La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : L’Adieu à la Nuit
Père : André Téchiné
Date de naissance : 2018
Majorité : 24 avril 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h46 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Catherine Deneuve, Kacey Mottet Klein, Oulaya Amamra…
Signes particuliers : Un drame illuminé par sa pudeur et son intelligence.
L’EXEMPLAIRE CINÉMA D’ANDRÉ TÉCHINÉ
LA CRITIQUE DE L’ADIEU À LA NUIT
Synopsis : Muriel est folle de joie de voir Alex, son petit-fils, qui vient passer quelques jours chez elle avant de partir vivre au Canada. Intriguée par son comportement, elle découvre bientôt qu’il lui a menti. Alex se prépare à une autre vie. Muriel, bouleversée, doit réagir très vite…
Contrairement à l’industrie américaine, le cinéma français a souvent un peu de mal à s’emparer de sujets brûlants d’actualité pour exorciser dans l’immédiat les traumas d’une époque. Peut-être parce que ce n’est pas dans sa culture de réagir à chaud. Néanmoins, depuis quelques années, un sujet dans l’air du temps revient beaucoup : la peur du terrorisme et l’impuissance face à l’embrigadement radicalisé et le djihadisme. Pour une fois, le cinéma français n’a pas tardé à s’emparer d’une angoisse moderne. Après Les Cowboys, Made in France, Le Ciel Attendra ou encore le récent Exfiltrés, c’est au tour d’André Téchiné de s’intéresser à la question avec le drame L’Adieu à la Nuit, son 26ème long-métrage, qui oppose l’icône Catherine Deneuve (huitième collaboration avec Téchiné) et l’étoile montante Kacey Mottet-Klein, que le cinéaste avait fait découvrir avec Quand on a 17 ans. Dans L’Adieu à la Nuit, Muriel est heureuse de la visite de son petit-fils Alex. Mais l’espoir de quelques beaux moments passés ensemble va s’effondrer quand elle va comprendre que quelque chose ne va pas, qu’Alex ment, qu’il se prépare en réalité à une nouvelle vie sombrement funeste.
Le sujet est si délicat qu’il fallait une patte à sa mesure dans la délicatesse. La force du cinéma d’André Téchiné a toujours reposé sur deux éléments matriciels, d’une part des personnages forts incarnant l’évolution de la société, de l’autre la sensibilité intimiste avec laquelle le cinéaste les observe. Avec L’Adieu à la Nuit, Téchiné ne déroge pas à l’essence de son travail. Autour de ce duel d’opposition générationnel où une « ancienne » affronte une « jeunesse » en mal d’idéaux, Téchiné bouleverse avec un récit poignant sur deux niveaux de lectures, d’abord la tragédie familiale personnelle puis le commentaire plus général sur notre époque. Mais surtout, L’Adieu à la Nuit vient s’intégrer dans une thématique qui a toujours jalonné le cinéma « téchinien », la construction identitaire. Il est beaucoup question de cela dans le film, d’un jeune homme influençable et perdu, qui n’arrive pas à trouver sa place, qui ne sait pas quelle pourrait être place, qui manque de repères et choisit une voix qui semble lui en donner. A tort. Porté par une immense justesse et un puissant désir de compréhension, Téchiné sort le grand jeu et épouse son histoire avec une caméra inquiète et compatissante qui sert d’œil pour poser un regard reculé, sans jugement, seulement motivé par l’envie de comprendre l’incompréhensible. Le désespoir de cette grand-mère qui n’arrive pas à sauver son petit-fils englué dans un mal-être perceptible prend aux tripes et c’est avec une belle subtilité que Téchiné tire les ficelles de son drame évocateur. Tragique et poignant, à l’image de ses fabuleux comédiens.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux