Nom : La Glace et le Ciel
Père : Luc Jacquet
Date de naissance : 2014
Majorité : 21 octobre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h28 / Poids : NC
Genre : Documentaire
Livret de famille : Claude Lorius (lui-même), Michel Papineschi…
Signes particuliers : Un documentaire d’exception, suivant un grand homme de science pour un voyage dans le passé et le présent, à la force d’images follement splendides de l’Antarctique. Le documentaire à voir cette année !
IL AVAIT TOUT PRÉDIT, L’HISTOIRE LUI A DONNÉ RAISON
LA CRITIQUE
Résumé : Luc Jacquet met en scène l’aventure de Claude Lorius, parti en 1957 étudier les glaces de l’Antarctique. Il nous raconte l’histoire d’une vie extraordinaire de science et d’aventure, consacrée à percer au plus profond des glaces de l’Antarctique les secrets bien gardés du climat.L’INTRO :
Prolifique réalisateur de documentaires animaliers, en activité depuis le début des années 90, Luc Jacquet a acquis une notoriété internationale avec son célèbre La Marche de l’Empereur, poignant récit au cœur de la banquise de l’Antarctique, du quotidien des manchots empereurs, sublimé par la musique d’Emilie Simon. Un triomphe ovationné et lardé de récompenses, qui a participé d’insuffler un regain extraordinaire à la diffusion de grands documentaires ambitieux au cinéma. Après un passage par le long-métrage de fiction avec Le Renaud et l’Enfant puis un second long-métrage documentaire avec Il Etait une Forêt, Luc Jacquet semble prêt à de nouveau émouvoir le monde entier avec La Glace et le Ciel, nouvel effort présenté en clôture du dernier Festival de Cannes.L’AVIS :
Avec La Glace et le Ciel, Luc Jacquet livre plus qu’un documentaire. Il livre le testament d’un grand homme méconnu, couché sur pellicule. Ce testament, c’est celui de Claude Lorius, scientifique spécialisé sur les régions polaires. En 1957, c’est un jeune gaillard désireux de découvrir le monde qui s’embarque pour les latitudes les plus extrêmes dans le cadre d’une mission de recherche. Ce sera un coup de foudre immédiat. Au cours des trente années qui suivront, Claude Lorius participera à 22 autres expéditions, passera au total plus d’une décennie au-delà du monde, et sa contribution à la science n’en sera que plus déterminante. C’est à cet homme aujourd’hui âgé de 83 ans, que l’on devra l’essentiel des découvertes en glaciologie et surtout, sur la corrélation entre l’activité humaine et l’écologie. Le réchauffement climatique, l’impact néfaste de l’homme sur l’environnement, la façon dont il défigure son habitat… Les travaux de Claude Lorius auront une importance capitale. 60 ans après avoir foulé le sol du Grand Sud, le glaciologue au crépuscule de sa vie, retourne en Antarctique, sous l’œil fasciné et touché de Luc Jacquet et ses caméras. Face à l’immensité blanche, le cinéaste-documentariste nous livre le récit de son existence incroyable, marquée par ses découvertes tragiques. On n’a de cesse de le dire et pourtant la prise de conscience n’a toujours pas d’impact, mais c’est une réalité qu’il nous invite à appréhender avec force et émotion. Oui, l’homme est en train d’anéantir son habitat à vitesse grand V et le pire, c’est qu’un homme l’avait prédit il y a fort longtemps, à cette époque insouciante où le progrès occupait les esprits.Portrait absolument bouleversant d’un homme qui suscite instantanément l’attention autant que l’empathie avec son visage solaire partagé entre mélancolie et luminosité, La Glace et Le Ciel est un récit à la fois fantastique et catastrophe, rétrospectif et annonciateur, mettant en parallèle la beauté de ces contrées à l’immensité presque immaculée et le tragique constat de bouleversements irréversibles qui ont endommagé à jamais l’équilibre écologique de notre belle planète bleue (et blanche). Désormais, il est impossible de parler de « la trace de l’homme sur Terre ». Il conviendrait plus d’évoquer « son empreinte destructrice ». Sans se montrer ni moralisateur ni faussement alarmiste (et pourtant, il y a de quoi), Claude Lorius nous invite juste à un voyage dans sa mémoire, dans sa vie hors du commun, il nous invite à venir à la rencontre de ce dont il est tombé amoureux il y a plus d’un demi-siècle, et qui l’a motivé à essayer de se battre pour éveiller les consciences. Malheureusement, il nous invite aussi à venir constater par nous-mêmes que ces prédictions décennales se sont réalisées. La Glace et le Ciel est sans doute la dernière fois que ce vieil homme de science profondément attachant, s’exprimera de la sorte et il serait criminel de décliner l’invitation car ce voyage dans le temps articulé avec les conséquences prédites à notre époque, vaut le détour.Formellement sublime, narrativement construit contre un incroyable récit d’aventure, visuellement d’une beauté unique et renversante, riche en images d’archives aussi précieuses que stupéfiantes, traversé de scènes absolument bluffantes (la décente d’une montagne en plan-séquence est probablement l’un des plans les plus hallucinants vu cette année sur grand écran), La Glace et le Ciel est une démonstration. Celle de la puissance du documentaire, registre capable de fournir émotions, rires, spectacle, beauté, aventures excitantes, tensions, suspens, réflexion, le tout en étant fermement rattaché à la réalité de notre monde, de nous-mêmes et des conséquences de nos actes. Sur la base du récit d’une existence hors du commun, le nouvel effort de Luc Jacquet est tout simplement brillant, enivrante plongée au cœur de la collision entre le ressenti sublimé d’un homme de retour dans son univers et la tristesse de son regard désespéré de ne pas avoir pu changer fondamentalement les choses. Un homme qui avait prévenu que le progrès aurait un prix et qui, aujourd’hui, ne peut que constater qu’il avait raison.Claude Lorius méritait ce documentaire. L’Antarctique méritait ce documentaire. La Terre méritait ce documentaire. Et les hommes que nous sommes, ne pourront ignorer ce documentaire. Film positif malgré ce dont il témoigne, refusant l’anxiogène propre à de nombreux documentaires écologiques, et préférant s’inscrire dans la transmission du savoir en espérant trouver une résonance, avec La Glace et le Ciel, Luc Jacquet offre une ultime tribune à Claude Lorius. Et quelle tribune. Racontant le récit d’une vie reconstruite à partir d’un puzzle d’archives avec une virtuosité cinématographique exceptionnelle, La Glace et le Ciel transpire le chef d’œuvre lyrique et existentiel. Refusant le didactisme monotone et classique pour lui privilégier un langage narratif riche, recourant aux codes de la fiction pour élever son entreprise vers une rhétorique ludique follement excitante et énergique, Luc Jacquet se sert de tous les artifices du septième art pour rendre sa démarche et son propos plus forts, plus saisissants, et finalement plus efficace car plus communicatif, sans toutefois écarter l’authenticité de son sujet. La Glace et le Ciel est un modèle. Ou comment captiver le public en l’embarquant dans un documentaire comme s’il n’était pas seulement spectateur, mais aussi acteur présent à même les scènes montrées et de l’hallucinant suspens qui va naître de leur assemblage. On n’avait rien vu d’aussi poignant dans le genre depuis un bon moment. Et parce que les émotions sont le meilleur vecteur qui soit pour faire entendre quelque-chose, on ne doute pas une seule seconde que La Glace et le Ciel aura plus d’impact que bien des documentaires classiques croyant à tort, que la précision de leurs arguments suffira à décupler leur effet porte-voix. Luc Jacquet fictionnalise non pas la réalité de ce qu’il raconte mais la façon de la raconter, donnant un ton follement cinématographique à n effort d’une pertinence inouïe. Et voilà comme la vie de Claude Lorius devient l’objet d’un intense voyage. Voilà surtout comment le message qu’il aura martelé durant soixante ans, va enfin résonner à jamais par le prisme de la beauté des images et la force du cinéma. Rendez-vous en octobre !
LA BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux