Mondociné

LAST NIGHT IN SOHO de Edgar Wright : la critique du film

Partagez cet article
Spectateurs

Carte d’identité :

Nom : Last Night in Soho
Père : Edgar Wright
Date de naissance : 2020
Majorité : 27 octobre 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h57 / Poids : NC
Genre : Polar, Thriller, Fantastique

Livret de Famille : Thomasin McKenzie, Anya Taylor-Joy, Matt Smith, Diana Rigg

Signes particuliers : Du cinéma avec un grand C.

 

EDGAR WRIGHT RÉINVENTE LE FILM DE FANTÔMES

NOTRE AVIS SUR LAST NIGHT IN SOHO

Synopsis : LAST NIGHT IN SOHO met en scène l’histoire d’une jeune femme passionnée de mode et de design qui parvient mystérieusement à retourner dans les années 60 où elle rencontre son idole, une éblouissante jeune star montante. Mais le Londres des années 60 n’est pas ce qu’il parait, et le temps semble se désagréger entrainant de sombres répercussions.

 

Quatre ans après son coup d’éclat musical Baby Driver, Edgar Wright est de retour par la grande porte. Avec Last Night in Soho, le réalisateur signe un film dont la magie cinématographique n’a d’égale que sa faible représentation en France. Distribué sur moins de 200 copies dans tout l’hexagone, ce polar fantastique porté entre autres par Anya Taylor-Joy (Split, Le Jeu de la Dame) est vendu comme une vulgaire série B et on le regrette amèrement tant il s’impose comme l’un des meilleurs films du moment en salles.

Le film met en scène une jeune femme passionnée de mode qui emménage à Londres pour intégrer une école spécialisée. Mais alors qu’elle loue une chambre chez une vieille dame (l’ultime rôle de la légendaire Diana Bottes de Cuir Rigg), elle se retrouve en proie à des visions qui la projette dans le Londres des sixties sur les traces d’une jeune et belle chanteuse qui très vite, la fascine.

Avec Last Night in Soho, Edgar Wright prouve une nouvelle fois sa capacité à renouveler un genre qui tourne en rond. En 2004, le cinéaste anglais avait su injecter une louche de sang frais dans le registre si labouré du film de zombies avec le désormais culte Shaun of the Dead. En 2007, il avait dynamité la comédie d’action avec Hot Fuzz et que dire de Baby Driver en 2017… Pour Last Night in Soho, Wright se réapproprie un genre qui pisse froid depuis belle lurette : le film de fantômes. Un genre dont Edgar Wright inverse cette fois complètement les codes. Les fantômes ne s’invitent pas dans la réalité d’une protagoniste, c’est elle qui, dans un premier temps, s’invite dans la leur comme une épieuse avide d’en découvrir plus. Mais cette fascination va vite consumer la jeune Ellie, à plus forte raison quand elle va comprendre que toute « réalité » n’est qu’apparences et points de vue. Par le truchement du fantastique, Edgar Wright va montrer tout au long de sa folle balade, que chaque enchantement de façade a un envers du décor bien à lui, et qu’il cache dans ses recoins les plus sombres, de sordides histoires avalées par la Grande plus enchanteresse. Le Londres des sixties demeure encore aujourd’hui comme un fantasme. Mais derrière la musique, les fringues colorés et la pop culture, il y avait aussi la noirceur de rêves broyés.

Avec un style éclatant qui mêle flamboyance visuelle, musique endiablée et atmosphère envoûtante, Edgar Wright nous propulse dans un univers habité. On se régale de la mise en scène sophistiquée du créatif cinéaste britannique aux milles idées qui fait jaillir une sorte de rencontre entre Edgar Allan Poe et le Giallo pop. On se régale de l’ambiance qu’il parvient à imposer tout au long de ce récit initiatique mélancolique, effrayant et noir comme le souvenir. On se régale de l’emprise psychologique qu’il parvient à déployer et qui gèle l’esprit autant que la rétine est surexcitée par la poésie macabre (et quasi horrifique) qui le porte. Et enfin, on se régale du jeu de ses deux actrices en mode « miroir » qui incarnent à merveille cette fable féministe singulière.

Palpitant et magnétique, Last Night in Soho est un tour de force. Une brillante affaire de contrepied. Entre les mains de bien des tâcherons, le film aurait pu n’être qu’une simple série B sans éclat. Chez Edgar Wright, il trouve une puissance incandescente. Le cinéaste en fait un thriller giallesque beau à s’en damner comme son héroïne, et bien plus intelligent qu’il n’y paraît. Alors certes, il perd un peu de sa magie énigmatique en fin de route mais quel régal quand même !

Par Nicolas Rieux

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux