Nom : Kasaba
Père : Nuri Bilge Ceylan
Date de naissance : 1997
Majorité : 16 août 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : Turquie
Taille : 1h24 / Poids : NC
Genre : Drame, Chronique
Livret de Famille : Mehmet Emin Toprak, Havva Saglam, Cihat Bütün…
Signes particuliers : Le premier film de Nuri Bilge Ceylan inédit en salle.
Synopsis : Turquie, un petit village dans les années 70. Au fil des saisons deux enfants se frottent au monde adulte à sa complexité et à sa cruauté…
LES PREMERS PAS D’UN GENIE
NOTRE AVIS SUR KASABA
Il y a un début à tout, y compris pour le génie. Bien avant d’être l’un des réalisateurs contemporains les plus prisés du festival de Cannes avec une belle collection de chefs-d’œuvre qui ont cumulé tous les prix possibles sur la Croisette, le turc Nuri Bilge Ceylan s’était révélé avec le magnifique
Nuage de Mai en 1999. On en parle souvent comme de son premier long-métrage. A tort. C’était son deuxième. Pour le premier, il convient de remonter deux ans plus tôt, en 1997. Bien avant ses œuvres à la durée fleuve,
Kasaba était un premier effort menu, un petit essai d’à peine 1h25 en bonne partie autobiographique, dans lequel le cinéaste y contait son enfance dans la Turquie rurale. Et pour une première,
Kasaba se fera (déjà) remarquer internationalement, primé de Tokyo à Berlin en passant par Istanbul ou Angers. Belle introduction pour le génie turc qui avait coécrit le film (avec sa sœur), qui l’avait produit, réalisé et monté. Un cumul des postes qui deviendra une habitude jusqu’à son récent
Les Herbes Sèches.
Revoir Kasaba aujourd’hui avec le prisme de la fascinante filmographie que s’est créée Ceylan depuis 25 ans, est très intéressant. On y sent un cinéaste qui débute, qui tâtonne un peu, qui expérimente des choses, qui est parfois maladroit dans sa quête d’une patte artistique. Mais on sent surtout des qualités qui germent et qui deviendront son style. La beauté d’une mise en scène composée, l’amour d’une forme de perfectionnisme esthétique, la précision du cadre, la virtuosité de la photo (quel sublime noir et blanc), une certaine lenteur pour laisser vivre l’histoire et créer de l’authenticité, la force de personnages disséqués, une belle poésie mélancolique, un scénario qui en dit plus qu’il ne montre, le portrait d’une Turquie profonde…
Film poétique sur le microcosme familial, Kasaba aborde de nombreuses choses au gré de ces adultes qui discutent et dont les conversations sont captées par deux enfants spectateurs de ce monde des « grands ». On y entend parler de la guerre, du travail, de la pauvreté, de l’honneur, des racines. Autant de sujets qui forment un tout cohérent où Ceylan capte une Turquie d’une époque, celle de sa jeunesse. Proche d’un certain naturalisme à la Renoir ou du travail d’un Yilmaz Guney avec une plus grande affirmation esthétique, Ceylan signe un film beau, profond, passionnant.