Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : The Program
Père : Stephen Frears
Date de naissance : 2015
Majorité : 16 septembre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h44 / Poids : NC
Genre : Biopic, Drame
Livret de famille : Ben Foster (Lance Amstrong), Lee Pace (Bill Stapleton), Elaine Cassidy (Betsy), Jesse Plemons (Floyd Landis), Guillaume Canet (Michele Ferrari), Chris O’Dowd (David Walsh), Laura Donnelly (Emma)…
Signes particuliers : Le cinéaste britannique Stephen Frears sur penche sur l’incroyable carrière du cycliste Lance Amstrong, de son ascension aux sommets à sa chute dans la honte.
STEPHEN FREARS REMONTE DÉJÀ EN SELLE
LA CRITIQUE
Résumé : Une évocation du destin hors normes du champion de cyclisme américain, Lance Armstrong, de sa lutte contre le cancer à ses sept victoires consécutives sur le Tour de France avant sa déchéance suite à un scandale de dopage sans précédent.L’INTRO :
Artisan formidable et respecté du paysage cinématographique britannique, dont le cinéma a toujours été caractérisé par une insondable qualité conjuguant l’accessible grand public et l’exigence plus auteuriste avec un équilibre rare, Stephen Frears fait partie de ces valeurs sûres dont on guette chaque nouvelle œuvre avec une passion cinéphile enamourée. Cinéaste de l’éclectisme qui a cette capacité extraordinaire à naviguer d’un registre à l’autre avec comme récurrence dominante, des personnages forts souvent confrontés à leur propre jugement moral, le cinéaste britannique, très friand d’authenticité et d’histoires vraies, s’attaque aujourd’hui à un nouveau « biopic » avec le portrait du célébrissime coureur cycliste américain Lance Armstrong. Il faut bien avouer que cet héros/anti-héros du sport moderne, a tout d’un personnage de cinéma incarnant l’éternelle trajectoire narrative chère au septième art, de l’ascension et de la chute. Homme complexe, animé par l’envie de briller, anéanti par la vie et le cancer, revenu d’entre les morts avec rage et passion, porté aux nues puis traîné dans la boue… La vie de Lance Armstrong aura connu toutes les phases d’une incroyable histoire, idéale à mettre en scène à l’écran. Toutefois, on tiendra à préciser que The Program n’est en aucune façon un portrait de À à Z de l’ex quintuple vainqueur du Tour de France. Comme son titre l’indique, Stephen Frears s’est penché ni vraiment sur l’homme, ni vraiment sur le mythe ou encore sur le sportif à succès, puisque sa démarche est entièrement articulée autour du rapport d’Armstrong à l’affaire de dopage qui l’aura vu se faire priver d’une partie de ses titres, et basculé du statut d’icône à celui de paria honteux.L’AVIS :
Cinéaste de la justesse permanente, Stephen Frears a parfaitement senti et cerné ce que devait être son biopic partiel sur Lance Armstrong. Vif et ciselé dans sa mise en scène, porté par la force d’un langage clair, concis et efficace, The Program se met au diapason des coups de pédale acharnés de son personnage, se glisse dans sa roue pour foncer aussi vite que lui sur les routes du Tour de France, et nous entraîne passionnément dans sa reconstitution appliquée et rendu haletante par le recours aux codes du thriller. Le cinéaste britannique signe un biopic ludique, marqué par la vitesse de sa dynamique d’exécution, par son absence de fioritures balayant d’un revers de la main, la moindre seconde d’ennui qui guette généralement tout effort de biopic. Et Frears de dresser alors son tableau sans concession de l’emblématique sportif, ne l’épargnant jamais, ne l’accablant pas non plus. C’est à n’en pas douter d’ailleurs, l’une des plus grandes forces du film. Jamais le britannique ne verse dans la charge gratuite et virulente. Toujours respectueux, Stephen Frears fait ce qu’il sait faire de mieux, rendre son personnage attachant malgré ses travers en embrassant suffisamment de distance pour être à la fois juste et pertinent. Ce qui ressort de The Program, c’est avant tout le portrait d’un homme commandé par son envie de gagner, quitte à emprunter tous les chemins possibles pour être au niveau des autres avant de les dépasser par sa soif de victoire. Au-delà d’un « tricheur ayant sali son sport », Lance Armstrong était avant tout un combattant armé d’une rage de vaincre sans faille. En se focalisant presque exclusivement sur son rapport au dopage (le film n’aborde quasiment pas sa vie personnelle en dehors de la maladie et de son engagement militant pour la recherche contre le Cancer, ce qui lui permet d’inclure une part d’empathie envers son personnage), Frears est animé par l’intention de montrer avant tout, un homme fascinant et ambitieux, transformé par les malheurs de sa vie en machine à gagner coût que coût. Surtout, le cinéaste livre un portrait captivant d’un héros moderne, devenant un anti-héros trompant tout le monde, y compris lui-même par ses choix aveuglés sans y voir le mal. Il pointe au passage du doigt, la façon dont l’opinion publique et certaines instances ont pu créer un mythe avant de le défaire ensuite.Si la démarche très centrée sur un angle bien spécifique nous fera regretter certaines zones peu développées (les motivations profondes et initiales d’Armstrong en créant sa fondation LiveStrong par exemple), The Program est un effort redoutable de virtuosité dans la façon dont il nous alpague pour nous plonger au cœur de son sujet, au plus près des évènements narrés. Sur la foi d’un impressionnant Jeremy Strong, entouré d’excellents seconds rôles à commencer par un Guillaume Canet convaincant en médecin italien mafieux jouant avec les limites de la déontologie (le rôle pourra prêter à sourire au début le temps que l’on se fasse à l’accent imité), The Program est une réussite modeste, probablement pas un très grand film, mais l’exploration passionnante des contours d’un mythe égratigné. Du bel ouvrage rendu palpitant par le savoir-faire indéniable de son auteur, ce talentueux conteur qu’est Stephen Frears.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux