Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Ziyaret
Père : Michael Madsen
Date de naissance : 2015
Majorité : 04 novembre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Danemark, Norvège…
Taille : 1h23 / Poids : NC
Genre : Docu-fiction, SF
Signes particuliers : Le documentariste danois Michael Madsen (à ne pas confondre avec l’acteur fétiche de Tarantino) imagine à quoi ressemblerait une première rencontre en humains et extraterrestres.
2001, L’ODYSSÉE D’UNE RENCONTRE
LA CRITIQUE
Résumé : Un événement encore inédit : première rencontre de l’homme avec une forme de vie intelligente venue de l’espace. Avec le « Bureau des affaires spatiales de l’ONU » et des experts d’agences spatiales, le film explore le scénario d’un premier contact. Un voyage au-delà de la perspective terrienne, dévoilant les peurs, les espoirs et les rites d’une espèce contrainte à faire face à la fois à la vie extraterrestre et à sa propre image.L’INTRO :
Sommes-nous seuls dans l’univers ? D’autres formes de vies extraterrestres existeraient-elles quelque part, là-haut dans l’immensité du cosmos ? Ce mystère suprême encore tout entier, n’a de cesse d’intriguer, d’alimenter les débats, de provoquer les théories les plus folles, et de fait, de nourrir l’imaginaire collectif. Mais au fond, une autre question prédomine en l’absence de réponse ferme et définitive. Et si c’était le cas, si un jour nous devions faire face à une « rencontre extraordinaire », que se passerait-il ? A quoi ressemblerait ce « premier contact » ? A cela, la littérature et le cinéma se sont souvent amusés à broder. L’option catastrophe façon La Guerre des Mondes ou Independence Day ou, plus rare, le regard plus positif à la manière du Rencontre du Troisième Type de Spielberg. Le docu-fiction d’anticipation est un genre fascinant, permettant justement d’aborder des sujets imaginaires ou témoignant d’angoisses collectives, sur un ton réaliste et sérieux. Par exemple, en 1965, Peter Watkins se projetait dans un futur proche hypothétique et peignait ce que donnerait une attaque nucléaire lancée par les soviétiques sur Londres. Comment cela se déroulerait ? Comment cela se passerait réellement ? Quelles seraient les réactions et conséquences ? A l’époque, la terreur de l’holocauste nucléaire était à son comble avec l’apogée de la Guerre Froide et The Bomb abordait la question sans détour, loin des récits cinématographiques fictifs. Aujourd’hui, la conquête spatiale bat son plein et les scientifiques du monde entier tentent sans cesse de repousser les limites du possible humain. Forcément, l’idée de la possible découverte, un jour ou l’autre, d’une intelligence extraterrestre, n’en est que renforcée. Le cinéaste danois Michael Madsen a donc décidé de visualiser et retranscrire très sérieusement, à quoi pourrait ressembler cette première approche entre humains et extraterrestres. Et s’ils arrivaient chez nous… Loin des récits épiques et spectaculaires riches en destructions massives de la planète, Madsen évoque la question scientifiquement parlant, illustrant le déroulé de ces supposés évènements sous un angle crédible.L’AVIS :
The Visit : une rencontre extraterrestre avait tout pour être un docu-fiction captivant, proposant une alternative crédible et pertinente aux récits fous que l’on s’invente sans cesse dans nos têtes. Malheureusement, Michael Madsen livre un effort certes intéressant, mais jamais traité de manière à le rendre passionnant. Très minimaliste et épuré dans son approche, The Visit peine à fasciner et à prendre de l’ampleur. Manquerait-il de moyens ? Il y a cinquante ans de cela et sur son sujet à lui, c’est avec peu de ressources que Peter Watkins avait réussi à faire quelque-chose de terrifiant, réaliste, crédible et surtout immersif. Michael Madsen ne parvient pas à emprunter le même chemin en raison d’un trop grand nombre de facteurs. D’abord, parce que The Visit souffre d’un déséquilibre à l’égard du registre dans lequel il s’insère, le film versant plus du côté du documentaire pompeux que du côté de la fiction ludique, devenant de fait, très/trop professoral. Ensuite, parce qu’il ne donne aucun rythme à son entreprise engoncée dans une lenteur contemplative qui joue cruellement sur le suspens hypnotique et le pouvoir haletant de l’effort. Enfin, parce que sa mise en scène hyper-maniérée cherchant sans cesse le beau plan « arty » à la 2001, L’Odyssée de l’espace, n’aide pas à donner un effet d’authenticité accrocheur. Souvent ennuyeux, The Visit ne trouve jamais le bon ton à adopter, l’excitation, l’intensité, la panique, la peur, l’attente, la fascination sont trop en retrait. De même qu’en adoptant un point de vue résolument tourné vers les scientifiques et les dirigeants, il en oublie l’essentiel : l’humanité et ses réactions. Une humanité qui serait sans aucun doute suspendue à cet événement majeur pour l’histoire du monde. L’évoquant seulement de loin sans la mettre vraiment en scène, The Visit se coupe de la connexion qui aurait pu l’attacher au spectateur, et surtout de l’intensité de ce qu’il dépeint.C’est d’autant plus dommage que de très bonnes idées subsistent dans ce regard souvent pertinent. Imaginer la façon dont seraient écrits les discours des représentants étatiques à l’attention du public, par exemple. Quand et comment l’avertir ? Imaginer quelles seraient les premières questions que l’on souhaiterait poser à ces visiteurs de l’ailleurs. Mieux, réfléchir sur le choc des cultures en remettant cette hypothétique rencontre en perspective à travers l’histoire de l’humanité, via un parallèle judicieux avec les grandes explorations du Nouveau Monde menées par Christophe Colomb et les autres. Que s’est-il passé à chaque fois qu’une civilisation plus avancée (les visiteurs) a rencontré une civilisation plus archaïque (les visités) ? Domination, annihilation, asservissement, écrasement. Pourquoi ? Car pour des gens d’un ancien monde « évolué » débarquant dans des contrées sauvages et jugées primitives selon leur perspective, les êtres croisés ne seraient pas forcément perçus comme des hommes dotés d’une intelligence mais peut-être bien comme des animaux primitifs. C’est ce qu’il s’est passé lors des découvertes du continent américain. D’ailleurs, comment des extraterrestres très avance sur nous (puisque parvenant à venir jusque chez nous) pourraient savoir que nous sommes des « Hommes » et non de simples créatures animales limitées à observer en tant que telles ? Ici, Michael Madsen explique des années de science-fiction catastrophe de manière rationnelle. La réflexion est fascinante. Mais encore une fois, elle n’est qu’une marque d’intelligence dans un docu-fiction à la dialectique lourde et parfois soporifique.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux