Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Forushande
Père : Asghar Farhadi
Date de naissance : 2016
Majorité : 28 septembre 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : Iran
Taille : 2h20 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Shahab Hosseini, Taraneh Alidoosti, Babak Karimi, Farid Sajjadihosseini, Mina Sadati, Maral Bani Adam…
Signes particuliers : Après deux réussites acclamées (Une Séparation puis Le Passé), l’iranien Asghar Farhadi trébuche.
UNE LEÇON DE MORALE MARTELÉE SANS FINESSE
LA CRITIQUE
Résumé : Contraints de quitter leur appartement du centre de Téhéran en raison d’importants travaux menaçant l’immeuble, Emad et Rana emménagent dans un nouveau logement. Un incident en rapport avec l’ancienne locataire va bouleverser la vie du jeune couple.L’INTRO :
Bête de festivals collectionnant les récompenses internationales depuis plusieurs années maintenant après A Propos d’Elly, Une Séparation ou Le Passé, l’iranien Asghar Farhadi signait son retour sur la croisette avec Le Client, un pur drame mâtiné de tragédie théâtrale et de thriller intimiste, suivant les pas d’un couple contraint et forcé de quitter leur appartement menacé d’effondrement en raison de travaux avoisinants. Parachuté dans un petit trois pièces loué par un ami, un événement va faire voler en éclat leur quotidien, leur nature profonde, et leur regard l’un sur l’autre. Un film voulu poignant, qui s’ouvre sur un fabuleux plan-séquence désarçonnant. La tempête avant le « calme »…
Figure du cinéma de son pays et généralement fin portraitiste de la société iranienne moderne et du couple, un sujet qu’il aime travailler en s’invitant dans l’intimité et le personnel, Asghar Fahradi aura déçu cette année à Cannes avec sa nouvelle œuvre, néanmoins récompensée du prix du meilleur scénario. Ironie du sort, c’est probablement l’une des plus grandes faiblesses de ce drame adossé sur une bonne intention de départ, mais traitée avec une trop forte inertie, avant de se prendre les pieds dans son propos moralisateur et manquant de finesse. Le Client est lourd, autant dans la démonstration que dans son étalage psychologique, ses ressorts sont visibles au grand jour, sa sensibilité est artificielle, et Farhadi tourne beaucoup en rond autour de son idée sans vraiment savoir comment l’alimenter avec pertinence, recyclant avec redondance les mêmes plans tout du long. Même si la peinture d’un trauma et ses conséquences peut trouver des fulgurances de justesse au détour de quelques scènes intéressantes, on peine à s’émouvoir et à ressentir viscéralement ce qui nous est conté, aussi bien au centre qu’à la périphérie de cette œuvre évoquant en filigrane, les pertes de repères de la société iranienne changeante. On passera sur les nombreuses petites incohérences et grossières ficelles narratives, qui ne sont finalement que des détails dans cet échec fort maladroit et marqué par un caractère bien terne. Finalement, là où Farhadi est le meilleur, c’est quand il parle du couple. Il le fait encore une fois, brillamment mais par intermittence.
EXTRAIT :
Par Nicolas Rieux