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HERE de Robert Zemeckis : la critique du film

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Nom : Here
Père : Robert Zemeckis
Date de naissance : 06 novembre 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h44 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Tom HanksRobin WrightPaul Bettany

Signes particuliers : La magie Zemeckis.

Synopsis : Toute l’équipe de FORREST GUMP revient au cinéma, et vous transporte dans un voyage unique à travers le temps. L’histoire de familles dont les peines, les joies et les moments de doutes se font écho à travers les générations.

UN GRAND VOYAGE… STATIQUE

NOTRE AVIS SUR HERE

Tom Hanks et Robin Wright devant la caméra, Robert Zemeckis derrière, Eric Roth au scénario et Alan Silvestri à la musique. Here recompose toute l’équipe du mythique Forrest Gump trente ans après. Mais si le premier était un chef-d’œuvre conventionnel, le second a plus des airs de pari artistique. Un pari intrigant, singulier, un peu fou. Contrairement aux habitudes, l’idée n’est pas de raconter l’histoire de personnages mais celle… d’un lieu. Un cadre fixe sur quelques dizaines de mètres carrés et des vies qui vont venir le remplir intensément, passionnément, pour le meilleur et pour le pire. Ce petit lopin de terre en Amérique, Zemeckis va montrer ce qui va s’y passer de la préhistoire à nos jours, à travers les siècles et les millénaires. Original. Ambitieux surtout.

Déstabilisante, l’entame de Here laisse dans un premier temps songeur voire même dubitatif. Le cadre ne bouge pas, les époques changent du tout au tout dedans et les transitions de l’une à l’autre sont annoncées par de petits carrés apparaissant dans un coin de l’image et montrant un morceau de la scène à venir. Ok… À ce moment-là, on s’interroge. Est-on devant un long-métrage de cinéma, un film expérimental ou un collage d’art contemporain ? Puis le talent de conteur de Zemeckis entre en scène et l’on finit par s’habituer à cet étrange dispositif malgré les réticences formelles. Lentement mais sûrement, Here se métamorphose en œuvre fleuve, gigantesque, où l’on croise des dinosaures, des indiens d’Amérique, des colons, des vétérans de la guerre, les années 80 et des gens d’aujourd’hui.

Here est un peu au drame ce qu’un Cloud Atlas pourrait être à la SF. Un film hors-normes aux ambitions artistiques et métaphysiques démesurées où les séquences et les époques se répondent dans un bal narratif virtuose et magistralement maîtrisé. Et alors que l’on progresse dans ces moments de vie inter-époques, le film d’écrire son propos sur le temps qui passent, sur des histoires qui s’écrivent puis qui s’effacent pour que de nouvelles s’écrivent derrière elles. En somme, le cycle de la vie et son perpétuel mouvement. Cette thématique, Here la rabâche, peut-être un peu trop au bout d’un moment, comme s’il avait peur que l’on n’ait pas compris la finalité du postulat. Mais s’il faut un certain temps pour s’abandonner totalement au flot (et au flow) de cette grande narration puzzle, l’émotion finit par venir parce que Here raconte des choses tellement universelles. L’attachement à un lieu chargé en souvenirs, les joies de la vie, les moments forts, les douleurs, les épreuves, le deuil, les difficultés du quotidien, les réunions familiales, les naissances, les fêtes, les pertes, les réussites et les échecs, ceux qui partent et ceux qui arrivent… On rit, on pleure. Au fond, on se retrouve tous dans Here. Et c’est peut-être ça finalement la vraie réussite d’un film, quand il arrive simplement à s’adresser au cœur des spectateurs. Après une heure et demi enfermé dans ce lieu unique où l’histoire de l’humanité défile, Zemeckis donne le coup de grâce avec un plan final magnifique. Probablement l’un des plus marquant de l’année. Dans n’importe quel autre film, il aurait été d’une banalité confondante. Mais chez Robert Zemeckis, même un plan simple, anodin et totalement factuel peut devenir un chef-d’œuvre, une image tellement puissante, tellement bouleversante, tellement symbolique de tout un champ des possibles.

Massacré par la critique américain, bide retentissant au box office, sortie à peine technique en France, Here restera comme l’un des plus gros échecs de l’année 2024. Autant on ne pleurera pas sur le sort des piteux Borderlands ou The Crow, autres échecs XXL de l’année, mais celui de Here fait mal car il met en péril la fin de carrière d’un immense cinéaste qui a le courage d’oser des choses inédites. Après The Walk et Bienvenue à Marwen, cette adaptation d’un roman graphique de  Richard McGuire est le troisième échec consécutif pour le malheureux Zemeckis.

 

Par Nicolas Rieux

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