Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Dead Shadows
Père : David Cholewa
Livret de famille : John Fallon (John), Fabian Wolfrom (Chris), Gilles Barret (Dad), Rurik Sallé (le dealer), Johanna Seror (Laure), Blandine Marmigère (Claire), Sylvain Dubois (Tramp)…
Date de naissance : 2012
Majorité au : 16 octobre 2013 (DVD)
Nationalité : France
Taille : 1h15
Poids : 150.000€
Signes particuliers (+) : De bonnes idées de départ, inspirées par une grande cinéphilie et connaissance du genre, sont traduites avec énormément de sincérité et de passion dans un film de genre ambitieux malgré ses faibles moyens et doté d’effets spéciaux entre le très réussi et l’admirable.
Signes particuliers (-) : Malheureusement, envie, volonté et passion ne font pas un film. Des comédiens catastrophiques récitant des textes à la limite de l’idiotie, un scénario bien insuffisamment travaillé et un trop grand nombre d’approximation plombent l’ensemble qui vire au navet que l’on voudrait défendre car il ne l’est pas vraiment non plus, mais sans le pouvoir.
DEAD SHADOWS LA COMÈTE ÉPHÉMÈRE
Résumé : La comète Haley qui était passée près de la Terre en 1986 est de retour. Mais cette fois-ci, elle pourrait bien la frôler de si près, que de légers dérèglements et interférences pourraient avoir lieu. Sauf que la réalité va dépasser les pires prédictions d’apocalypse avec une horrifiante invasion extraterrestre…
Mais qui a dit qu’en France, on ne savait produire que des comédies !? Oui bon, c’était nous, on l’admet. On caricaturait un peu le trait. Peu, mais on caricaturait. Parce qu’en France, on sait aussi faire des polars pas trop mal (même si c’est grosso modo perpétuellement le même depuis les années 80) et enfin, on n’est pas manchots dans le cinoche de genre. Riez, riez mais en attendant, notre jeune garde a de la gueule : Pascal Laugier, Alexandre Aja, Eric Valette, Franck Khalfoun, David Morley ou le duo des Bustillo et Maury… Seulement une poignée de noms de frenchies talentueux derrière quelques belles réussites qui pourront servir de témoins ou de porte-étendards dans la guerre opposant image publique et véritable réalité de notre production de genre qui n’a pas à rougir avec des Martyrs, Haute Tension, Mutants et autre A L’intérieur… Le problème, c’est que tout ce bon et lent travail de réhabilitation de l’image du cinéma de genre français peut vite partir en lambeaux avec des petites péloches comme Dead Shadow, série B à très très petit budget (150.000 €) et produite de façon peu conventionnelle, en dehors du circuit traditionnel.
Dead Shadow, c’est un peu une association de potes geek tous fana de cinéma de genre et qui décident de faire quelque-chose ensemble. Et pourquoi pas un film d’horreur ? Et pourquoi pas un espèce de délire avec des extraterrestres, des mecs à moitié zombies et une créature bizarro-dégueulasso-phallique ? Un truc un peu à mi-chemin de ça et ça, avec un peu de ça et un soupçon de ça. Oui, parce que c’est un peu l’idée d’un film qui transpire la cinéphilie de ses auteurs. Derrière la caméra, on retrouve David Cholewa (frère de la présentatrice Laurie Cholewa qui, au passage, va se payer comme on pouvait s’y attendre, un caméo). Président de DC Média, une boîte internationale de vente de droits de films, David Cholewa a réalisé un court-métrage visiblement honteux il y a dix ans et depuis plus rien. Au scénario, Vincent Julé, un journaliste qui est passé par Le Parisien ou Direct 8, Gala ou Mad Movies, France Inter ou Radio Campus Paris. Bref, un autre fan de cinoche. Devant la caméra, des acteurs. De la jeunesse avec par exemple Fabian Wolfrom, le héros du film, un jeune genre beau gosse cheveux décoiffés avec du vivelle dop dedans, ou de l’expérience avec John Fallon, comédien aperçu du côté de Saw II, Alone in the Dark ou Course à la Mort de Paul WS Anderson. Mais aussi de la bombasse avec la jeune fascinante et charmante Blandine Marmigère et un peu de clin d’œil avec la présence de l’inénarrable Rurik Sallé, journaliste expert en contre-culture, ex-Mad Movies, actuel-Metaluna mais surtout désormais acteur. Bref du monde sympa, de l’énergie, pas beaucoup d’argent mais une grosse motivation de toute une équipe remontée à bloc et……
Et patatras sur la ligne de départ au son d’un bruitage type ceux surlignant une bonne vieille blague ratée ou éventée… On y a cru pourtant, on voyait le truc d’ici. On imaginait le réalisateur prononçant un discours exaltant, motivant ses troupes à la Gladiator ou à la Independence Day avec en fond une espèce de musique épique qui chatouillait l’oreille en faisant monter la sauce alors que les mots étaient une source d’inspiration croissant crescendo avec un truc du genre « on n’est pas nombreux. On n’a pas leurs moyens. Mais aujourd’hui, on va tout déchirer ! On va leur prouver ! Ouais !!! ». Foule en délire. Oui, mais non. Non parce que Dead Shadows est malheureusement une purge. Mais pas n’importe laquelle, une qui fout les boules car au-delà de sa médiocrité, on sent les idées, le talent, le potentiel, l’envie, la direction visée et la volonté d’y parvenir. Dead Shadows n’est pas juste un miteux DTV d’exploitation débile, factice, partant de pas grand-chose pour arriver à pas grand-chose. Non, c’est un film de passionnés et de geeks. Traduction, une œuvre qui s’inspire de plein de glorieuses références qui transpirent d’un peu partout à l’image. On voit les clins d’œil à la pop culture étalés à droite à gauche (univers zombie, déification de John Carpenter…) autant que l’on sent les références qui ont participé à bâtir le film. La BD horrifique, Clive Barker, David Cronenberg (Frissons ou Rage), Evil Dead, Le Prince des Ténèbres ou encore New York 1997 (et pas seulement pour l’affiche régulièrement filmée au second plan) pour le canevas général du parcours du combattant en territoire hostile par un anti-héros transfiguré à la force des évènements, grâce à une soudaine force de motivation nécessaire… On sait pertinemment qu’accumulation de références et cinéphilie passionnée n’ont jamais suffit à faire un bon film mais malheureusement, Dead Shadows est là pour nous le rappeler malgré ses bonnes intentions.
Dead Shadows est un médiocre film d’horreur auquel on voudrait trouver des qualités par sympathie pour la sincérité de son entreprise montée à la seule force de l’envie par des amoureux du genre. Et le pire, c’est qu’on en trouve des qualités. Une cinégénie étonnante pour commencer, avec une très belle image et une direction photo antinomiques avec son ridicule budget de série Z. On pourra également relever une histoire qui dans le fond, n’est pas si mal même si dans la forme, elle est gâchée, ou des effets particulièrement réussis quand ils ne sont pas carrément incroyables. Enfin, Dead Shadows multiplie les bonnes idées dans sa structure ou l’ambiance qu’il essaie de déployer, pour s’approche d’un l’esprit manga gore ou BD horrifique trash. Sauf que pour tant des qualités, le double de défauts pleut alors sur l’exercice de David Cholewa. Une réalisation approximative, une distribution qui se fait un point d’honneur à aussi mal réciter des dialogues stupides (et souvent inutiles répétant ce que montre l’image) écrits à l’arrache… Une distribution où, ironie du sort, le meilleur comédien est celui qui ne l’est pas à la base à savoir notre cher Rurik Sallé qui dégage bien plus de naturel dans sa courte prestation que l’ensemble du reste du casting réuni. Pondu sans grande inspiration dès qu’il s’agissait de traduire dans un ensemble cohérent les diverses références cinéphiliques qui affluaient, le scénario de Vincent Julé, sur lequel s’appuie David Cholewa pour signer un film très court (environ 1h15 génériques d’intro et de fin compris), multiplie les bouts de gras, les scènes maladroitement amenées ou emboîtées quand elles ne sont pas hors sujets. On pense à celle d’ouverture en mode « 10 ans avant », à celle de la rencontre du héros avec sa sexy voisine, celle de l’épicerie ou encore celle du père et son fils regardant les étoiles. Autant de passages « prétextes » aidant l’histoire à avancer mais tellement mal intégrés dans la structure du métrage, un peu à l’image de tous les passages de baston où le film semble se mettre en pause pour ouvrir une parenthèse « action ». Sur une idée pas forcément inintéressante lorgnant du côté du cinéma anglais actuel qui s’éclate par exemple avec ce genre d’histoire d’invasion extraterrestre filmée depuis le regard intimiste d’une poignée de personnes dans un quartier, David Cholewa essaie de se lancer dans une forme de cinéma de genre ambitieux à la française même si tout est relatif quand on dispose de 150.000€. En tout cas, dans l’esprit, la visée et même le résultat esthétique de certains plans (les plans d’ouverture et de clôture magnifiques), Dead Shadows est très ambitieux. Sauf qu’il part sur de mauvaises fondations, à commencer par une écriture peu travaillée, des acteurs mauvais ou mal dirigés, une utilisation très maladroite de la musique, un étalage de sa culture geek censé amadouer le fan en le caressant dans le sens du poil… Pire, il apparaît comme un pur court-métrage étiré pour être transformé en long, un peu comme si Paris by Night of the Living Dead avait été converti en long-métrage de cinéma, par exemple.
Ce délire d’invasion alien tourné avec amour entre potes et sans financement le soutenant véritablement et sérieusement, est le symbole parfait du manque de régularité d’un cinéma de genre français qui régulièrement épate avec des tours de force sans que pour autant, jamais ils ne parviennent dans la régularité à le faire progresser en entreprenant une évolution perdurable. Même si on loue la tentative de David Cholewa, difficile en revanche d’en cautionner le résultat car il y a avec Dead Shadows, l’attachement du cœur et la réalité des yeux. Et les deux ne vont pas dans la même direction. A budget équivalent, on préfèrera par exemple un Storage 24, moins ambitieux, plus éculé, facile et simpliste dans son approche mais qui a au moins le mérite d’essayer d’être plus malin et intelligent dans sa recherche du meilleur moyen pour atteindre l’objectif visé de l’efficacité optimale, compte tenu du handicap de son micro-budget. Cholewa et son équipe ont trop été obnubilés par leur passion qui a dirigé leur entreprise en lieu et place de certaines réalités, ce qui s’est fait au détriment de la qualité du produit fini. Ils ont été aussi un peu trop prétentieux à vouloir faire une bonne série B référentielle et maligne au lieu d’essayer déjà d’atteindre un premier palier créatif, celui d’être plus humbles et de rechercher le bête mais efficace histoire de se faire la main. Typique du cinéma français ça, qui ne veut jamais assumer son caractère bourrin, divertissant et simple. On aura beau le lui avoir reprocher mais en attendant, c’était au moins ce qu’avait essayer de faire un Dahan avec La Horde. Du con, basique, efficace, ne cherchant pas avec prétention midi à quatorze heure, histoire de se faire la main et de ramener un peu le cinéma de genre à la française, à un niveau un peu moins vaniteux.
Bande-annonce :
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Cher David,
Tout d’abord, je tenais à vous remercier à mon tour sur pas mal de points. D’abord, d’avoir pris le temps pour ce long message de réaction et deuxièmement, probablement le plus important, d’avoir su faire preuve d’autant de gentillesse et de compréhension de notre point de vue car comme vous le soulignez, de votre côté, il s’agit très certainement d’années de sueur et de sang et c’est jamais très agréable, je pense, de lire ce genre de papier.
Pour la version découverte, définitive ou pas, je ne m’en souviens plus pour être honnête car il s’agit de celle présentée au Festival de l’Etrange. Ce papier est une critique de l’an passé suite à cette projection, réactualisée sur notre site car la sortie du DVD est annoncée pour prochainement, apparemment.
Peu importe le résultat, je ne vous cacherai pas que je respecterai de toute manière, comme je m’applique à essayer de le souligner néanmoins, la sincérité de l’entreprise qui transpire la cinéphilie par toutes ses pores. On ne peut lui ôter ça, de très beaux plans, de très bonnes idées. Le résultat est malheureusement comme vous le dites, le résultat d’un film à 100.000€ et je reste impressionné par la qualité de certains effets et surtout par la beauté de l’image qui a le mérite de ne jamais trahir le budget car elle est extrêmement cinégénique.
Dans tous les cas, félicitations à vous d’avoir su monter ce projet quoiqu’il en soit et encore merci pour cette réaction car seul point sur lequel je me permettrai d’être en « désaccord » (outre le budget de Storage. C’est un calcul peu savant qui m’a amené à 150.000£ puisque le film aurait coûté 8x moins selon le producteur que Attack the Block), c’est au contraire, je trouve que c’est bien que le spectateur soit informé des conditions dans lesquelles un film a été fait. Il ne devrait pas s’en foutre et se contenter de l’oeuvre reçue car auquel cas, des films comme Evil Dead de Sam Raimi pourrait être sacrément revu à la baisse question aura culte ! Pour terminer, concernant votre court-métrage « honteux », j’avais bien compris et en effet, j’ai utilisé ce terme non pas par jugement mais car je suis tombé sur ce dit « interview » où plaisantiez à son sujet.
Je vous remercie encore une fois donc pour votre réponse et n’hésitez pas, si vous souhaitez préciser d’autres points. Une chose est sûre, quel qu’en soit le résultat, Dead Shadows a suffisamment de sincérité en lui pour ne pas être honteux (bien des films ne peuvent pas en dire autant). Et il est la preuve qu’il y a au moins des passionnés qui s’agitent dans ce pays pour faire vivre le cinéma de genre ! C’est un bon point ! On suivra de près et avec grand intérêt la suite de votre carrière en tout cas en vous souhaitant bonne chance !
Bonjour,
je me permets de réagir à votre critique sur quelques points qu’il me paraissait important de corriger.
Je voudrais avant tout vous féliciter pour cette longue critique ,d’avoir pris le temps d’analyser une oeuvre c’est lui donner un minimum de respect et c’est très appréciable surtout quand on a donné plusieurs années difficiles de sa vie pour arriver à lui donner vie sans compter l’investissement financier personnel car sans cela le film n’aurait jamais vu le jour.Donc merci
Je ne reviendrais pas sur les nombreux problèmes de production inhérents au film qui ont malheureusement plombé la cohérence et le rendu technique du film , à la limite le spectateur n’a pas vraiment à le savoir il vient voir un film et le juge en tant que tel,les a cotés il s’en fiche pas mal.D’ailleurs la version online qui circule sur le net n’est même pas la version définitive du film vu que la post prod audio , les bruitages etc.. n’était pas encore terminé.Dommage que ce soit cette version qui circule.
Moi le premier je suis conscient de ne pas avoir réussi à transposer à l’écran tout ce qu’on avait envisagé à la base.Certains défauts d’écriture ou autres n’auraient pu être gommé quoi qu’il en soit, on a péché par jeunesse et par envie .On a tous appris avec ce film mais avec a peine trois semaines de tournages et aussi peu d’argent ,pouvait il en être autrement? pas si sur .
On aurait pu améliorer beaucoup de choses certes ,avec un peu plus d’expérience.C’est déja un petit miracle en sois que le film éxiste aujourd’hui.
Un film comme Storage a bénéficié de l’aide du gouvernement britannique d’un fond de soutien;Dead Shadows n’a reçu aucune aide.Storage a bénéficié d’un budget riquiqui mais d’un budget quand même dans les 500 000 USD,Dead Shadows s’est tourné avec 100 000 et grâce à certaines ventes on a pu terminer la post prod.Les choses ne sont pas comparables.
Bon dernier point après je vous laisse tranquille, mon court était un court de potes , rien d’honteux dans ce court juste un court fait entre potes et non destiné à être diffusé j’avais juste plaisanté la dessus lors d’une ITV.
Continuez votre bon boulot je vous lirai dorénavant
Cordialement
David Cholewa