INCROYABLE MAIS VRAI de Quentin Dupieux : la critique du film

Décidément, Quentin Dupieux est un sacré  stakhanoviste du cinéma. Alors que son « nouveau » long-métrage sort en salles en ce mois de juin, son prochain a déjà été présenté à Cannes il y a quelques semaines ! Et le précédent (Mandibules) datait d’il y a un an à peine. On s’y perdrait. Pour l’heure, le Dupieux du moment est donc Incroyable mais Vrai, une nouvelle dupieuserie emmenée par Alain Chabat (qu’il retrouve 7 ans après Réalité) et Léa Drucker. Et comme d’habitude, le cinéaste farfelu vous donne rendez-vous sur l’autoroute du loufoque. Un couple achète une maison. Dans la maison, un mystérieux tunnel qui va changer leur vie. Et c’est peu de le dire tant ce qui s’y trouve est incroyable… mais vrai.

Avec ce 10ème court long-métrage (1h14 seulement), Dupieux fait du Dupieux. Comprenez par là que les amateurs du cinéma décalé du bonhomme vont autant adorer que ses réfractaires vont détester. Fidèle à son habitude, le cinéaste ne vise pas un propos, il ne cherche pas à parler de quelque chose en délivrant un message ou à s’attaquer à un thème personnel. Non, Dupieux raconte juste une histoire, complètement folle, et qui a germé dans sa tête à partir d’une graine d’idée délicieusement absconse. Son humour singulier et son sens de l’absurde sont l’essence qui assure la fonctionnalité du moteur de ce nouvel OFNI perché à souhait. Comme souvent avec Dupieux, on sourit plus que l’on ne rit. Car l’humour n’est pas bâti sur de gros gags tape-cuisses mais sur le lunaire d’un conte moderne cocasse. Le rire pur, lui, il est offert par le personnage de Benoît Magimel, incarnant la seconde histoire parallèle à la principale. Un « Benoît Magistral » qui véhicule la partie la plus déjantée du film avec sa « trouvaille technologique » à se pisser dessus. En bref, Incroyable mais vrai est un Dupieux réussi, suffisamment court pour être efficace et ne pas trop étioler son récit. Et même si Dupieux ne veut pas entendre parler de « thèmes », même s’il se défend de tout discours personnel sur quoique ce soit, libre au spectateur de voir dans cette comédie barrée, une fable pertinente sur la peur de vieillir, devenant chez certains une angoisse incontrôlable menant aux plus folles actions. Et maintenant, rendez-vous dans quelques mois seulement pour Fumer fait Tousser, son prochain méfait avec Adèle Exarchopoulos.