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ISLAND OF DEATH (critique – horreur)

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600full-island-of-death-posterMondo-mètre :
note 5.5
Carte d’identité :
Nom : Ta Paidia tou Diavolou
Père : Nico Mastorakis
Livret de famille : Bob Behling (Christopher), Jane Ryall ou Jane Lyle (Celia), Jessica Dublin (Patricia), Gerard Gonalons (Foster), Jannice McConnell (Leslie), …
Date de naissance : 1975
Nationalité : Grèce
Taille/Poids : 1h41 – 30.000 $

Signes particuliers (+) : L’idée générale s’inscrivant dans un contexte et une époque. Un scénario pervers et malsain intéressant et un visuel affiché incroyable au vu du budget.

Signes particuliers (-) : Le film se limite à une accumulation de scènes horribles façon inventaire sans savoir quoi faire de son script. Le très cynique Mastorakis manquait de talent et de savoir-faire et voulait juste faire parler de lui en livrant le pire film jamais vu. Limité das l’idée mais tellement irréel dans les faits.

 

JE M’VOYAIS DÉJÀ EN HAUT DE L’AFFICHE…

Résumé : Christopher et Celia, un joli couple d’amoureux anglais, débarquent sur l’île de Mykonos pour des vacances. Très rapidement, leur comportement révèle qu’ils ne sont pas en vacances mais en cavale. Christopher et Celia sont de dangereux meurtriers psychopathes assassinant tout ceux qu’ils jugent pervers ou impurs…

Island of Death

Débuts des années 70. La Grèce observe de loin la libéralisation des mœurs et du cinéma, notamment aux Etats-Unis ou en Italie où le cinéma de genre, d’horreur par exemple, commence à prendre de la place et à aller de plus en plus loin dans son expression. Mais la Grèce, elle, est coincée dans la Dictature militaire qui dirige le pays et ne peut rien faire si ce n’est patienter et ravaler sa frustration. Lorsqu’en 1974 le pays est enfin libre, le régime laissant la place à la démocratie, c’est l’occasion. Du fin fond du pays, Nico Mastorakis, 33 ans, décide de saisir sa chance. Il rêve de devenir cinéaste mais n’a jamais rien fait. Fasciné par le Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper, sorti en 1973, Mastorakis entreprend de se lancer dans le même genre d’aventures. Il fait le tour de ses amis, de la famille et récolte la modique somme de 30.000 dollars. Une peccadille mais qui ça lui suffira. island-of-deathEn une semaine chrono, il écrit à la va-vite un scénario qui a pour but de le faire remarquer. Et pour cela, Mastorakis a compris que plus l’on choque,  plus on se met dans la lumière. C’est la visée suprême qu’il gardera en tête durant toute cette semaine d’écriture marathon : choquer, choquer et choquer pour faire parler. L’apprenti-cinéaste va alors pondre Ta Paidia tou Diavolou ou, à l’international, Island of Death (c’est mieux et plus vendeur) qui raconte la cavale sanglante d’un couple de tueurs psychopathes qui se réfugie dans les îles grecques, à Mykonos. Christopher et Celia forment un jeune couple britannique sympathique et amoureux au premier regard mais meurtrier et fou à lier au second. Pourchassé en Angleterre par un détective qui est sur leurs traces, ils sont venus ici sous couvert de vacances romantiques pour se mettre au vert; mais les pulsions sont plus fortes que tout et ils vont entamer un véritable massacre sur l’île cycladique. Leur motivation ? Christopher punit mortellement les gens qu’il juge pervers, impurs ou se livrant à la débauche crasse, notamment sexuelle. Homosexuels, fornicateurs, coupables d’adultères, tous y passent assassinés. Celia, elle, prend part, à la fois complice et dominée par Christopher qu’elle suit.

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Nico Mastorakis annonce la couleur ouvertement : le but de Island of Death n’est ni plus ni moins que de choquer au maximum. Il ne s’embarrassera donc pas de détails et réalisera un film proche dans l’esprit de la méthode de production de masse italienne. On copie, on boucle à l’arrache, on ne s’embête pas avec les fignolages, on fait dans la racoleur, peu importe du moment que, un, ça se regarde et, deux, ça révulse. Car qui révulse marque les esprits. Avec cette démarche, on comprend bien vite que Mastorakis n’a en réalité rien compris au classique hooperien Massacre à la Tronçonneuse dont la philosophie était à mille lieux. Mais au fond, il s’en fiche. Le néophyte n’a comme but seulement de vendre son film à l’international, de se faire connaître et l’ambitieux va y arriver sans y arriver. Oui dans le sens où son film fera bel et bien le tour du monde mais non car il sera refusé par tous les censeurs de pays en pays. Oui car cette péloche extrême aura réussi à décrocher son petit statut de « film culte » pour les geeks fous du genre mais non car, au final, Mastorakis qui rêvait de devenir un grand cinéaste d’envergure est un nom quasi-inconnu aujourd’hui malgré quelques petits films miteux dans son pays et deux-trois sorties aux Etats-Unis pour par exemple des titres obscurs comme The Naked Truth ou In the Cold of the Night (avec Tippi Hedren quand même).

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Island of Death est donc bel et bien un film culte aujourd’hui. Pas forcément pour ses qualités formelles quoiqu’on peut au moins lui reconnaître d’avoir une esthétique assez cinégénique pour un film sous-produit pour 30.000 dollars, rappelant à l’image des œuvres comme Anthropophagous de Joe D’Amato ou Les Révoltés de l’an 2000 avec son teint un peu blanchâtre légèrement surexposé lui conférant une atmosphère de songe éveillé virant au cauchemardesque. C’était pourtant pas gagné. Mastorakis recruta quelques comédiens anglophones peu farouches dans l’urgence, le mannequin Robert Behling qui essayait de se relancer au cinéma et la belle et lunaire Jane Ryall qui ne fera jamais d’autre film, et fera également appel aux touristes qu’il croisera, aux amis etc… (enfin, ceux qui acceptent de se désaper) pour tenir les rôles attenants au duo principal. Pas d’argent, pas d’équipe de tournage. Qu’importe, Mastorakis fera tout lui-même, plus économique et plus rapide. Tout sera improvisé à même le tournage et le cinéaste devra lui-même jouer dans son film (le rôle d’un écrivain) pour combler un trou au casting.

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Quasi-invisible aujourd’hui ou très difficile à se procurer, Island of Death est comme on peut s’y attendre, le film cynique par excellence, produit sans aucun notion artistique mais seulement afin d’être vendu. Mastorakis joue à fond la carte commerciale du moment : violence barbare et sexe pour espérer attirer les exploitants bis du monde entier avec un film qui fera parler de lui pour son irrespect de tout. Le jeune cinéaste a comme lister tous les tabous possibles sur une feuille en papier et a ensuite trouvé le moyen de les incorporer les uns après les autres dans son film. Amis du choquant, bonsoir. Island of Death est un amoncellement de séquences trash et hardcore aussi bien visuellement que moralement cherchant à faire du bruit. On pourra au moins reconnaître au « metteur en scène » grec, un talent de communication indéniable et un certain avant-gardisme dans le registre du « buzz ». Sexe à outrance (les deux protagonistes copulent non-stop et sont à poil la grande majorité du film), partie de jambes en l’air dans une cabine téléphonique en appelant la mère du héros pour qu’elle écoute, sodomie d’une chèvre, viol en réunion dans une baignoire, meurtre violent d’un homosexuel à deux doigts du cliché pédophilique cher à l’image de Mykonos et de la Grèce ancienne, tortures et barbarie sordides, malsain, propos racistes, sadisme, séquences trahs et chocs, toxicomanie, lesbianisme, prostitution, crucifixion, ondinisme (courage à ceux qui regarderont ce que c’est)… Island of Death ne nous épargne rien pour nous pousser dans nos retranchements et surtout pour écoeurer. Mastorakis s’applique pour qu’on se souvienne de son film longtemps. Et quelque part, il y arrive. Car on s’en souviendra de l’expérience Island of Death.

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En soi, le film est sacrément mauvais. Aucun fond, aucune idée, des fondations reposant sur un cynisme maximal, une mécanique cyclique et redondante alimentée seulement par le voyeurisme des séquences de meurtres et des scènes défiant la morale, l’absence d’une technique artistique… Island of Death ne doit son salut qu’à l’impact qu’il aura eu auprès de la communauté des fans du genre. En 1975, le film apparaissait comme un petit monument de provocation aussi bien dans son pays qu’à l’international. Et comme souvent, ce genre de petite péloche bis (car malgré ses 30.000 dollars, le film arrive à se hisser dans la catégorie bis et non Z, ce qui est plutôt louable par contre) finit par atteindre un statut non pas pour leurs qualités formelles mais pour l’état d’esprit qui les anime. Voir par exemple le classique Day of the Woman, piètre film en soi mais devenu culte. Mastorakis a bien joué son coup avec malice finalement.

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Quand on voit le résultat, on pourrait arguer autant que l’on veut le manque de moyens etc, la réalité est que Island of Death souffre surtout d’un manque de talent de la part de son auteur. Malgré son look visuellement très correct avec de belles images de Mykonos et une atmosphère bien cernée, on ressent très vite le manque de préparation des scènes, le tournage à l’arrachée, la stupidité d’un scénario mal fagoté alors que le récit aurait pu être plutôt intéressant en prime avec ses accents de The Honeymoon Killers trash. Psychotique, complètement déviant et malade, Christopher, le héros du film, n’a plus aucune conscience de la réalité environnante et voit la perversion partout au point d’avoir atteint une sorte de folie sans retour possible et sans discernement, lui qui s’adonne en contrepartie à des dérives hallucinantes et condamnables par lui-même dan sa démarche de pensée, ce qui traduit sa folie psychotique proche de la maniaco-schizophrénie (viol et meurtre d’une chèvre quand même). Sa compagne, Celia, souhaiterait que cela cesse mais est complètement dominée par son compagnon et ses réticences finiront par devenir difficiles à gérer jusqu’à un point limite, un geste, une claque assenée qui marquera le début de la déliquescence de couple meurtrier. Le fond du scénario de Mastorakis était loin d’être stupide même s’il vient emprunter à peu près tout à d’autres films avant lui.

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Inventaire des perversions possible et imaginable, Island of Death a du mal à être plus qu’un produit, à être considéré comme un film. Mastorakis lui-même le présente régulièrement comme un catalogue d’atrocités sans réel objectif derrière qui pourrait faire liant et surtout faire tenir le film au-delà de sa première demi-heure surprenante car l’on ne voit pas venir la folie de ce couple d’amoureux qui, dans un premier temps, ressemble à ces couples de touristes anglais qui se baladent en vacances dans quantité de films d’horreur (de zombie notamment). islandofdeath06Curiosité un peu malsaine, Island of Death aurait pu être une œuvre-choc intéressante à l’ambiance exotique singulière magnifiée par les paysages grecs. Mais Mastorakis n’avait pas le talent nécessaire. Quand on découvre son film, ce n’est pas la bisserie de la chose qui saute aux yeux, au contraire tant son visuel est soigné. C’est plus le ridicule d’un film s’évertuant à choquer à tout prix au lieu de se concentrer sur son récit en cherchant à être efficace tout en construisant un fond. Mastorakis était tout proche de réaliser un grand film du genre mais il n’avait pas de réel talent d’écriture pour pouvoir transcender son œuvre au-delà du feuilletage systématique et mécanique d’un bouquin sur les atrocités. Et alors que tous les ingrédients sont pourtant là, à sa disposition, dommage qu’il n’ait pas su les assembler ensemble pour esquiver l’effet « accumulation indigeste » et mettre au premier plan ce que racontait son film en l’illustrant par ses scènes chocs au lieu de faire idiotement  l’inverse. L’expérience est éprouvante, un peu lassante aussi, mais si archétypique d’une époque et d’un certain cinéma déviant et brutal. Le pire, c’est qu’on se prêterait presque malsainement à apprécier au bout d’un moment et à lui trouver un certain charme inexplicable…

Un trailer allemand disponible :

Ou à défaut, ce trailer modernisé posté sur youtube par le réalisateur lui-même, très bien fait mais qui en montre un peu trop :

Photos supplémentaires :
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