
Nom : The Lost Bus
Père : Paul Greengrass
Date de naissance : 03 octobre 2025
Type : Disponible sur Apple TV+
Nationalité : USA
Taille : 2h09 / Poids : NC
Genre : Drame, Catastrophe, Action
Livret de Famille : Matthew McConaughey, America Ferrera, Yul Vazquez…
Signes particuliers : Intense te immersif.
Synopsis : Un chauffeur de bus, Kevin McKay et une institutrice, Mary Ludwig, guident un bus rempli d’enfants à travers un incendie dévastateur.

DANS L’ENFER DE CAMP FIRE
NOTRE AVIS SUR THE LOST BUS – AU COEUR DES FLAMMES
On le sait, les américains aiment bien faire des films sur les catastrophes qui ont marqué leur pays, soi-disant pour « exorciser les traumas collectifs ». Ben voyons. On n’y voit surtout le cynisme de vouloir faire quelques billets verts sur des drames qui parlent à tout le monde (traduction qui peuvent toucher un très grand public potentiel) mais bon… Quel est le bon recul pour produire des fictions spectaculaires sur un drame marquant ? Un an ? Non, trop tôt. Deux ? Un peu juste. Trois et plus ? Allez ça passe. Alors sept, autant dire qu’on est large du slibard. Novembre 2018, la Californie découvre avec horreur Camp Fire, un mégafeu qui va ravager le comté de Burke et détruire notamment la ville de Paradise. 62.000 hectares brûlés, des dizaines de milliers de personnes évacuées, 85 victimes, tel est le bilan de ce super incendie qui, évidemment, a caché dans ses épais nuages de fumée son lot d’histoires héroïques croquignolesques bien bonnes à raconter au cinéma. Comme celle de Kevin McCay, un chauffeur de bus de 41 ans qui a sauvé des flammes, la vingtaine d’enfants qu’il a récupéré dans une école menacée. Matthew McConaughey s’assoie dans le siège du bus scolaire, America Ferrara joue les institutrices dévouées, et c’est le britannique Paul Greengrass qui se charge d’emballer tout ça.

Le choix de Paul Greengrass pour diriger le thriller catastrophe très intense qu’est The Lost Bus – au coeur des flammes n’était pas une si mauvaise idée sur le papier. Le cinéaste a non seulement déjà démontré tout son savoir-faire question « suspens haletant » (notamment avec ses trois Jason Bourne) mais il est surtout reconnu pour ses adaptations de drames tirés d’histoires vraies. Bloody Sunday, Vol 93, Captain Philipps, Greengrass est ce que l’on peut considérer comme un cinéaste chevronné en la matière. Avec lui, on pouvait décemment espérer un truc à la fois très efficace et pas trop pompiériste (sans mauvais jeu de mot). Mission semi-accomplie. Très efficace, de ce côté-ci c’est pari gagné. Paul Greengrass a toujours eu un style de mise en scène très immersif et c’est exactement lui qu’il convoque aujourd’hui pour diriger The Lost Bus sur la route du spectacle suffocant. Avec sa caméra très énergique et virevoltante qui vient se faufiler entre les départs de feu et les flammes ravageuses, Greengrass parvient à restituer le chaos embrasé. On sent le danger, la chaleur, la fumée, la panique, on éprouve la sensation de piège qui se referme, on ressent la rapidité de propagation, les autorités dépassées, les habitants terrifiés qui cherchent à fuir. Surtout le cinéaste parvient à bien restituer le tableau général d’une situation hors de contrôle et le particulier d’une poignée de personnages précis mués par l’énergie du désespoir. The Lost Bus est un film très haletant, qui se suit comme une aventure prenante et menée sans temps morts, avec le courage valeureux comme thématique principale. En revanche, on a connu Greengrass plus subtil dans sa méthodologie. The Lost Bus n’hésite pas à bien surligner au marqueur les dilemmes de ses protagonistes (leur vie personnelle contre leur dévotion pour sauver des gens), à appuyer leurs drames et tout cela donne au film un caractère un peu trop artificiel dans l’écriture… pompiériste.
Mais tout bien fichu qu’il est, The Lost Bus embarque essentiellement par son efficacité et son imagerie spectaculaire, ses principales forces. Car derrière elle, il est surtout assez prévisible, linéaire et sans réelles émotions (on dirait bien qu’il y a le stress de la catastrophe sous tension mais le côté programmatique de la chose fait que l’on tremble finalement assez peu pour les personnages). Sympa à regarder sur l’instant mais anecdotique à échelle d’une année de cinema, on en retiendra plus sa mise en scène nerveuse que le reste. Allez, à quand un gros blockbuster hyperréaliste sur l’ouragan Katrina, le mégafeu Woolsey qui a brûlé les baraques de Gerard Butler, Miley Cyrus ou Shannen Doherty, les inondations au Texas ou la récente explosion d’une usine du Tennessee ?
Par Nicolas Rieux