TOUT LE MONDE AIME JEANNE de Céline Devaux : la critique du film

Céline Devaux aime le cinéma et le dessin. Pour son premier long-métrage, l’artiste n’a pas choisi, elle a conjugué les deux. Tout le monde aime Jeanne se lance sur les talons chics de Jeanne (Blanche Gardin), dirigeante d’une start-up qui vient de lancer en grande pompe un projet écologique révolutionnaire censé nettoyer les océans pollués par le plastique. Sauf que le lancement est une catastrophe et Jeanne se retrouve surendettée. Par besoin d’argent, elle file à Lisbonne pour y vendre l’appartement de sa mère récemment décédée. En chemin, Jeanne retrouve un vieil ami de lycée devenu kleptomane charmeur au bagout encombrant. Sous le soleil du Portugal, Jeanne va chercher à se reconstruire.

Sur le papier, tout est normal. A l’écran, rien ne l’est. Céline Devaux s’amuse à parsemer son film de saynètes d’animation illustrant tout ce qui se passe dans la tête de sa Jeanne de fiction. Au départ, le décalage amuse et accorde un vrai cachet à un film qui marque son originalité par son mélange des arts entre le film classique et ses échappées animées au style épuré (façon Marjane Satrapi). Mais rapidement, la mécanique se grippe. Le problème, c’est qu’à donner dans la comédie voyageuse, le drame sur le deuil et la dépression, la romance entre deux atypiques (la névrosée et le kleptomane) plus sa composition plastique décalée et une voix off très très présente, Tout le monde aime Jeanne se disperse et fatigue avec son rythme ciselé et son trop-plein finalement contre-productif voire crispant et très agaçant à la longue. A tel point que l’on finit par préférer les seconds rôles (dont l’excellent Laurent Lafitte) plus amusant que cette épuisante Jeanne.