Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Diamond Island
Père : Davy Chou
Date de naissance : 2016
Majorité : 28 décembre 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : Cambodge, France
Taille : 1h39 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Sobon Nuon, Cheanick Nov, Madeza Chhem…
Signes particuliers : Une belle incursion au plus près de la néo-jeunesse cambodgienne.
LES JOURS TRAGIQUES, LES NUITS MAGIQUES
LA CRITIQUE DE DIAMOND ISLAND
Résumé : Diamond Island est une île sur les rives de Phnom Penh transformée par des promoteurs immobiliers pour en faire le symbole du Cambodge du futur, un paradis ultra-moderne pour les riches. Bora a 18 ans et, comme de nombreux jeunes originaires des campagnes, il quitte son village natal pour travailler sur ce vaste chantier. C’est là qu’il se lie d’amitié avec d’autres ouvriers de son âge, jusqu’à ce qu’il retrouve son frère aîné, le charismatique Solei, disparu cinq ans plus tôt. Solei lui ouvre alors les portes d’un monde excitant, celui d’une jeunesse urbaine et favorisée, ses filles, ses nuits et ses illusions.
Au gré de ses précédents travaux dans le court ou le moyen-métrage, le cinéaste franco-cambodgien Davy Chou (le documentaire Le Sommeil d’or) n’a eu de cesse de scruter la jeunesse cambodgienne. Logiquement, c’est elle qu’il a choisi de mettre à l’honneur dans son premier long-métrage, Diamond Island, présenté au dernier festival de Cannes, à la Semaine de la Critique. Diamond Island porte un tendre regard sur quelques jeunes du Phnom Penh d’aujourd’hui, descendus des villages de campagne pour gagner la capitale. Ils sont ouvriers sur des chantiers le jour, et oiseaux nocturnes quand tombe le soir, déambulant dans les nuits illuminées de la ville à la recherche d’un moyen de combler le vide de leur existence. Tous observent de loin un monde aussi attirant qu’inaccessible, celui de « l’autre jeunesse », celle plus urbaine et favorisée.
Avec Diamond Island, Davy Chou a décidé d’installer son récit sur la presqu’île de Koh Pich, à quelques encablures de Phnom Penh, parce que le cadre est une parfaite métaphore de la dichotomie du Cambodge moderne, passé trop rapidement de la tyrannie de Pol-Pot à un libéralisme scintillant, incarné par les mille feux nocturnes qui attirent la jeunesse tel un mirage déformant, avant que la réalité ne reprenne le dessus et dévoile son désenchantement, une fois les néons de la nuit éteints et le soleil revenu au zénith. Le jour, la vie est dure pour ces jeunes débarqués de leur campagne avec des espoirs de la taille des montagnes. La nuit, l’amertume des rêves envolés disparaît alors que les néons des nouvelles constructions brutales s’illuminent dans le ciel, que les filles sortent tels des papillons colorés, et que les scooters flânent à travers la ville. Reprenant à son compte certains oripeaux du teen movie, qu’il croise avec les codes du film social asiatique, Davy Chou dresse un portrait passionnant de la jeunesse de son pays, entre promesses d’un autre lendemain et mélancolie d’un quotidien égratigné. Par le prisme de ses personnages coincés entre leur réalité et les rêves qui les portent, le metteur en scène ouvre son œuvre sur un propos pertinent, illustrant un Cambodge a deux vitesses, un Cambodge qui a voulu changer trop vite, un Cambodge sacrificiel, un Cambodge bercé entre illusions et terne fatalité.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux