Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Iris
Père : Jalil Lespert
Date de naissance : 2015
Majorité : 16 novembre 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h45 / Poids : NC
Genre : Thriller, Polar, Policier
Livret de famille : Romain Duris, Charlotte Le Bon, Jalil Lespert, Camille Cottin…
Signes particuliers : Après son très bon biopic sur Yves Saint-Laurent, Jalil lespert rate son virage vers le polar.
MEURTRE, COMPLOT ET SADO-MASCHISME CHEZ JALIL LESPERT
LA CRITIQUE DE IRIS
Résumé : Iris, la femme d’Antoine Doriot, un riche banquier, disparaît en plein Paris. Max, un jeune mécanicien endetté, pourrait bien être lié à son enlèvement. Mais les enquêteurs sont encore loin d’imaginer la vérité sur l’affaire qui se déroule sous leurs yeux.Quelque part entre le thriller manipulateur à la Hitchcock et le polar sulfureux à la Verhoeven, Iris, le nouveau long-métrage de Jalil Lespert deux ans après son brillant biopic sur Yves Saint-Laurent (version Pierre Niney), plonge une galerie de personnages troubles dans une enquête vénéneuse cherchant à ensorceler le spectateur à travers un univers sombre et inquiétant, sans cesse remué par des rebondissements brouillant les cartes du tangible. Avec Iris, on voudrait se raccrocher à tout, mais on ne peut croire en rien car tout n’est que fausses pistes. Avec ce quatrième effort derrière la caméra, Jalil Lespert signe un remake librement adapté du film japonais Chaos, réalisé par Hideo Nakata en 1999. Un pari audacieux et une entreprise risquée pour l’acteur-réalisateur, qui offre le premier rôle au solide Romain Duris, accompagné de Charlotte Le Bon, Camille Cottin et lui-même.A travers ses trois premières réalisations, Jalil Lespert s’est affirmé comme un cinéaste à la fois talentueux et mature. Il fallait au moins ça pour tenter d’adapter en France, ce récit pervers et malsain narrant la descente aux enfers d’un jeune mécanicien au passé mouvementé, impliqué dans l’enlèvement de la femme d’un riche banquier. Mais derrière les apparences, se cachent bien d’autres vérités que deux enquêteurs vont progressivement découvrir.
Avec Iris, Jalil Lespert épouse totalement la philosophie « puzzle » de son histoire dédaleuse, dans l’écriture comme dans la mise en scène. Une intention qui donne au film à la fois toute sa force apparente, mais aussi, sa plus grande faiblesse. D’un côté, Iris tente de fonctionner intelligemment comme un long-métrage retors dont les pièces s’emboîtent pas à pas, usant de nombreux chemins de traverse et d’effets de miroirs, pour mieux nous perdre et nous prendre dans sa complexe toile d’araignée. De l’autre, cette dynamique narrative rarement bien maîtrisée, a tendance à nous détacher de toute immersion possible, rendant le spectateur plutôt passif devant un tableau tortueusement confusant, voire quasi replié sur lui-même. D’autant que ses effets de manche scénaristiques semblent être bien souvent, un moyen de camoufler la trop grande simplicité d’une intrigue finalement pas très novatrice, limite usée. Chargé dans le trait pour tenter de rendre ambitieuse, une histoire qui ne l’est pas tant que ça dans le fond, Iris compte alors sur l’élégance de sa mise en scène qui répond à la perversion d’un récit manipulateur, et essaie de s’appuyer sur les prestations aiguisées de ses comédiens impliqués, malheureusement pas tous forcément au diapason les uns des autres. Pour d’excellentes Charlotte Le Bon ou Camille Cottin, un Romain Duris que l’on a rarement vu aussi cabotin et un Lespert dont on a déjà fait le constat qu’il est meilleur metteur en scène que comédien.
Film d’illusions qui essaie lui-même de faire illusion, plus vain et artificiel qu’il n’y paraît de premier abord, Iris évolue sur un filin rendu trop fragile par le poids de ce qu’il veut porter. Le résultat est sans cesse en équilibre entre le vénéneux fascinant et le grotesque dès plus risible, et l’on sort de cette plongée infernale avec un sentiment partagé. Réussite en demi-teinte ou raté traversé de quelques fulgurances, difficile à dire dans un premier temps. Sauf que le temps, c’est justement ce qui finit par tuer l’entreprise de Lespert. Alors que le soufflet retombe, les incohérences de l’intrigue remontent à la surface et trahissent un film qui vrille du mitigé vers le glacial. Iris est loupé dans les grandes largeurs, et son sérieux finit par en devenir comique. C’était ce qui pouvait lui arriver de pire.
BANDE-ANNONCE :
Par David Huxley