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HUNGER GAMES: LA BALLADE DU SERPENT ET DE L’OISEAU CHANTEUR de Francis Lawrence : la critique du film

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Nom : The Hunger Games: The Ballad of Songbirds and Snakes
Père : Francis Lawrence
Date de naissance : 15 novembre 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h38 / Poids : 100 M$
Genre : Dystopie, Thriller, SF

Livret de Famille : Tom BlythRachel ZeglerPeter Dinklage, Viola Davis, Jason Schwartzman…

Signes particuliers : Long et peu passionnant. 

Synopsis : Le jeune Coriolanus est le dernier espoir de sa lignée, la famille Snow autrefois riche et fière est aujourd’hui tombée en disgrâce dans un Capitole d’après-guerre. À l’approche des 10ème HUNGER GAMES, il est assigné à contrecœur à être le mentor de Lucy Gray Baird, une tribut originaire du District 12, le plus pauvre et le plus méprisé de Panem. Le charme de Lucy Gray ayant captivé le public, Snow y voit l’opportunité de changer son destin, et va s’allier à elle pour faire pencher le sort en leur faveur. Luttant contre ses instincts, déchiré entre le bien et le mal, Snow se lance dans une course contre la montre pour survivre et découvrir s’il deviendra finalement un oiseau chanteur ou un serpent.

PREQUEL A INTÉRÊT LIMITÉ

NOTRE AVIS SUR HUNGER GAMES: LA BALLADE DU SERPENT ET DE L’OISEAU CHANTEUR

Et si le Phénix renaissait de ses cendres ? Huit ans que la saga basée sur les best-sellers de Suzanne Collins a livré sa conclusion dans un final épique en deux parties. Huit ans que la formidable saga dystopique -que l’on a tant défendu ici- nous a laissés orphelins de Jennifer Lawrence et ses copains d’infortune et de révolte. 2023, l’univers de Hunger Games est de retour au cinéma avec un prequel centré sur la jeunesse de Coriolanus Snow, le futur Président omnipotent de Panem qu’a incarné avec brio Donald Sutherland dans la saga passée. Tyran fascinant, inquiétant et vampirique, Coriolanus Snow est une pièce incontournable de l’univers Hunger Games, l’ennemi suprême de la future Katniss Everdeen et de la révolte à venir. Racontant le début de son ascension vers les sommets de la fédération totalitaire qu’est Panem, La Ballade du Serpent et de l’Oiseau Chanteur traduirait-il une possible tentation d’exploiter le vaste univers de Suzanne Collins à la manière de ce que fait Disney avec Star Wars ou Warner avec Harry Potter ? A suivre selon les résultats au box office de ce premier prequel/spin off. Et ce n’est franchement pas gagné.

Emmené par les nouveaux visages de Tom Blyth (la série Billy the Kid) et Rachel Zegler (le West Side Story de Spielberg), La Ballade du Serpent et de l’Oiseau Chanteur avait fort à faire pour parvenir à susciter un réel intérêt pour une saga terminée à laquelle on a dit adieu avec émotion. On est passé à autre chose depuis longtemps et surtout, il n’y a plus de Katniss, plus de Jennifer Lawrence, plus les marqueurs jadis posés, plus l’univers SF (puisque l’on est dans un passé au look plus vintage – 64 ans avant l’ère Katnis). Les garanties de cette réouverture du monde dystopique de Hunger Games s’incarnaient ainsi dans le seul univers général et un personnage antipathique dont on connaît d’avance l’évolution. Les réserves pressenties se sont vite confirmées. Hunger Games : La Ballade du Serpent et de l’Oiseau Chanteur n’avait pas des bases assez solides pour relancer notre attachement vibrant à la saga. Mais ça, c ‘est presque son problème le plus mineur au final.

On ne s’attendait pas à un grand film, on ne caressait même pas le doux espoir que ce prequel se hisse au niveau de l’intelligence de la saga passée, laquelle avait su conjuguer à merveille le grand spectacle intense et un vrai sous-texte politique vulgarisant les mécanismes et ressorts d’un idéal totalitariste. Néanmoins, on espérait quand même un peu mieux que le triste (trop) long-métrage pondu par le vétéran Francis Lawrence, lequel n’avait plus rien fait de notable depuis la fin de la franchise (le semi-bide Red Sparrow toujours avec Jennifer Lawrence). Pour faire simple, rien ne va dans ce nouvel opus qui ne met pas bien longtemps à démontrer sa pauvreté et sa vacuité. Le pire étant que l’aventure dure 2h38, autant dire une éternité quand le déroulé est plus ennuyeux qu’un dimanche d’hiver sous la flotte. Pas une seule bonne idée n’émerge de ce bouillon qui avait l’air d’avoir des ambitions mais qui se révèle incapable de les traduire. L’eau s’infiltre de toute part dans un navire qui coule à pic, sans laisser la moindre chance de pouvoir écoper pour sauver les meubles. Embarquant avec lui un réalisateur peu inspiré (et pas aidé par un script aussi vide qu’une villa cambriolée) et de nouvelles têtes d’affiche insipides voire médiocres.

Déjà, La Ballade du Serpent et de l’Oiseau Chanteur repose sur un scénario étiré à l’extrême et qui n’a absolument aucun coffre pour supporter l’histoire qu’il entreprend de mettre en images. De base, rares sont les prequels qui ont su tirer leur épingle dans ce jeu difficile de conter une histoire dont on connaît d’avance l’issue pour l’avoir préalablement vécue dans plusieurs films temporellement postérieurs. Comme d’autres avant lui, ce nouvel Hunger Games échoue dans les grandes largeurs, en majeure partie parce qu’il n’a strictement rien d’intéressant à raconter. La jeunesse et le début de l’ascension du futur méchant… vraiment ? C’est bien maigre sachant que Coriolanus Snow n’est pas Dark Vador non plus et que son histoire est nettement moins passionnante et pertinente. Francis Lawrence remue donc du vide pendant 2h38, qu’il tente curieusement de chapitrer pour donner un semblant illusoire de consistance. Sauf que le procédé ne sert strictement à rien et le film tourne en rond, cherchant dans les détails et les interactions, de quoi donner le change. Mais second problème, tout y est extrêmement prévisible. Et comme le spectateur a constamment dix temps d’avance sur la non-intrigue, autant dire que le temps paraît d’autant plus long. Et puis il y a cette volonté plus ou moins assumée de vouloir reprendre l’un des marqueurs forts de la franchise : faire du blockbuster une parabole politique. Mais ce qui marchait très bien dans la saga originelle ne fonctionne pas ici car le film se borne à illustrer platement des schémas creux et peu convaincants. Le pire étant que c’est quand il se termine qu’il paraissait être le plus intriguant ! Ballot. A moins que ne trotte l’idée d’une suite si celui-ci fonctionne en salles…

Reste au moins le spectacle ? Même pas. Il y a plus d’intensité dans un épisode de Nestor Burma que dans les 2h38 de ce prequel qui patauge dans sa marre d’eau. A commencer par les fameux « Hunger Games » justement. On est sur une formule de début, avant que les jeux ne prennent l’ampleur médiatique qu’ils auront plus tard (peut-être sous l’impulsion du Président Snow justement ?). A cette époque, ces Hunger Games vintage se résument à 24 gamins enfermés dans une salle et qui doivent se taper dessus à mort. Une sorte de Battle Royale en huis-clos. Question représentation visuelle, les possibilités étaient assez limitées et comme le chapitre est censé être le plus « spectaculaire » du film, Francis Lawrence le fait durer… durer…. durer… jusqu’à ce qu’il dépasse les limites de l’ennui pour pénétrer dans la zone grise du soporifique.

Et quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. En plus de son inconsistance et de l’ennui profond généré par une histoire anti-palpitante, Hunger Games : La Ballade du Serpent et de l’Oiseau Chanteur sombre sous tous les angles, laissant le spectateur face à un sentiment de naufrage embarrassant. La mise en scène de Francis Lawrence ne présente aucune idée, la musique est d’une platitude abyssale, l’intrigue suit un mélange de clichés et de balises pré-programmées, les très rares références aux éléments de la saga sont ridicules (ok, donc le prénom Katniss vient d’une patate… génial) et quand ça chante, monte très fort une irrépressible envie de se défenestrer. Parce que oui, ça chante beaucoup vu que l’héroïne est chanteuse (le film aurait ses chances dans un concours face à La Reine des Neiges). On peut remercier le ciel qu’il n’y ait pas de fenêtres dans les salles de cinéma. Aucun lien ou attachement ne se crée avec aucun personnage, aucune émotion ne se dégage d’un film finalement très froid et très distant (le spectateur est plus que jamais « spectateur » d’une histoire qui se joue sans sa participation émotionnelle). Bref, comme on le disait, rien ne va dans ce prequel qui n’avait franchement pas besoin de voir le jour.

 

 

Par Nicolas Rieux

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