du FBI décidés à la faire tomber, menacée par la mafia russe décidée à faire main basse sur son activité, et harcelée par des célébrités inquiètes qu’elle ne les trahisse, Molly Bloom se retrouve prise entre tous les feux…
LE 03 JANVIER AU CINÉMA
Qu’est-ce qui vous a attiré vers ce projet ?
Jessica Chastain : En priorité, Aaron Sorkin. J’ai toujours voulu travailler avec lui, j’ai grandi en regardant sa série A La Maison Blanche. C’est un réalisateur très politisé, avec un grand sens de l’idéalisme. Et surtout, quel talent d’écriture ! Quand vous regardez ses films, les gens parlent d’une manière tellement plus sophistiquée que dans la vraie vie. C’est comme si vous vous leviez pour parler de manière solennelle à travers votre personnage.
Comment avez-vous préparé ce rôle ? Comme Molly Bloom au début du film, vous n’y connaissiez rien en poker vous aussi, ou vous saviez de quoi on parlait ?
Jessica Chastain : Je n’y connaissais rien en effet ! Et je ne connaissais pas l’histoire de Molly Bloom. J’ai passé pas mal de temps avec elle pour apprendre à la connaître, j’ai parlé avec des gens qui l’ont côtoyée, certains dans le cadre de parties de poker, puis j’ai lu son livre. Et je suis allée assister à un vrai tournoi de poker à New-York aussi. Après, j’ai passé pas mal de temps à travailler l’apparence physique de mon personnage, son look et ses tenues. Parce que Molly est quelqu’un qui savait se servir du désir qu’elle inspirait aux gens avec son look très sexualisé. Ca lui permettait de s’assurer un certain pouvoir dans cette industrie. C’était important pour moi de travailler cet aspect de l’histoire.
Ce qui est intéressant avec ce personnage, c’est qu’elle flirte avec l’illégalité mais sans être une mauvaise personne, elle est très sexy mais jamais vulgaire, elle est forte et fragile à la fois… C’est un peu 50 Nuances d’une Femme en fait !
Jessica Chastain : (rires) J’ai toujours aimé les personnages avec beaucoup de nuances. Je n’ai jamais été très réceptive à l’idée que telle ou telle personne est bonne ou mauvaise, que telle ou telle personne est un héros ou un vilain. Je crois que tout le monde a plusieurs facettes en soi. Molly a fait des erreurs, c’est important de le montrer, mais elle n’est pas un monstre non plus. Elle n’est effectivement pas vulgaire mais elle a su utiliser son apparence physique pour jouer avec les règles du milieu dans lequel elle évoluait, et s’affranchir de certaines barrières. C’était excitant pour moi en tant qu’actrice, c’est mieux que de ne montrer qu’un seul aspect d’un personnage.
Autre chose de fascinant, le film semble parler de poker mais en réalité, il y a beaucoup de thématiques derrière cet aspect premier…
Jessica Chastain : Oui, parce que c’est Aaron Sorkin. On a effectivement l’histoire de poker avec ce côté visuellement clinquant, mais parce que c’est lui, et qu’il est quelqu’un d’assez engagé, on a plein de choses derrière, notamment sur la politique des sexes. Il y a tout un discours sur l’évolution des femmes dans une société très patriarcale, que ce soit vis-à-vis de la famille ou de la société. Le film montre que les règles ne sont jamais les mêmes pour les femmes et pour les hommes. Pour quelqu’un comme moi, qui est assez engagée, c’était forcément très intéressant à jouer.
C’est la deuxième fois cette année que vous jouez une femme de pouvoir, une femme forte, intelligente, séductrice… mais qui finit devant les tribunaux !
Jessica Chastain : En effet ! (rires). La différence, c’est que Miss Sloane était tout le contraire de la sensualité ! Ses tailleurs étaient très sobres, la nourriture ne l’intéressait pas, le sexe était calculé… Molly, c’était l’inverse. Elle était très sensuelle, elle n’hésitait à mettre des tenus très sexy, avec par exemple des décolletés… généreux.
C’était un rôle difficile à jouer ? Je pense notamment aux dialogues, qui sont vraiment très ciselés, très vifs, très sophistiqué…
Jessica Chastain : Ce n’était pas facile en effet. Quand vous venez jouer dans un film d’Aaron Sorkin, vous savez d’avance qu’il va falloir travailler. Chez lui, chaque mot écrit est important. Je pense sincèrement que c’est le plus grand scénariste américain actuel. Avec ce qu’il écrit, vous ne pouvez pas vous permettre d’arriver sur le plateau en n’étant pas préparée. Vous devez avoir une vision du personnage et une vision générale de vos textes. Et surtout, vous ne pouvez pas débarquer et mémoriser vos dialogues sur le plateau. C’est beaucoup de préparation, d’autant que Molly est de chaque scène dans le film.
Merci. Vous livrez une sacrée performance dans le film, mais on vous souhaite quand même de ne pas avoir l’Oscar.
Jessica Chastain : Ah bon, vous n’avez pas aimé ?
Si, mais la dernière fois pour Miss Sloane, on vous avait souhaité « Bonne chance » car on était persuadé que vous allez le gagner… et vous n’avez même pas été nommée !! Donc, on tente la stratégie inverse !
Jessica Chastain : (rires) Je ne suis jamais là on m’attend !
Non mais en vrai, on croise les doigts !
Jessica Chastain : Voilà, vous allez me porter encore la poisse ! (rires)
Merci à Jessica Chastain & SND
Propos recueillis et traduits par Nicolas Rieux
Anémone
Merci pour ce concours.
Anémone
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