Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : How I Live Now
Père : Kevin MacDonald
Livret de famille : Saoirse Ronan (Daisy), George Mackay (Eddie), Tom Holland (Isaac), Harley Bird (Piper), Anna Chancellor (Tante Penn), Natasha Jonas (Natasha), Danny McEvoy (Joe)…
Date de naissance : 2013
Majorité : 12 mars 2014 (en salles)
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h46
Poids : Budget NC (petit budget)
Signes particuliers (+) : Pari narratif et thématique ambitieux, How I Live Now parvient on ne sait trop comment à fasciner et emporter par l’intelligence diffuse de son approche et la beauté formelle envoûtante qui animent cet étrange « teen movie » romantico-aventureux sur fond d’apocalypse nucléaire. Sans doute parce qu’épisodiquement, dans sa confrontation de l’innocence des jeunes années et de la cruauté du monde adulte, Kevin MacDonald saisit des séquences qui s’impriment irrémédiablement sur nos yeux.
Signes particuliers (-) : Mais évoluant sur un filin trop fragile pour soutenir la richesse de ses intentions, le film vacille plus d’une fois, peinant à développer et exploiter pleinement son récit à force d’esquiver les bonnes idées qui s’offraient à lui et de réduire sa dramaturgie au strict minimum par manque d’emprise sur son histoire, d’où un frisson romanesque contraint par une somme de maladresses et une forme de platitude conférant tour à tour à la fainéantise, au manque d’inspiration voire parfois à la naïveté.
ROMANCE ET TROISIÈME GUERRE MONDIALE
LA CRITIQUE
Résumé : Daisy, une adolescente new-yorkaise, passe pour la première fois ses vacances chez ses cousins dans la campagne anglaise. Rires, jeux, premiers émois… Une parenthèse enchantée qui va brutalement se refermer quand éclate sur cette lande de rêve la Troisième Guerre Mondiale…
L’INTRO :
Pour son quatrième long-métrage de pure fiction, le réalisateur du Dernier Roi d’Ecosse Kevin Macdonald adapte librement le best-seller de Meg Rosoff paru en 2004, How I Live Now (Maintenant c’est ma vie en français) où l’histoire d’une adolescente new-yorkaise peste et rebelle, envoyée chez des cousins en Grande-Bretagne quand éclate la Troisième Guerre Mondiale. L’apprivoisement d’un nouveau cadre de vie, la naissance d’une romance, le « jour où tout bascule » et un long périple parsemés de dangers en mode survival à travers l’Angleterre, seront les principaux ressorts dramatiques d’un sorte de teen movie apocalyptique qui, sur le papier, semblait follement excitant et dont les premières images dévoilées ne feront que renforcer l’attente intriguée autour d’un film paraissant épouser une folle beauté. Devant la caméra, Macdonald souhaitait faire appel à un casting composé de jeunes acteurs inconnus et ce sera majoritairement le cas, exception faite de son héroïne personnifiée par la néo-chouchoute hollywoodienne au prénom imprononçable Saoirse Ronan, tellement bluffante aux auditions qu’il fut impossible de lui refuser le rôle, dixit le metteur en scène. On avait hâte !
L’AVIS :
Instantanément, How I Live Now convoque une foule de références sans curieusement ne jamais ressembler à aucune d’entre elles. En premier lieu sur l’étagère, on pense au classique de John Milius L’Aube Rouge et ses remakes officiels ou non. A La Route aussi, voire même parfois à Hunger Games. Mais le film, comme le livre avant lui, en sont finalement suffisamment éloignés tant dans le déroulé de son histoire, que dans le registre auquel il se rattache ou les thématiques défendues, qu’il parvient à trouver sa propre voie et identité personnelle. Récit initiatique sur fond de romance adolescente et d’apocalypse adulte, How I Live Now est une incursion singulière dans l’anticipation, ne recherchant ni l’efficacité, ni l’ouverture, pas plus que le spectaculaire d’un contexte chaotique, privilégiant en cela une approche délicate exclusivement centrée sur l’intimisme du regard déboussolée d’une jeune adolescente perdue dans cet enfer et se rattachant à un objectif romanesque devenu le moteur de ses choix, de ses actions, de sa détermination à traverser cette étrange toile de fond que l’on devine sans jamais l’appréhender plus que l’héroïne elle-même ne l’appréhende à son niveau.
How I Live Now essaie de conjuguer plusieurs registres, embrassant l’infiniment petit en occultant partiellement l’infiniment grand, prenant ainsi de gros risques de décontenancer un spectateur frustré de n’avoir au final qu’une peinture réduite à taille humaine unique, d’un brasier globalement mystérieux qui semble en arrière-plan enflammer la planète entière. Mais sûr et convaincu de son approche et assumant ses partis pris narratifs exclusifs, Macdonald ne dévie jamais de sa trajectoire, faisant de son film davantage un drame amoureux tissé dans un contexte terrifiant dans lequel sa jeune adolescente voit son rapport au monde transformé alors qu’elle est arrachée à l’innocence des jeunes années. Le filin sur lequel évolue le cinéaste était peut-être trop fragile pour supporter la charge de ce pari narrativement très ambitieux, qui couple et emboîte les maladresses au point de ne pas se révéler à la hauteur des espérances placées en lui. How I Live Now manque un peu de ressorts dramatiques forts soutenant son aventure, et ceux qu’il essaie de développer sont souvent soit trop survolés, soit insuffisamment nourris pour conférer assez d’emphase à son épopée intimiste voulue comme bouleversante et forte mais esquivant trop souvent les bonnes idées qui s’offraient à elle. L’entame manque d’étoffe dans la construction de ses enjeux (romantiques essentiellement), gênant ensuite toute une progression qui peine à développer sa pleine mesure et à susciter l’émotion brute qui devait y être vissée. Un déroulé dont le cas est aggravé par d’évidentes difficultés à saisir l’intensité et le frisson romanesque, contraint par une certaine platitude conférant tour à tour à la fainéantise, au manque d’inspiration ou parfois à la naïveté.
Le portrait semble accablant et pourtant, dans ce flot d’erreurs de jugement, Macdonald arrive à tirer quelque-chose de fascinant de son semi-acte manqué souvent bancal mais curieusement passionnant. L’intelligence et la maturité de son approche, la sincérité à l’œuvre, la beauté esthétique indéniable d’une mise en scène inscrite dans le poétique envoûtant malgré quelques excès de maniérisme dans la répétition des mêmes motifs, une poignée de séquences vibrantes, un réalisme qui, par soubresauts, contredit la naïveté générale pour regarder la dureté de son sujet droit dans les yeux… On finit par étrangement se laisser emporter par un film qui aurait sans nulle doute pu être plus convaincant avec un meilleur travail d’écriture, plus de moyens et davantage d’emprise sur son histoire, mais parvenant toutefois à se révéler honnête et honorable pour les qualités qui anime ce moment tantôt doux, tantôt cruel, ne se défilant jamais devant sa vision assumée.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux
J’ai gagné 2 places à votre jeu concours pour ce film;) Mercii Mondo ciné ! Je vais allée le voir la semaine prochaine !!
Merci encore et bonne continuation