LE FLIC DE BEVERLY HILLS – AXEL F. de Mark Molloy : la critique du film

Comme l’immense majorité des films du genre (de Rocky à Indiana Jones en passant par Bad Boys etc…), la recette d’une suite tardive est labellisée AOP. On prend toutes les bases et les marqueurs des originaux, on ajoute quelques nouveautés (généralement une fille ou un fils histoire d’apporter un peu de jeunesse au milieu des vieux) et on saupoudre tout ça d’éléments un peu « modernes » histoire d’actualiser le plat mais tout en essayant le goût vintage d’avant. Et c’est prêt ! Ce qui nous donne ici… le flic tchatcheur Axel Foley bien sûr, une nouvelle enquête qui le ramène à Beverly Hills comme toujours, et tous les anciens copains qui ramènent leurs fraises (Judge Reinhold aka Billy Rosewood, John « Taggart » Ashton, Paul Reiser alias Friedman, Bronson « Serge » Pinchot). Côté nouveauté, Axel Foley a eu une fille devenue avocate, et c’est justement parce qu’elle est un peu dans la merde que notre flic sans peur et sans reproche va s’éterniser chez les bobos de Beverly Hills.

Les revival poussifs de ce genre sont rarement de bonnes idées. Et logiquement, ils donnent rarement de bons films. De loin, Axel F. sentait bon le désastre. À plus forte raison parce qu’Eddie Murphy a prouvé à plusieurs reprises ces dernières années qu’il est hors du coup. À plus forte raison car il est loin de sa jeunesse où sa fougue donnait tout son charme au personnage d’Axel Foley. Malmené par une critique souvent impitoyable avec les résurrections poussiéreuses de cet acabit, ce quatrième opus réalisé par l’australien Mark Molloy (un inconnu venu de la pub) est étonnement une… bonne surprise. Déjà parce qu’Axel F. évite de nous ressortir le coup vu et revu de l’ancien héros « trop vieux pour ces conneries » qui cabotine à mort pour incarner péniblement son lointain passé. Le Axel Foley de 2024 est fidèle à celui qu’il a été, en un peu plus vieux certes, en un peu plus mature aussi (du moins à sa manière) et surtout en beaucoup plus touchant. Là où les précédents opus jouaient essentiellement la carte du pur film policier comique, ce quatrième volet se charge d’un ton plus dramatique, plus grave, plus mélancolique, articulé autour de l’histoire d’un père qui a un peu tout raté avec sa fille (Taylour Paige). L’un peine à accepter ses erreurs, l’autre a grandi avec une rancoeur compréhensible, et difficile est la possible réconciliation de ces deux âmes qui souffrent chacune de leur côté avec un immense mur de non-dits qui les sépare. C’est dans ce ton un peu triste et teinté d’amertume que Axel F. trouve son plus beau visage, souvent émouvant, parfois bouleversant même. Très bien écrite et captée avec une profonde sensibilité, cette confrontation entre un flic qui a parfois oublié d’être un père et une fille qui a transformé sa colère en bouclier infranchissable, donne quelques belles scènes qui confèrent une réelle épaisseur au coeur du film… à avoir la nouvelle virée attendue d’un certain flic à Beverly Hills.