Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : La Belle Saison
Mère : Catherine Corsini
Date de naissance : 2015
Majorité : 19 août 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h45 / Poids : NC
Genre : Drame, Romance
Livret de famille : Cécile de France (Carole), Izïa Higelin (Delphine), Noémie Lvovsky (Monique), Kevin Azaïs (Antoine)…
Signes particuliers : L’un des beaux coups de coeur de l’été !
L’HISTOIRE D’UNE PASSION BOULEVERSANTE
LA CRITIQUE
Résumé : 1971. Delphine, fille de paysans, monte à Paris pour s’émanciper du carcan familial et gagner son indépendance financière. Carole est parisienne. En couple avec Manuel, elle vit activement les débuts du féminisme. Lorsque Delphine et Carole se rencontrent, leur histoire d’amour fait basculer leurs vies.L’INTRO :
Quand on observe la filmographie de la réalisatrice Catherine Corsini, difficile de ne remarquer la récurrence de deux thématiques qui ont souvent bordé son parcours de cinéaste, l’amour et l’homosexualité. Que ce soit à travers La Nouvelle Eve, que ce soit avec La Répétition ou Les Amoureux, les relations homosexuelles a toujours été un sujet de prédilection pour la cinéaste, tout comme l’amour passionnel, que l’on retrouvait au cœur de Partir et son histoire d’attraction violente et irrésistible entre une bourgeoise quadragénaire et un ouvrier espagnol. Avec La Belle Saison, la cinéaste cristallise autour du couple Izïa Higelin et Cécile de France, ses deux thématiques « favorites », qu’elle porte à un haut sommet de sensualité et de beauté, dans ce qui apparaît, sans aucun doute, comme son meilleur film à ce jour.L’AVIS :
Balayons d’emblée la chose. Malgré sa romance folle et étourdissante à perdre pied, La belle Saison n’est pas un nouveau La Vie d’Adèle. Ce n’est pas non plus un autre Summer ou un autre The Duke of Burgundy, tous des films ayant traité récemment de l’homosexualité féminine. La Belle Saison, c’est La Belle Saison, un film qui trouve sa voie sur un sentier qui lui est propre, un film qui n’a pas besoin d’être comparé, un film qui se suffit à lui-même et qui existe par et pour lui-même. Entremêlant romance solaire, drame rural et récit historique sur les débuts du féminisme, le nouveau film de Catherine Corsini s’appuie sur ses différents sujets pour brasser des réflexions pertinentes sur l’amour et le courage, sur l’homosexualité ou sur le devoir filial, sur le bonheur contrarié, sur le regard des autres dans ces microcosmes campagnards dévisageants aux traditions ancrées dans la pierre en balayant des vies au mépris de l’humain, mais aussi, sur l’émancipation, sur la peur de la différence et de l’inconnu ou sur le poids du sexisme masculin dans nos sociétés phallocrates. Car oui, La Belle Saison a beau dérouler son action aux débuts des années 1970, Corsini fait preuve d’une intelligence remarquable pour donner de la portée à son travail, pour lui conférer une résonance pleine d’actualité.Refusant une écriture qui s’empêtrerait dans les clichés simplistes et réducteurs, La Belle Saison n’a de cesse de prendre de la hauteur au fil de ses gracieuses minutes, tant dans sa légèreté lumineuse, que dans le drame tournant à la tragédie car adossé à des enjeux forts, presque inextricables, broyant une jeune femme en l’écartelant au carrefour de deux routes, celle du bonheur à embrasser et celle du destin destructeur. L’une des forces du film illustrant ce parti pris de l’anti-facilité, est de savoir parler de féminisme, d’amour au féminin, des femmes en général, sans jamais que les hommes ne soient des mécanismes narratifs réduits à une fonction antagoniste dans le récit. Les hommes de La Belle Saison sont tout autant de belles personnes que les femmes qui magnifient ce récit tendre et délicat. Certains y verront de la naïveté là où l’on y verra plutôt une profonde justesse presque humaniste.Littéralement bouleversant, bien aidé par des compositions de très haut vol de son duo de comédiennes qui irradient l’écran, d’une Izïa Higelin qui prouve avec charme qu’elle est une authentique actrice face à une Cécile de France plus confirmée mais néanmoins épatante dans l’un de ses meilleurs rôles depuis un moment, La Belle Saison est un petit bijou chavirant. Un récit poignant, fort, vrai, glissant sur les corps nus de ses deux amoureuses attendrissantes sans jamais se prendre les pieds dans le voyeurisme de bas étage, glissant sur son histoire avec une plénitude remplie de subtile poésie, d’authenticité cruelle et de force émotionnelle impactante. Probablement l’une des plus belles romances de l’année, mais parvenant à enrichir sa fougueuse rencontre par quantité de détails animant le fond de cette toile splendide enracinée dans un terrain social magistralement déployé, La Belle Saison entraîne, émeut, dévaste, et nous rappelle à quel point le cinéma français est capable de livrer des trésors. On ne manquera pas non plus d’y souligner les prestations complexes de Noémie Lvovsky ou de Kevin Azaïs, qui ne font que rendre encore plus superbe, ce mélo tout simplement brillant, en plus d’être filmé avec une beauté insaisissable.
BANDE-ANNONCE :