[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Detective Dee: The 4 Heavenly Kings
Père : Tsui Hark
Date de naissance : 2018
Majorité : 12 décembre 2018
Type : Sortie Blu-ray/DVD
Nationalité : Chine
Taille : 2h15 / Poids : NC
Genre : Action, Fantastique
Livret de famille : Mark Chao, Carina Lau, Gengxin Lin…
Signes particuliers : Tsui Hark propose un grand spectacle fou et jubilatoire, à découvrir en 2D, 3D ou 4DX ! (et dès le 27 juillet avec des avant-premières dans toute la France).
LE SHERLOCK HOLMES CHINOIS EST DE RETOUR
LA CRITIQUE DE DETECTIVE DEE III
Résumé : Une vague de crimes perpétrée par des guerriers masqués terrifie l’Empire de la dynastie des Tang. Alors que l’impératrice Wu est placée sous protection, le Detective Dee part sur les traces de ces mystérieux criminels. Sur le point de découvrir une conspiration sans précédent, Dee et ses compagnons vont se retrouver au cœur d’un conflit mortel où magie et complots s’allient pour faire tomber l’Empire…
Il y a huit ans, le génial Tsui Hark essayait de se relever de quelques échecs en série et d’une carrière prenant le chemin du déclin, en inaugurant une nouvelle saga à grand spectacle pensée comme un alliage de deux voies d’inspiration qu’il a toujours affectionné particulièrement, d’un coté l’histoire de son pays et ses illustres figures, de l’autre les légendes du folklore chinois. Ainsi naquît Detective Dee, film historique mêlant intrigue policière, histoire et touches de fantastique. Lointainement inspiré de la vie du véritable Di Renjie, célèbre juge et homme politique de l’histoire chinoise réputé pour ses talents d’enquêteur, Le Mystère de la Flamme Fantôme s’offrait comme une sorte de Sherlock Holmes asiatique, jouant autant avec les codes du film policier à enquête et rebondissements qu’avec ceux des contes surnaturels de tradition chinoise. Cinq ans après La Légende du Dragon des Mers, un second opus en demi-teinte et moins maîtrisé que son aîné, Tsui Hark retrouve son Détective Dee à la sagacité inégalable, pour un troisième volet encore plus fou que les précédents.
La folie, ça le connaît Tsui Hark, c’est même ce qui le caractérise. Pas la folie au sens maladif du terme, mais la folie au sens créatif de l’expression. Cinématographiquement parlant, le travail de Tsui Hark a toujours été marqué par un pied de nez à la raison, comme si le metteur en scène était une sorte de bête enragée à laquelle on venait d’ôter ses chaînes. Rien ne l’arrête, rien ne lui fait peur, rien n’est calculé par cynisme. La marque de fabrique de Tsui Hark, c’est l’exubérance du show, la générosité du spectacle, l’envie de toucher du doigt la chimère d’un cinéma de divertissement total repoussant sans cesse les limites en essayant, en proposant, en innovant, en s’abandonnant à la fantaisie frénétique et fanatique. Avec ce troisième chapitre de la franchise Detective Dee, le réalisateur comble une nouvelle fois ses fans jamais rassasiés de ses démences gargantuesques. Dans La Légende des Rois Célestes, il y a bien sûr le détective le plus intelligent de l’Empire entourés de ses sidekicks drôles ou chevaleresques, mais aussi une impératrice machiavélique, des sorciers maniant la magie, un moine des forêts surpuissant, des dragons, des poissons qui volent, de la voltige aérienne, des combats délirants, une femme à fort caractère, des histoires de poison et de conspiration, des armes innovantes, une épée construite à partir d’une météorite, un King Kong blanc, un monstre gluant plein de yeux, des hallucinations, des méchants masqués et on en passe. Tout ça dans un énorme film d’action et d’aventure qui n’a de cesse d’inventer des choses pour s’auto-densifier jusqu’à plus soif. La magie Tsui Hark opère et l’on tombe instantanément sous le charme de cette nouvelle extravagance à la générosité débordante, voire infinie ! Et aux commandes, un metteur en scène qui enchaîne les moments de bravoure timbrées dont lui seul a le secret.
Par rapport aux deux opus précédents ? Disons que ce troisième volet a du bon comme du un peu moins bon. Le bon, c’est que Tsui Hark n’a de cesse de proposer un cinéma à la joyeuse démesure, riche en action épique, fascinant d’inventivité et agrémenté d’effets spéciaux saisissants. Le metteur en scène hongkongais s’est souvent plaint du niveau très moyen des SFX made in Hong-Kong. Cette fois, il s’est associé à des sociétés à la pointe dont les talents sont aussi bien chinois que coréens ou japonais. Le résultat est épatant et donne du corps à sa vision artistique déjantée. Sans parler d’une 3D impressionnante d’efficacité tridimensionnelle. Dans le film et technique mise à part, on notera la volonté d’injecter un peu plus d’humour et de second degré, par des personnages truculents, quelques ressorts comiques gérés sans verser dans le grotesque et par le jeu hyper-exagéré de certains comédiens à la lisière de la caricature parodique afin de créer une véritable tonalité amusante reflétant la saveur amusée d’une œuvre qui refuse de se prendre au sérieux.
Au rayon du moins bon, cet éternel petit défaut de Tsui Hark qui se laisse parfois emporter par son emphase quand il est aux manettes de ce genre d’œuvres volontairement boursouflée, au risque de tomber dans la confusion bordélique. Dans l’écriture, La Légende des Rois Célestes est par moments un poil trop indigeste, dépassé par sa démesure avec le danger de l’overdose qui guette pas loin. D’autant que le film est long, sans doute trop long, alourdi par des éléments et tergiversations narratives qui le surchargent au point d’entraver sa fluidité. Mais on pardonne bien volontiers à Tsui Hark ces imperfections qui pourront en fatiguer certains, mais qui sont souvent compensées par les incessantes fulgurances galvanisées qu’offre ce délire fantasmagorique. Sans être au niveau du premier, qui était bien plus maîtrisé, ce Detective Dee III tient la dragée haute à son prédécesseur. Autant dire que les fans en auront pour leur argent. Pour les autres, poussez la porte de votre cinéma et laissez-vous tenter par ce blockbuster aussi singulier que réjouissant (d’autant qu’il n’est pas impératif d’avoir vu les deux premiers pour suivre agréablement cette Légende des Rois Célestes) !
LE BLU-RAY 3D DE DETECTIVE DEE III
A spectacle taré, galette Blu-ray tarée. Ou presque. Visuellement, l’édition proposée par The Jokers est très respectueuse du film de Tsui Hark et de son formalisme furieux. De l’explosion des couleurs à la fluidité de la cadence en passant par la puissance du travail sonore qui déploie à merveille la superbe B.O de Kenji Kawai, tout est optimal et permet de prendre un pied monstre chez soi comme au cinéma. Mais la vraie question en suspens, c’était la 3D. Déjà dingue en salles, que donne t-elle à domicile sur son lecteur Blu-ray ? La réponse étonnera peut-être les néophytes mais elle ne suspendra pas les plus connaisseurs : elle est mortelle ! En effet, ce n’est pas la première fois que l’on émet ce constat, le rendu de la 3D est meilleur sur un bon téléviseur (genre 140 cm) dans son salon que sur un grand écran dans une salle de cinéma. Cela peut paraître absurde mais c’est pourtant vrai. Probablement parce que les dimensions de la pièce environnante sont moindres, que l’on est plus prêt de l’écran, et que les lunettes des bonnes télé 3D sont de meilleure qualité que les babioles de pacotille des multiplexes, mais toujours est-il que les sensations sont clairement décuplées. Dans le cas de Detective Dee, c’est tout simplement ahurissant. La profondeur de champ est absolument sidérante à chaque plan et surprend vraiment, au point de faire redécouvrir le film autrement et d’aider à mieux remarquer le génie du travail de Tsui Hark quant à la composition de ses plans. Mieux, on en viendrait presque à ENFIN remarquer la vraie utilité de la 3D au cinéma et son possible apport sur une œuvre, tant elle change complètement le film. Il suffit de faire la comparaison avec la galette 2D qui accompagne l’édition collector (oui, parce que mine de rien, tout le monde n’est pas équipé d’une télé 3D, surtout à l’heure actuelle où certains fabricants ont cessé d’en produire) pour s’en rendre compte. Sur les effets clairement destinés à amuser les spectateurs de la version 3D, c’est la même. Le rendu à domicile décuple leur impact et leur efficacité. Bilan, Detective Dee : La Légende des Rois Célestes pourrait presque exprimer son plein potentiel chez soi sur sa télévision… si le visionnage n’était pas perturbé par cet éternel problème de l’assombrissement. Car pour une 3D littéralement impressionnante et jubilatoire, le contrepoint est ce récurrent affaissement de la luminosité, qui pose déjà tant de problèmes au cinéma. Sur une télé, l’effet est pire et le seul moyen de le combattre serait de dérégler son téléviseur pour pousser notablement la luminosité et essayer de récupérer un peu des couleurs drastiquement fanées. Pénible. Heureusement que Detective Dee III pétarade question couleurs, ce qui limite un peu les dégâts. En résumé, si vous hésitez entre les différentes versions proposées, oubliez le DVD (ce serait tellement dommage de se passer de la HD sur un tel film) et foncez sur l’édition combo contenant le Blu-ray 2D et 3D. C’est une bombe !
Côté bonus, on aurait tomber sur une édition fastueuse mais malheureusement, pas de modules divers et variés, pas de retour sur la saga et surtout pas de making of (quel dommage !!). Néanmoins, pas de longue liste de bonus ne veut pas dire pas de bonus du tout. La pièce maîtresse proposée par The Jokers en complément du film est Detective Dee Story, une exclu géniale offrant un bel entretien avec le maître Tsui Hark (quoiqu’un poil court : 27 min). Le légendaire réalisateur commence par revenir sur les origines du personnage (historiquement comme dans la culture populaire). En mode détente et généreux, Tsui Hark évoque ensuite rapidement la genèse du premier volet, les choix visuels et le second opus avant d’en arriver à ce qui nous intéresse vraiment ici : La Légende des Rois Célestes. Les idées, le tournage, les difficultés rencontrées, les scènes d’action, Tsui Hark évoque plein de choses avant de livrer un petit cadeau qui ravira les fans : l’idée d’un possible quatrième volet, qu’il verrait très différent des trois premiers !
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux