Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Discopath
Père : Renaud Gauthier
Date de naissance : 2013
Majorité : 03 février 2015
Type : Sortie DVD/Blu-ray
Nationalité : Canada
Taille : 1h21 / Poids : NC
Genre : Thriller, Horreur
Livret de famille : Jérémie Earp-Lavergne (Duane Lewis), Mathieu Lepage, Katherine Cleland, Pierre Lenoir, François Aubineau, Ingrid Falaise, Christian Paul…
Signes particuliers : Mélanger disco et giallo, fallait oser. Et le jeune cinéaste canadien Renaud Gauthier a osé !
LA FIÈVRE SANGLANTE DU SAMEDI SOIR
LA CRITIQUE
Résumé : Dans les années 1970, un jeune New-Yorkais sans histoire se métamorphose en meurtrier lorsqu’il est exposé aux sonorités particulières d’une toute nouvelle musique : le disco. Incapable de contenir ses pulsions meurtrières, Duane Lewis devient malgré lui un dangereux serial killer en exil à Montréal.L’INTRO :
Ce qu’il y a de bien avec le slasher, c’est qu’on peut le conjuguer à toutes les sauces et avec tous les univers, ça peut fonctionner quand même. Le cinéma d’horreur américain ou italien des années 70-80 l’avait parfaitement compris. Le québécois Renaud Gauthier aussi, puisqu’il nous offre le croisement transgénique le plus fou du moment avec Discopath, qui au-delà de l’amusant jeu de mot de son titre qui veut tout dire, importe le slasher dans le monde du disco. Ou l’inverse, au choix. Produit de matière indépendante avec l’aide du crowfounding, il s’agit là du premier long-métrage son auteur, vidéaste dont l’expérience passée est à chercher du côté des clips, de la publicité et des courts-métrages policiers (la websérie Inspecteur Bronco). Sélectionné au Festival de Gérardmer après avoir été présenté dans une salle bondée au Festival Fantasia 2013, Discopath est en tout cas la curiosité horrifique du mois, rayon DTV. Qui a commandé une formule « Bain de Sang/Village People » ?L’AVIS :
Plus que son croisement horrifico-musical, Discopath est avant tout planté au carrefour d’une intersection entre le giallo, le polar américain des années 70 et le slasher eighties à l’italo-américaine, le tout teinté de comédie, tantôt doucement ironique et tantôt furieusement cartoonesque. Un film aux choix audacieux, qui capitalise surtout sur son idée au moins aussi alléchante que barrée, mais pas seulement. Première surprise, malgré son budget très limité, Discopath impressionne par la diversité de son style exigeant et soigné. On se croirait en plein film des années 80, le rétroviseur braqué les années 70 à la force d’un travail de reconstitution admirable. D’autant plus en regard d’un budget équivalent au PIB du Burkina Faso. Têtes des acteurs, texture de l’image, couleurs, esthétique générale (surtout dans les scènes en intérieur) avec un grain marqué, dialogues, script « what the fuck » s’autorisant toutes les libertés grotesques… Discopath est une œuvre qui se veut old school et référentielle, tour à tour premier et second degré, à la fois solidement ancrée dans le registre et le style d’une époque, tout en se moquant gentiment de ses codes. Avec son pitch bien allumé du ciboulot (un psychopathe dont la folie dormante se réveille dès qu’il entend de la musique disco car ça lui rappelle un trauma d’enfance !?), ses scènes de meurtres aux allures de toiles picturales et sa conduite efficace, cette variation hybride du slasher s’avère souvent savoureuse et nostalgique. Dommage qu’il ne joue pas assez avec son ambiance disco en dehors de son postulat. On aurait aimé swinguer au son des tubes cultes alors que la palette graphique vire au rouge sang dans une sorte de variation gore de La Fièvre du Samedi Soir, mais Renaud Gauthier se cantonne à une bande-son peu emballante de laquelle émerge seulement le I was Mad for Lovin’ You, recyclant le reste du temps une même mélodie disco ennuyeuse.
LE TEST BLU-RAY
Un mot de l’édition proposée par UFO Distribution. Notez que la seule piste son proposée est la version originale en vost, majoritairement en québécois avec un peu d’anglais. Pas bien grave en soi mais on aura juste à redire sur la taille sous-titres, que l’on aura jugé un peu trop petits. Côté bonus, on saluera en revanche, l’initiative d’avoir glissé en complément du film, un (excellent) making of du tournage d’environ 24 minutes. Une démarche assez rare pour une petite série B horrifique de ce calibre, qui témoigne d’un réel respect de la part du distributeur, non seulement envers l’œuvre mais également envers le public amateur. Par ce making of tourné avec sincérité et simplicité, on se balade sur le plateau au jour où le jour, avec la généreuse participation du comédien principal Jérémie Earp‑Lavergne, qui nous raconte au fur et à mesure, le tournage. Par ailleurs, quelques bonus additionnels sont également accessibles via ordinateur, dont des story board et des titres issus de la bande originale. Un dernier mot du DVD lui-même, qui remporte la palme de l’originalité, pressé avec comme décoration, un cover le faisant passer pour un vinyle miniature.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux