Mondociné

GEOSTORM de Dean Devlin : la critique du film

Partagez cet article
Spectateurs

[Note spectateurs]


Carte d’identité :
Nom : Geostorm
Père : Dean Devlin
Date de naissance : 2016
Majorité : 1er novembre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h49 / Poids : 135 M$
Genre
: Catastrophe, Thriller, SF

Livret de famille : Gerard Butler, Jim Sturgess, Abbie Cornish…

Signes particuliers : L’affiche de Geostorm pompe Inception, tout le film pompe Emmerich.

UN FILM CATASTROPHE CATASTROPHIQUE

LA CRITIQUE DE GEOSTORM

Résumé : Grâce à une coopération sans précédent entre États, un réseau de satellites contrôle désormais le climat et protège les populations. Jusqu’à ce que le dispositif se dérègle… S’agit-il d’un complot ou d’une faille dans le système ? S’engage alors une véritable course contre la montre… 

Que ferait-on sans notre traditionnel blockbuster catastrophe annuel défonçant la planète à grands renforts de destructions massives ultra-spectaculaires ? En attendant que Roland Emmerich, maître du genre, ne se décide à reprendre du service (peut-être avec Moonfall, son projet imaginant une collision entre la Terre et la Lune), c’est son ancien acolyte Dean Devlin qui assure le service minimum avec Geostorm, sorte de film d’action hybride quelque part entre le thriller conspirationniste, la science-fiction et le film catastrophe. Pour le resituer, Dean Devlin, c’était le partenaire d’Emmerich sur ses plus grands succès des années 90, acteur de Moon 44 qui deviendra producteur et/ou scénariste sur Universal Soldier, Stargate, Independence Day et Godzilla. Mais passé The Patriot, où l’on peut supposer une petite brouille entre les deux comparses, le tandem a cessé de bosser ensemble jusqu’à Resurgence. Alors que sa carrière cinématographique était à l’agonie depuis cette séparation, Devlin revient sur le devant de la scène avec une production Jerry Bruckheimer… totalement pompée sur le travail d’Emmerich ! Et même plus qu’on ne le croit. Dans Geostorm, une station spatiale contrôlant le climat terrestre se dérègle et inflige de gros cataclysmes à notre planète bleue. Rapidement, deux frangins vont découvrir qu’une histoire de sabotage en lien avec le Président des Etats-Unis se cache derrière tout cela. L’un foncera dans l’espace à la rescousse de l’équipage, l’autre, aidé de sa petite copine qui est au passage agent des Services Secrets, mènera l’enquête. Gratiné quand même…

Produit pour près de 140 M$ avec pas mal de reshoot à la clé pour sauver le film du naufrage absolu au terme d’une production houleuse qui aura vu la sortie décalée à plusieurs reprises et l’arrivée d’un second réalisateur en renfort (le revenant Danny Judge Dredd Cannon), Geostorm est une superproduction nanarde fascinante de bêtise et de ringardise. Mais si seulement c’était ses deux seuls défauts. Oui, on ne manque pas une occasion de s’extasier devant la connerie intergalactique du script, oui, on a l’impression de voir un vieux machin de la fin des années 90, sortir en salles avec un léger retard. Mais le plus hallucinant, c’est de voir à quel point Geostorm est un gigantesque pompage en règle de tout ce qu’a pu faire Emmerich, en moins bien et pour un résultat digne d’une production Asylum. Devlin explique que l’idée du film lui a été soufflée par sa petite-fille de six ans. Elle n’aurait pas écrit le scénario aussi par hasard ? Ça expliquerait pas mal de choses, mais bon… Non, l’ennui, c’est que cet argument promo pue l’hypocrisie à plein nez. Une station spatiale, fruit d’une coopération mondiale, créée pour réguler le climat sur Terre… Bizarre, mais ça rappelle vaguement quelque chose… Ah oui, Le Principe de l’Arche de Noé de… Roland Emmerich ! Des catastrophes en pagaille, tsunamis, éruptions de magma, brutaux coups de froid, avec des immeubles qui s’effondrent façon dominos, des voitures qui foncent entre les éboulements, des oiseaux et des avions qui tombent du ciel, et des gens qui gèlent sur place… Au choix, Le Jour d’Après ou 2012 de… Roland Emmerich ! Et au milieu de tout cela, un complot pour tuer le Président… En gros, White House Down de… Roland Emmerich ! Et si l’on essaie de croire à une improbable coïncidence qui coïncide de façon totalement coïncidentielle, on pourra toujours dire que Geostorm, c’est comme la rencontre entre Armagueddon et La Chute de la Maison Blanche, le tout en version série B plus proche du film catastrophique que du film catastrophe.

Armé d’effets spéciaux à faire passer les mecs d’Asylum pour des génies roulant pour ILM, et élaboré sur les fondations branlantes d’un scénario encore plus con qu’une pince à linge, Geostorm est un beau nanar de compétition, du genre comme on en fait guère de nos jours. Du genre qui assume totalement sa connerie, qui croit dur comme fer à son truc, et qui ne recule devant rien, quitte à s’embourber dans des énormités grotesques tout en gardant le cap avec une fierté presque désarmante de surréalisme. Mais le vrai problème du film de Dean Devlin, au-delà de la stupidité de son « scénario » plus prévisible que la prochaine grève anti-Macron, au-delà du ridicule de son histoire qui se prend hyper au sérieux même quand elle assène des twist foireux à hurler de rire, et au-delà de la laideur de ses SFX, c’est bel et bien son absence de générosité. Car au pire, on aurait pu se satisfaire d’un énième navet décérébré à condition qu’il envoie le bois et assure le spectacle. Black Storm et San Andreas l’avait bien fait, avec plus ou moins de réussite. Mais Devlin ne nous offre même pas ce maigre lot de compensation. Chiant à mourir avec ses tunnels de dialogues interminables amenant des rebondissements aussi improbables qu’une techno-parade dans le jardin de Christine Boutin, Geostorm n’est même pas digne du genre dans lequel il s’inscrit à moitié. Sans doute parce que son dépassement de budget l’a empêché de voir les choses en grand, le film n’est même pas capable de balancer un quota respectable de scènes de destructions. En même temps, vu la gueule de quelques passages à se mettre sous la dent, c’était peut-être pas plus mal.

Purge attendue, peut-être pas aussi honteuse que redoutée alors que le distributeur n’a même pas pris le risque de le montrer à la presse, Geostorm est un blockbuster en roue libre, du genre à faire rire involontairement. Réalisé avec les pieds, avec un montage hystérique comme cache-misère à la nullité de ladite mise en scène, le film de Dean Devlin n’a qu’un seul et unique argument pour plaider en sa faveur, une chose dont on ne se lassera jamais : Gerard Butler. Le Gilles Lellouche américain (ça marche aussi dans l’autre sens) est l’incarnation du comédien héroïque, la quintessence de l’acteur-coq : même les deux pieds dans la merde, il continue de jouer, fier et habité, avec une sincérité désarmante tant il a toujours l’air convaincu par ce qu’il fait. C’est quand même formidable cette capacité à être le seul à y croire, même quand le bateau coule et qu’on a de l’eau plein le caleçon.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

 

One thought on “GEOSTORM de Dean Devlin : la critique du film

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux