Mondomètre
Carte d’identité :
Nom : Kong : Skull Island
Père : Jordan Vogt-Roberts
Date de naissance : 2016
Majorité : 12 juillet 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h58 / Poids : NC
Genre : Fantastique, Action
Livret de famille : Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, Brie Larson, John Goodman, John C. Reilly, Toby Kebbell, John Ortiz…
Signes particuliers : Du fun, toujours du fun, rien que du fun !
GORILLE DANS LA BRUME : KONG EST DE RETOUR !
LA CRITIQUE DE KONG : SKULL ISLAND
Résumé : Un groupe d’explorateurs plus différents les uns que les autres s’aventurent au cœur d’une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu’ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong…
Le plus célèbre des gorilles de l’histoire du cinéma fait son grand retour à l’écran, douze ans après la dernière version en date signée Peter Jackson. Aux commandes de Kong : Skull Island, super-blockbuster au budget pharaonique avoisinant les 200 M$, le méconnu Jordan Vogt-Roberts, dont on avait découvert le talent il y a quatre ans avec le teen movie indépendant The Kings of Summer. Le choix d’un quasi-néophyte est aussi étonnant qu’audacieux de la part du studio, d’autant plus que ce Kong pourrait être la première pierre d’une future franchise, mais Legendary Pictures semble visiblement confiant dans les capacités du jeune réalisateur, qui devrait s’atteler ensuite à l’adaptation très attendue du jeu vidéo culte, Metal Gear Solid.
Qui aurait pu croire qu’après la médiocre première scène du film, ce Kong : Skull Island allait devenir un tel plaisir coupable tout en générosité et en cool-attitude ? C’était pas évident à deviner car dès son introduction – un combat aérien au dessus du Pacifique pendant la Deuxième Guerre Mondiale – Kong balance une monstruosité aussi bien fichue qu’un meuble Conforama monté par deux manchots. D’emblée, on en viendrait presque à vouloir fuir la salle pendant qu’il est encore temps. Et puis la magie du fun opère, dans ce qui va se métamorphoser en un gigantesque film d’action jouant à fond la carte du second degré, se démarquant ainsi radicalement de la version de Peter Jackson, autant que des plus anciennes signées Merian C. Cooper & Ernest Schoersack puis John Guillermin. Avec Skull Island, Jordan Vogt-Roberts ne cherche pas à déployer une épopée romantique et lyrique à l’instar du film de 2005. Son Kong est avant une grosse distraction, ni magistrale ni émouvante, mais davantage orientée vers une volonté d’assouvir un besoin régressif de spectacle dantesque. Malgré son budget aussi vertigineux que son immense gorille, cette nouvelle relecture à l’efficacité éprouvée, a même tendance à lorgner davantage vers les codes de la série B croisée avec le Kaiju japonais, et entend proposer un savoureux cocktail fait d’action, d’horreur et d’humour. Pour se faire, Skull Island pioche dans un immense bestiaire de films allant de Jurassic Park 1 et 3 (ses inspirations les plus fortes) au King Kong de Peter Jackson, en passant par l’original de 1933, Le Monde Perdu d’Irwin Allen ou Godzilla. Sur le fond, Vogt-Roberts n’invente pas grand-chose du coup, mais sur la forme, le résultat ne passe pas à côté de la dimension épique qu’on souhaitait y trouver (la véritable première rencontre entre Kong et les envahisseurs de son territoire est un must furieusement impressionnant) et déploie une solide attraction haletante, spectaculaire et foutrement agréable !
Si visuellement Skull Island connaît quelques petits couacs éparpillés (notamment un petit lot de fonds verts et SFX ratés), l’ensemble est plutôt séduisant voire virtuose, loin du nanar redouté. Mais le vrai point fort de ce Kong 2017 est sans aucun doute, la générosité de l’aventure qu’il propose, solidement adossée à un côté hyper-fendard qui divertit de bout en bout. Utilisant bien sa représentation tout en gigantisme, Kong est un survival monstrueux dans tous les sens du terme, théâtre d’un triple affrontement, entre hommes et monstres, entre hommes et hommes, et entre créatures préhistoriques diverses entre elles. Au milieu de ce gros barnum tout en rage, en hurlements et en chair déchiquetée, Vogt-Roberts réussit à imposer quelques touches de créativité, entre séquences remarquablement mises en scène et petites trouvailles de montage inspirées. Les hommages à Apocalypse Now entrevus dans la bande-annonce sidèrent de beauté, la manière de filmer Kong et sa stature de force divine de la nature emporte grâce au souffle injecté dans les plans aériens, et on se régalera enfin de certains petits enchaînements de montage aux allures d’amusantes punchlines de réalisation. Seule véritable déception au final, au sein de cette excellente surprise inattendue, l’interprétation de son duo star, le couple Tom Hiddlestone et Brie Larson n’ayant jamais été aussi mauvais à l’écran. On sent en permanence que le tandem évolue maladroitement sur des fonds verts, et malgré leur talent indéniable, il ne se montre pas à son avantage, entre un Hiddlestone risible dans sa façon de rouler des mécaniques en bombant le torse, et une Brie Larson au regard aussi vide qu’une bouteille de vodka en fin de soirée. De quoi ramener sur terre ce blockbuster jubilatoire, mais au statut de série B de luxe.
LE TEST BLU-RAY DE KONG : SKULL ISLAND
Kong est géant. Pour la sortie vidéo, Warner se devait donc de signer une édition Blu-ray à la hauteur de son gorille monumental. Et le studio a largement relevé le pari avec une édition Blu-ray plus gigantesque que nature, proposée en Steelbook, en 3D ou en 4k. Dedans, que du bonheur. Outre le film qui affiche une qualité d’image à tomber parterre, avec un réel effort sur le piqué et l’intensité des couleurs, et une qualité sonore portée avec une très belle spatialisation à défaut d’afficher une puissance optimale (les mieux équipés se feront plaisir avec la piste Atmos, les autres auront droit à un solide DTS-HD Master Audio 5.1) même, les suppléments qui viennent agrémenter la galette sont l’autre point fort de cette édition taillée sur mesure. Dire que les bonus sont nombreux seraient un euphémisme, dire qu’ils ne sont pas passionnants serait un mensonge, quoiqu’on puisse penser du film de Jason Vogt-Roberts. Au terme de leur traversée, on aura vraiment la sensation d’avoir été immergé dans les coulisses de la production.
Les choses sérieuses commencent dès les premiers suppléments avec un double module consacré à la naissance de Kong (24 minutes au total). Divisé en deux parties, cette introduction nourrie d’interviews du réalisateur, de la distribution, d’images du film de 1933 et d’images de making of, nous permet de comprendre l’intérêt de cette nouvelle relecture. Pourquoi remaker encore King Kong ? C’est exactement la question que s’est posée Jason Vogt-Roberts lui-même quand on lui a proposé le projet. Le cinéaste explique sa démarche et sa vision avec pertinence. La deuxième partie est davantage axée sur les idées qui ont mené à la conception graphique de ce nouveau Kong. Viendra ensuite un module consacré au tournage au Vietnam. Très sympa, avec quelques images drôles comme Tom Hiddlestone s’exprimant en vietnamien, quoiqu’un peu court du haut de ses 5 minutes. Un Tom Hiddlestone que l’on retrouve dans la foulée avec le module « L’aventurier intrépide » (env. 6 minutes). L’acteur nous conduit sur le tournage du film pour un petit condensé aux allures de making of commenté. Un supplément plein d’images de making of spectaculaires, drôles ou intéressantes mais dont la durée sera une grosse frustration tant on aurait voir cette balade sur le tournage s’étaler sur plusieurs dizaines de minutes pour prendre la forme d’un vrai journal de bord. Suit une courte featurette consacrée aux photos de Brie Larson. Pour qui a vu, vient de voir ou de revoir le film, le personnage de Brie Larson n’a de cesse de prendre des photos. Figurez-vous que l’appareil en question (un vieux Leica) fonctionnait vraiment à la demande du réalisateur et que Brie Larson, une vraie artiste en la matière, a réellement pris de nombreux clichés qui nous sont ici dévoilés. Et ils sont somptueux ! Le caprice valait le coup. Très amusant, le module « Les Dossiers Monach 2.0 » est un assemblage de petits sujets faussement réels et exhumés des archives de Monarch, la société qui a organisé l’expédition narrée dans le film. Un petit coup de bluff en mode mokumentary très sympathique à visionner. Pas loin de quatre minutes de scènes coupées (rien de folichon) et la possibilité de revoir le film avec les commentaires du réalisateur sot également proposés. En somme, que du bon même si l’on regrettera seulement l’absence d’un vrai making of isolé et consistant.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux