Mondomètre
Carte d’identité :
Nom : Fifty Shades Darker
Père : James Foley
Date de naissance : 2016
Majorité : 08 février 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h58 / Poids : NC
Genre : Thriller, Romance
Livret de famille : Dakota Johnson, Jamie Dornan, Bella Heathcote, Kim Basinger, Eric Johnson, Hugh Dancy, Marcia Gay Harden…
Signes particuliers : On voulait bien être indulgent avec le déjà fort mauvais premier opus mais là, faut pas pousser…
CINQUANTE NUANCES D’ENNUI
LA CRITIQUE DE CINQUANTE NUANCES PLUS SOMBRES
Résumé : C’est un Christian blessé qui tente de reconquérir Anastasia. Cette dernière exige un nouveau contrat avant de lui laisser une seconde chance. Mais une ombre surgit du passé de Christian et plane sur les deux amants, déterminée à détruire un quelconque espoir de vie commune. Et c’est reparti pour un tour ! Deux ans après le carton de l’adaptation de Cinquante Nuances de Grey, premier tome de la saga érotico-nunuche pondue par E.L. James, vendu à plus de 125 millions d’exemplaires dans le monde, les sextoys sur pattes Anastasia Steele et Christian Grey reviennent étaler leur libido sur grand écran avec Cinquante Nuances plus Sombres, second chapitre de la « trilogie » sulfureuse qui affole les demoiselles. Moins les hommes curieusement. Allez savoir pourquoi… Derrière la caméra, beaucoup de changement. Aux commandes, le cinéaste James Foley (Comme un Chien Enragé, House of Cards) succède à la réalisatrice Sam Taylor-Johnson, alors qu’au scénario, c’est le scribouillard Niall Leonard (Air Force One ne répond plus) qui prend la relève de Kelly Marcel. Notons au passage, que ce dernier n’est autre que le mari d’E.L. James, détail qui a l’avantage de voir à l’écriture de cette suite, un auteur plus docile, aux ordres de la papesse James, qui garde ainsi un contrôle total sur la transposition de son « œuvre ». Pour le meilleur… et surtout pour le pire.
Deux cas de figure se présentent à la découverte de Cinquante Nuances plus Sombres. Les deux mêmes cas que devant son aîné Cinquante Nuances de Grey, à vrai dire. D’un côté, vous êtes fan de la saga littéraire et il y a des chances pour que vous succombiez à ces nouvelles pérégrinations romantico-sexuelles du couple star, toujours incarné par le beau ténébreux Jamie Dornan, armé de son charisme de table basse, et la sexy Dakota Johnson, spécialiste du mordillage de lèvre en furie. Seconde option, vous n’êtes pas du tout fan de la saga Fifty Shades, et autant dire que les deux heures qui vous attendent, s’annoncent particulièrement pénibles. A côté, une visite chez le proctologue est presque plus sympathique. Car si l’on veut bien reconnaître au film de suivre fidèlement le bouquin originel, tout en le délestant de beaucoup d’éléments, force est de constater que ce second roman est sans doute le plus mauvais de la série. Sachant que de bons livres donnent souvent lieu à de mauvais films, imaginez alors quand on part d’une purge littéraire…
Résumer Cinquante Nuances plus Sombres est finalement assez simple. Au menu, deux amoureux qui se reniflent pendant deux heures, 5-6 enlevage de culottes, 3-4 coucherie enflammées, beaucoup de changements de fringues, un max de tubes musicaux balancés très très fort histoire de réveiller la salle plongée dans la léthargie, des bouts de seins qui passent, quelques poils pubiens mal coiffés, et des tunnels de discussions sans intérêt à grands renforts de « Ça va pas le faire entre nous, tu as trop de secrets » vs « Ne me quitte pas, j’ai un passé douloureux mais je me soigne ». Et c’est à peu près tout. Concrètement, si le premier pouvait avoir un éventuel mais vague intérêt malgré son indéniable et tragique médiocrité cinématographique, ce second chapitre est un petit monument de vide, du genre où il ne se passe strictement rien… pendant deux heures. Rarement on aura un film aussi déconcertant d’indigence et d’inutilité. Totalement vain, dénué de rebondissements voire même d’intrigue, Cinquante Nuances plus Sombres promettait du « plus sombre », il n’a à offrir qu’une romance aussi terne qu’une chambre d’hôpital, enchaînant des séquences toutes plus plates les unes que les autres, mises bout à bout sans le moindre souci de cohérence narrative. Et le pire, c’est que tout ceci s’enlise dans un gnangnan mignon tout plein. Où est passée la noirceur promise ? Sûrement au même endroit que le scénario de cette suite, à la poubelle. Pendant deux heures, c’est consterné que l’on est condamné à suivre les parcours érotiques de nos deux friqués tirés à quatre épingles, entre deux relents de psychologie de comptoir crétine et tentatives de suspens généralement balayées en deux secondes et demi (le coup du crash d’hélico expédié en cinq minutes demeure une astuce de scénario incompréhensible). On ne sait jamais, dès fois que trop de tension nuirait au film… Finalement, ce second opus est une ahurissante ânerie pour les non-fans, et même un piètre film pour ceux qui auront pu se montrer indulgents face au premier.
Passé l’effet de la rencontre entre une jeune donzelle en chaleur et un homme charismatique et inaccessible, Fifty Shades n’avait visiblement plus rien à proposer ni à défendre, et s’est du coup payé une « pause » en attendant le dénouement attendu pour le prochain opus. Cette seule et unique dynamique capable de susciter un intérêt étant partie à la fin du premier film, il ne reste désormais qu’un néant de la taille d’un océan, rempli par les litres de larmes d’horreur qui coulent le long des joues de ceux qui subiront ce calvaire au sulfureux de pacotille, mais à la consistance réellement platonique. Techniquement, profitant du fait que James Foley n’est pas un manchot de la caméra, Cinquante Nuances plus Sombres parvient à s’offrir de belles images, mais ce sera malheureusement pour lui, le seul bon point dont il pourra se vanter. Derrière, tout n’est que vide abyssal, mauvais jeu des comédiens, musiques insupportables, dialogues d’une bêtise à bouffer du foin, le tout ponctué d’un festival de scènes au grotesque à hurler de rire. A croire parfois, que l’on est face à une parodie recourant au second degré pour se moquer de la saga. Mais il n’en est rien. Cinquante Nuances plus Sombres déroule son affaire droit dans ses bottes, avec un improbable sérieux qui le rend tout bonnement hallucinant de sottise. On se demandait s’il était possible de faire pire que Cinquante Nuances de Grey. La réponse est oui. Il était surtout possible de faire plus ennuyeux. Cinquante Nuances plus Sombres creuse tellement profondément dans la cancrerie, qu’il en viendrait presque à trouver du pétrole. Seul lot de consolation, la niaiserie ambiante couplée à la bouffonne absurdité de la chose, auront cet art de rendre le film drôle à ses dépends. Cet humour involontaire sera la seule planche de salut pour palier à l’ennui soporifique que promet Cinquante Nuances plus Sombres, nigauderie écrasée par son insignifiance qui au lieu d’émoustiller, relève le pari de faire débander en un temps record.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux