Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Frozen River
Père : Courtney Hunt
Livret de famille : Melissa Leo (Ray), Misty Upham (Lila), Michael O’Keefe (Trooper), Mark Boone Jr. (Jacques), Charlie McDermott (T.J.)…
Date de naissance : 2009
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h37 – 1 million $
Signes particuliers (+) : A mi-chemin entre le thriller intimiste et le drame social, Frozen River est le grand coup de l’année 2009 du cinéma indépendant américain. Bouleversant, happant, fascinant.
Signes particuliers (-) : La partie « thriller » a du mal à jouer des coudes pour s’imposer davantage dans le récit.
LES FEMMES PRENNENT LE POUVOIR
Résumé : Ray se retrouve seule quand son mari disparait avec tout leur argent, dans une petite ville enneigée à la frontière avec le Canada. Seule avec ses enfants, Ray se retrouve dans une situation impossible. D’autant plus que la petite famille devait quitté le préfabriqué pourri dans lequel elle vivait pour s’installer dans la maison qu’elle avait commandé. Les traites, les factures… C’est trop pour Ray qui va faire la rencontre par hasard de Lila, une jeune femme qui gagne de l’argent en faisant passer des clandestins aux Etats-Unis, par la réserve indienne. Ray va convaincre Lila de s’associer malgré les dangers, la police étant très attentive à ce business illégal…
Frozen River est l’exemple même de la réussite surprise du cinéma indépendant américain. Auréolé de prix, ce premier long-métrage d’une Courtney Hunt qui ne vient pas du tout à la base du milieu du cinéma, fut l’une des grande surprises de 2009, aidé par un excellent bouche à oreille.
La néo-cinéaste Courtney Hunt vient du milieu du Droit et a fait ses études à Paris et aux Etats-Unis, ce qui lui a permis de voir, d’être confronté à des systèmes sociaux différents. Désormais cinéaste engagée, ce premier long-métrage montre la force d’expression dont la réalisatrice peut faire preuve, Frozen River parvenant à allier thriller et drame intimiste d’actualité par une belle dénonciation sociale où l’artiste se place aux côtés des opprimés, des petits, des faibles, pour montrer toute l’énergie, la motivation, la rage qui les animent, la volonté de s’en sortir malgré les contraintes. Puissant, Frozen River dresse le portrait presque mélancolique d’une femme qui n’a rien de l’assistée se laissant couler, acceptant la situation avec fatalisme. Ray (exceptionnelle Melissa Léo à la longue carrière déjà mais qui curieusement est ici presque « révélée » et qui sera couronnée aux Oscar l’année suivante avec The Fighter dans la catégorie « meilleur second rôle ») est une battante. Ray veut s’en sortir pour sa famille ou du moins ce qui en reste et de toute façon, ce qu’elle a de plus cher : ses enfants. Pour eux, Ray n’a pas le droit d’abandonner et elle va se battre qui a franchir la ligne jaune. C’est de cela dont finalement parle Frozen River montrant à quel point les « petits », les « faibles » d’une Amérique oppressante, sont poussés parfois à basculer dans l’illégalité plutôt que de crever de faim. Comme si le système capitaliste impitoyable créé lui-même sa propre « délinquance ». Car Ray ne deale pas non plus de la drogue. Ray aide des clandestins à passer. Et voilà qui permet à Courtney Hunt de s’attacher à la dure peinture glaçante d’un second sujet dans le film. Une immigration incontrôlée se faisant dans des conditions parfois épouvantables et dont l’organisation fait froid dans le dos de dureté et de dangerosité.
Puissant, émouvant et réaliste, ce Frozen River qui prend des allures de Thelma et Louise social, rappelle à quel point le cinéma indépendant US a toujours plus d’un tour dans son sac et beaucoup de choses à dire. Il puise sa force dans ses personnages marginaux et hors du monde traditionnel, des personnages marqués chacun par une histoire difficile et touchante. Brillant d’écriture et de justesse, ce premier long-métrage est bluffant même si l’aspect « thriller » sur lequel le film avait été partiellement vendu, est finalement plutôt en retrait. Frozen River s’apparente davantage à un bon et beau drame d’une grande qualité et force…
Bande-annonce :
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