[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Jusqu’à la Garde
Père : Xavier Legrand
Date de naissance : 2017
Majorité : 07 février 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h33 / Poids : NC
Genre : Thriller, Drame
Livret de famille : Denis Ménochet, Léa Drucker, Thomas Gioria, Mathilde Auneveux…
Signes particuliers : Une claque logiquement primée à Venise. Et ce n’est que le premier film de Xavier Legrand !
À VOIR ABSOLUMENT !
LA CRITIQUE DE JUSQU’À LA GARDE
Résumé : Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.
Pour son premier long-métrage, le réalisateur Xavier Legrand a frappé très fort, signant l’un des meilleurs films français vu depuis longtemps, et à coup sûr qui restera comme l’un des meilleurs films de l’année au moment de dresser les bilans. Face à face terrible entre un couple qui se déchire au milieu d’un divorce houleux avec en fond, le regard des enfants emportés par la bataille, Jusqu’à la Garde aborde la délicate question des violences conjugales. Il aurait été facile de tomber dans les clichés, dans le manichéisme ou dans la lourdeur. Mais brillamment, Xavier Legrand met en scène un drame dur et bouleversant porté par un immense respect pour son sujet. À l’écran, Léa Drucker et Dénis Ménochet sont époustouflants, tout comme le jeune Thomas Gioria, incroyable en garçonnet pris dans l’enfer de cette épouvantable guerre parentale. Ce trio fondateur incarne une histoire psychologique proche du fait divers tragiquement banal et authentique, laquelle prend des accents de thriller à l’intensité éprouvante quand le film se fait comme la rencontre entre Kramer contre Kramer et La Nuit du Chasseur. Mais le plus fascinant, c’est la justesse permanente qui habite ce coup de maître, chaque scène étant pensée avec un remarquable souci d’exactitude émotionnelle.
La finesse et la clairvoyance de la mise en scène de Xavier Legrand joue pour beaucoup dans la réussite de ce drame familial tenu par une tension terriblement asphyxiante et anxiogène. Contrairement à l’immense majorité des réalisateurs, le cinéaste fait confiance à l’intelligence du public et n’a pas besoin de le border pour qu’il comprenne ce qui se déroule à l’écran. Parfois sans montrer, Legrand suggère et l’on comprend ce qu’il s’est passé, se passe où va se passer. Cette économie d’inutilités très inhabituelle dans le cinéma moderne, permet de resserrer le film à l’essentiel, et de renforcer la pression qu’il exerce sur un spectateur qui ressort exténué de cette expérience qui transpire le vrai. L’absence de musique, le parti pris d’un découpage privilégiant les longs plans au sur-montage contre-productif, ou les séquences tournées (et vécues) en temps réel, ne sont que des ajouts de virtuosité décuplant l’impact d’une œuvre conférant au chef-d’œuvre, dont la formidable justesse lui permet de s’imposer comme l’une des plus redoutables sur son sujet.
Une mère déterminée, un père en souffrance, un enfant terrifié, une fille désespérée. Il ne faut guère plus que ces quatre protagonistes à Xavier Legrand, pour qu’il assène un véritable coup de poing cinématographique, aussi magistral sur le fond que sur la forme. Déchirant, réaliste, et traversé de scènes d’une force comme on en voit très rarement au cinéma, Jusqu’à la Garde est du cinéma qui prend aux tripes, du cinéma qui se vit plus qu’il se regarde, du cinéma qui marque au fer rouge. Longtemps après la séance, on peine encore à se défaire de cette claque impressionnante, d’autant plus impressionnante qu’il s’agit d’un premier film. On pourrait analyser pendant des heures tout ce qui fait de Jusqu’à la Garde, un film remarquable en tout point. Mais plutôt que de tergiverser pendant des heures, on va faire court : foncez voir le film de Xavier Legrand !
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux