Carte d’identité :
Nom : Never, Rarely, Sometimes, Always
Mère : Eliza Hittman
Date de naissance : 2019
Majorité : 19 août 2020
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h42 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Sidney Flanigan, Talia Ryder, Théodore Pellerin…
Signes particuliers : Bouleversant. L’un des films de l’été.
LE DROIT DE DISPOSER DE SON CORPS
NOTRE AVIS SUR NEVER RARELY SOMETIMES ALWAYS
Synopsis : Deux adolescentes, Autumn et sa cousine Skylar, résident au sein d’une zone rurale de Pennsylvanie. Autumn doit faire face à une grossesse non désirée. Ne bénéficiant d’aucun soutien de la part de sa famille et de la communauté locale, les deux jeunes femmes se lancent dans un périple semé d’embûches jusqu’à New York.
Découverte avec I Felft Like Love puis Le Bums des Plages qui avait fait un passage au festival de Deauville, la réalisatrice Eliza Hittman attendait le film qui allait peut-être l’imposer comme un visage incontournable du nouveau cinéma indépendant américain. Elle l’a peut-être trouvé avec Never Rarely Sometimes Always, petite merveille couronnée du Grand Prix du Jury à la dernière Berlinale. L’histoire d’Autumn, une adolescente de 17 ans d’une bourgade paumée de Pennsylvanie, qui fait face à une grossesse non désirée. La législation de son État l’empêchant de pouvoir librement avorter sans le consentement de ses parents, elle entame, accompagnée de sa cousine Skylar, un long voyage vers New-York où elle espère trouver de l’aide.
Never Rarely Sometimes Always aurait pu n’être qu’un simple drame adolescent comme on en voit des dizaines chaque année. Mais la manière dont Eliza Hittman pose son regard sur le chemin douloureux de sa jeune Autumn change la donne. Ce qui rend le film imparable, c’est la subtilité avec laquelle la cinéaste déroule son histoire, amène les choses, la situation, la problématique, le voyage à New-York pour se faire avorter puis des traumas qui remonteront à la surface. Never Rarely Sometimes Always déstabilise de minute en minute avant de faire vaciller quand une étourdissante compassion pour cette jeune fille, empoigne le cœur au détour d’une scène déchirante qui va, au passage, expliquer le titre du film. Loin des oripeaux du mélo lacrymal sensationnaliste, Never Rarely Sometimes Always est d’une pudeur qui n’a d’égale que son dépouillement et sa pureté. Eliza Hittman n’a jamais besoin d’en faire des tonnes ou de surligner les traits. On dit souvent que des silences peuvent parfois en dire plus long que des paroles. Never Rarely Sometimes Always s’en fait la démonstration, aidée par une caméra à la fois discrète et qui pourtant, capte tout ce qu’il faut quand il faut, en laissant entrevoir de petits détails glissés qui disent tout et même plus.
En creux de ce voyage amèrement initiatique, un propos sur l’Amérique, pays qui prône une soi-disante liberté mais où les femmes peinent à disposer librement de leur corps face au puritanisme ambiant. Mais encore une fois, que ce soit dans l’émotion ou le discours, Eliza Hittman sidère par la subtilité qui étreint le récit de cette odyssée bouleversante portée par deux jeunes comédiennes exceptionnelles, Sidney Flanigan et Talia Ryder. A la limite, le seul point sur lequel on pourrait limiter cette subtilité louée, c’est dans l’imagerie masculine sans nuance et surtout dans l’aspect visuel qui n’hésite pas à utiliser une photo et des couleurs cafardeuses pour bien planter et replanter le cadre du « drame indépendant authentique ». Reste un pamphlet dévastateur en faveur d’un débat de société qui n’en finit pas d’être d’actualité, véhiculé à travers un film qui effet un effet pierre sur le coeur. Un bijou.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux